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mardi, 18 novembre 2008
Les 35h et le dimanche travaillé
Faut il enterrer les 35h ?
Elles sont déjà plus ou moins enterrées. Sarko 1er en a encore décidé ainsi. En effet au delà de la 35h, les heures supplémentaires sont à présent défiscalisée. Autrement dit, vous n'avez plus à les déclarer dans votre imposition sur le revenu et notre salaire brut devient le net. Enfin, les entreprises n'ont plus de charges à payer dessus (pas d'encouragement donc à embaucher d'autres personnes).
Alors, avec la majoration qui existe et qui est de 25 % en plus de ces précédents avantages, notre salaire est effectivement chaque mois plus important. Nos loisirs un peu moins.
On est bien loin de la vision socialiste du partage du temps de travail; avec cette nouvelle réforme on tout intérêt à faire trimer nos salariés actuels. En gros c'est « chacun pour sa gueule ».
Le manque à gagner, en ces temps de misère financière, est de 300 millions d'euros à l'année pour l'Etat. Et dire que les caisses sont vides et que l'on continue outrageusement de ne plus les remplir !
Paradoxe ultime qu'est la société française, travailler plus pour gagner plus :
- 53 % des gens étaient d'accords sur le principe
- En réalité, beaucoup plus approuvent ce programme, mais personne ne veut réellement travailler plus
Comprenez bien, que ferait-on sans nos vendredis de RTT, que ferait on avant 9h du mat' au taff, etc... J'en passe et des meilleures ! Plusieurs études ont montré que les français, dans leur immense majorité, seraient contre les 35H et contre le fait de sacrifier leurs loisirs. Il faut choisir mes ptits lous !
Ainsi, Sarko et toute sa clique, continuent de dire que les 35H sont responsables de tout les maux et que 12 ans de politique à droite n'ont rien provoqué de pire que ces 35H !
Pour ma part, 35 ou 39h représente un avantage : mapausecafe sera toujours bien fréquentée !
Pour joindre l'utile à l'agréable, le dimanche sera bientôt aussi travaillé.
Un député de la majorité libérale, a fait une proposition pour que le dimanche ne soit plus chômé obligatoirement.
Aujourd'hui, le droit du travail considère que le week end est le dimanche.
Sauf dans certains secteurs (hôtellerie,commerce de proximité...), on peut de plein droit ou sur autorisation ainsi que 5 dimanches par mois (autorisation de la mairie). Certains commerces peuvent demander une autorisation préfectorale à l'année.
A savoir, le salaire n'est pas majoré, et la récupération se fait un autre jour de la semaine (conventions collectives peuvent néanmoins prévoir une majoration de salaire)
Si cette proposition de loi passe, c'est la société en entier qui pourra être modifiée, peut être pas à cours terme, mais à long terme, ainsi les réunions de famille, les sorties entre amis, les activités culturelles (je parle d'autre chose que la CONSOMMATION) etc... A terme, on pourrait aller à l'école le dimanche et tout le monde pourrait lors de la signature de son contrat demander un jour spécifique par semaine...
N'est ce pas là, les prémices d'un changement de notre mode de pensée, une pensée consumériste, uniquement basé sur l'argent, la finance, l'égoïsme ?
Il est vrai que notre dimanche est issu de l'histoire judéo chrétienne, mais après tout ne sont ce pas là les fondements de notre culture?
Est ce que cette mesure relancerai l'économie, la croissance, notre pouvoir d'achat, ce Fameux pouvoir d'achat !
Ce qui apparaît comme évident, c'est que l'on est dans un pays schyzophrène, personne ne semble contre travailler plus, travailler le dimanche, faire des heures sup', mais par contre, personne ne veut le voir appliquer contre sa propre personne !
Le pire c'est que ceux qui sont d'accord, influenceront demain la vie de milliers de pélerins qui seront bien forcés d'aller au « gnouf » le dimanche.
Alors, pour ou contre le travail en entreprise le dimanche ?
07:30 Publié dans Economie | Tags : 35 heures, dimanche travaillé, sarkozy et les 35 heures, remise en cause des 35h, abroger | Lien permanent | Commentaires (15)
Commentaires
Maintenant que Darcos a décidé de pister les leaders d'opinion (en opposition à la liberté d'expression), voici un petit commentaire d'enseignante : rassurez-vous, l'école ne sera pas le dimanche à moins d'étaler la semaine scolaire sur 7 jours. En effet, s'il faut, selon nos dirigeants, travailler plus, il faut par contre en apprendre le moins possible à l'école, d'où la suppression programmée de l'école maternelle pour la remplacer par du gardiennage d'enfants, d'où la suppression du mercredi matin en primaire, d'où la réforme du lycée et la suppression de nombreuses heures de cours, voire d'enseignement (certainement jugés trop critiques : les sciences économiques sont menacées, il vaudrait mieux faire de la gestion, ce qui n'amène guère à une réflexion sur la société).
Continuez, mapause est toujours un rendez-vous intéressant.
Sandrine
Écrit par : excoffon sandrine | mardi, 18 novembre 2008
Merci pour ce commentaire et ces encouragements Mme Excoffon. ça fait plaisir !
La politique de l'éducation nationale de la droite est en effet pour le moins contradictoire : améliorer l'enseignement de nos chers bambins passe par la suppression des heures de cours et surtout la suppression (le non remplacement pour les tatillons) de milliers de profs. Allez comprendre...
Et après on va venir pleurer que l'école est "une fabrique de crétins". Arrêtez donc cette politique d'épuration publique de l'éducation !
Et je ne parle pas de la Justice, de l'hôpital, des prisons, etc.
Écrit par : Sylvain | mardi, 18 novembre 2008
Bon bon bon ........
- les 35 heures ? une connerie !,
on est le pays d'Europe où on bosse le moins.
Vos parents tapaient ça en 3 jours, nous en 7 ! par contre il faut pas se plaindre après de ne pas avoir de pouvoir d'achats, et ce que tu ne dis pas c'est que le but est d'ètre compétitif par rapport à nos voisins .
Concernant l'éducation ??????????,,,,,,,,, faut faire un post pour cela car je ne connais AUCUN instit qui ne quittera son poste pour se fondre dans le privé..AUCUN !
car eux savent ce qu'ils perdront. ! ils viennent de perdre la CAMIF, ils ne vont pas risquer leur poste. 35 heures pfffff , le problême ce n'est pas le nombre d'heure mais dans les conditions que tu les fais.
exemple : je relativise avec des kilomètres, une année j'ai franchis 100 000 kms soit environ 8000 kms / mois mais avec une R25 Turbo D l'année d'avant je ne faisais que 40 000 kms mais avec une 205D et bien crois moi j'étais moins fatigué avec mes 100 000 qu'avec mes 40 000, tout cela dépend des conditions dans lesquelles tu bosses.
Écrit par : guignol | mardi, 18 novembre 2008
Quel honneur, vous ici ! Merci pour vos encouragements !
Il est vrai qu'en ces temps de vache maigre, la suite à venir s'annonce compliqué pour nous autre futurs travailleurs, (j'allais dire prolétaires)
Rien que pour trouver un stage c'est compliqué, alors je vous laisse deviner la suite :-s
Pour ceux déjà sur le marché du travail, oulalalalal, l'école, la fonction publique, les cadres, les ouvriers, c'est déjà dur, et je ne vois pas comment on pourrait faire pire !
Écrit par : Didier | mardi, 18 novembre 2008
Petit détail Guignol, sache que la rumeur qui veut qu'en France on soit le pays ou on travaille le moins est totalement faux.
Les 35h ne sont que le seuil à partir duquel les heures travaillées sont payés majorées et non pas un seuil infranchissable comme le gouvernement et les (grands) patrons ont voulu nous le faire croire. De ce fait, on se retrouve avec une moyenne hebdomadaire tout à fait correcte (de mémoire 42h) et même supérieure à si parfait modèle anglais (40.5h si mes souvenirs sont bons) qui est grevé par le temps partiel.
Par ailleurs nous avons la meilleure productivité horaire du monde (enfin la seconde maintenant) et l'idée à l'instauration des 35h était de dire "quand les autres produisent 100 en 39h et nous 120, pourquoi ne pas dégager du temps et produire 100, en cumulant les 20 restant on pourra créer des emplois". Mais malheureusement, les (grands) patrons n'ont absolument pas joué le jeu et gelé les salaires pour "compenser" (leur augmentation de salaire).
Là où je suis d'accord, c'est que les 35h ont été une catastrophe pour les petites entreprises et certains services publics (hôpitaux, police...), mais pour moi, cette catastrophe est venue du fait que les subventions compensatoires ont été versée par salariés alors qu'elle auraient du être pondérés par l'inverse de la taille de l'entreprise (faut pas exagéré Dassault ou Thalès avait moins besoin de subventions que la petite exploitation d'à coté)
Écrit par : DJon51 | mardi, 18 novembre 2008
Pour nous qui bossons en millieu isolé, les 35 heures c'est par jour que nous les réalisons.
En fait que la loi change ou pas, cela ne modifie rien à nos conditions de travail. Au cœur de la forêt, quand on a fini de travailler il n'y a rien d'autre que la télé par satellite et heureusement depuis peu internet par satellite aussi.
Nous sommes aujourd'hui 22 sur le site où je bosse, on y parle 4 langues, par ordre décroissant du nombres d'adeptes : le portugais (du Brésil), le Taki-Taki (langue du fleuve frontière Guyane française - Surinam), l'anglais ( de façon très incorrecte) et le français.
Le soir à la fin de la journée douche, repas chaque peuplade dans son coin et ensuite télé. Il y en a 2, celle du satellite français et celle du brésilien.
Le samedi on bosse bien sûr. Et le dimanche, les responsables, dont je suis, bossent aussi car il y a toujours à faire, surtout de l'assistanat social.
Ici au cœur de l'Amazonie Française on bosse tous les jours le plus possible pour oublier l'ennui d'être loin de chez soi, enfermés durant 5 mois avec toujours les mêmes têtes autour de nous et personne ou presque qui parle notre langue.
Lorsque le président a dit : "Bosser plus pour gagner plus" on s'est tous faits avoir.
Qui va gagner vraiment plus se sont les grands patrons, ceux qui ne savent déjà plus que faire de leurs deniers.
Je me suis un peu éloigné du sujet, mais sachez que si je suis bien rémunéré je bosse aussi plus de 80 heures semaine. Alors 35 heures ou pas ...
Par contre, DJon51, si nous sommes les plus productifs, pourquoi on ne fabrique plus rien en France et tout à l'étranger ? Meilleure productivité à des coûts phénoménaux ne sert à rien. Pourquoi pas une seule mine d'or n'est rentable aux normes française ? Alors que dans tous les pays du monde où l'on en produit les mines sont rentables.
Ne me réponds surtout pas que c'est parce que nos gisements sont trop petits.
C'est parce que nous avons des lois sociales extrêmement coûteuses et qui rapportent de moins en moins aux assurés sociaux.
Comme lorsque l'article dit " c'est 300 000 000 de manque à gagner pour l'état. On en a décompté les restrictions sur le chômage, les nouveaux plafonds sécu, les assurances obligatoires pour artisans qui ne remboursent rien ?
et puis moi si mon compte est vide, je ne trouve pas des milliards pour aider des entreprises en faillite !
tout cela c'est de la poudre au yeux pour que son altesse puisse faire plaisir à sa court sans que le ,peuple rechigne de trop !
Écrit par : Axel | mardi, 18 novembre 2008
Axel, effectivement nos normes sociales ont un cout...mais très honnêtement, j'en suis ravi, je ne serais pas la ou j'en suis au USA par exemple (j'ai pu passer un an "d'inactivité" pour trouver une thèse au lieu de m'enfermer dans un boulot sans le moindre intérêt). Par ailleurs, je peux te garantir que le tissu industriel en France n'est pas aussi délabré qu'on veut nous le faire croire et beaucoup d'entreprises étrangères investissent chez nous (enfin de moins en moins puisque nos chers représentant ressassent sans cesse que nous sommes cher et ne foutons rien) vu que nous travaillons vite et surtout de très bonne qualité (pourquoi crois-tu que nous sommes si bien placés dans le luxe). Il y a même des exemples d'entreprises qui relocalisent (peu il est vrai), parce qu'après avoir goutés aux sirènes de la Chine, elles se sont rendues comptes que la qualité n'y était pas du tout.
Pour ton exemple des mines d'or, je t'avoue que je ne connais pas du tout la chose, je ne me prononcerais donc pas.
Pour finir, pour ce qui est du "Bosser plus pour gagner plus" il fallait être très naïf pour y croire...c'etait bien évidement du flan, et je n'ai pas l'impression de m'être fait avoir la dessus...j'avais lu son programme, comme ceux des autres. De tout façon en tant qu'assimilé cadre, je suis payé au forfait, que je fasse 20, 35 ou 70h (je suis d'ailleurs probablement même encore au dessus).
Par contre, je suis tout à fait d'accord avec ta dernière phrase :)
Écrit par : DJon51 | mercredi, 19 novembre 2008
En effet Alexis...surtout pour ton avant dernière phrase...je débauche tout juste!!
Et en plus, j'y avait pas pensé : "pays de fainéants qui doivent se remettre au travail", que disent si haut nos députés, ils feraient bien par balayer devant leur porte...
Comme le disait mon ancien député (Bussereau, et hop un petit vomi pour la forme) "La politique c'est un métier tranquille qui paye...et même qui paye très bien" (en campagne pour la députation en 2002)...aller un autre petit vomi, c'est gratuit.
Et regardez-le sur les banc de l'Assemblée sur LCP, vous pourrez constater à quel point c'est tranquille comme métier...bon un dernier vomi pour la route...
Écrit par : DJon51 | mercredi, 19 novembre 2008
En effet les cadres sont payés au forfait, j'aurai du le préciser ^^
par contre entièrement d'accord avec le reste, juste, il est vrai qu'à l'heure actuelle et étant étudiant, je n'ai pas rencontré beaucoup d'étudiants motivés comme je le suis pour travailler réellement... je pense que la génération d'après va être considéré par les "anciens" cf vous bientôt retraité comme des fainéants...à juste titre ou pas
Écrit par : Didier | mercredi, 19 novembre 2008
A la décharge de tes voisins de banc, faut avouer qu'on étale des richesse "gagnées" tout cuit dans le bec (Dassaut...), en tapant dans la babale (les footeux, tennis...), en "chantant" de inepties (Hallyday, Sardou...) ou pire en se croyant investi de la mission sacrée de nous dire ce qui est bien pour nous (no comment, je tiens à ma liberté!) et qu'on leur promet de gagner le SMIC jusqu'à 70 ans en s'échinant sur un boulot sans interet...
Ya quand même pas de quoi être motivé
Écrit par : DJon51 | mercredi, 19 novembre 2008
Je suis parfaitement d'accord avec ce dernier commentaire.
On glorifie des stars du sport gagnant des sommes astronomiques et on paye au lance-pierre des enseignants-chercheurs ayant plus de 8 ans d'études dans les pattes ! Les 1ers sont élevés au rang d'idoles malgré le vide intersidérale de leur caboche et on méprise les 2nd qui sont capables de faire fonctionner un peu plus de neurones entre eux.
Au-delà des conditions salariales (qui sont déplorables, regardez le mouvement "Sauvez la recherche" !), l'anti-intellectualisme est vraiment devenu le sport national (Sarko 1er n'est-il pas fier de ne pas lire de livres ?). La grandeur d'un pays s'évalue d'avantage à la qualité et à la portée de ses penseurs qu'a son classement dans un championnat de foot ou à son nombre de vendeurs d'assurances.
En clair un sursaut des sciences sociales (philosophie en tête) serait infiniment préférable à une société de comptables. Je ne parle même pas de littérature, une perte de temps donc d'argent...
Mais on est dans un pays de cons où, nouveauté, on est fier de l'être ! (Les étudiants en commerce sont de plus en plus nombreux, mais ne généralisons pas...)
Mais bon, en fin de compte, sans vouloir sombrer dans un positivisme niait, il conviendrait de ne pas non plus s'enfermer dans un nihilisme destructeur pour l'épanouissement de l'individu et sa marche vers l'avenir, en acceptant, tant bien que mal le monde présent.
Écrit par : Sylvain | mercredi, 19 novembre 2008
Etudiant en commerce, je fais partie de la rare tranche des étudiants qui souhaitent un commerce équitable, qui lit, qui va au ciné, qui collabore à un site web... etc... je dirais que 10 à 20 % des étudiants en commerce ont autre chose en tête que leur futur salaire... ça n'est pas très rassurant pour le vivre de l'intérieur j'avoue que ça me fait peur... heureusement je suis bien entouré et je ne tomberai pas dans cette spirale infernale !
Écrit par : Didier | jeudi, 20 novembre 2008
Haha, un peu primat l'article quand même !
je cite : "pas d'encouragement donc à embaucher d'autres personnes" voilà le mythe de la gauche, il suffit de claquer des doigts pour que les entreprises embauchent. Navrant ! en plus, relayé par des blogs, la vision selon laquelle il suffit de baisser le temps de travail pour que cela implique automatiquement une baisse du chômage.
Écrit par : Zoubi | dimanche, 28 février 2010
Une très bonne évaluation de la politique des 35 heures par le site Econoclaste http://econoclaste.org.free.fr/dotclear/index.php/?2006/10/25/654-35-heures-tentative-d-evaluation :
Les 35 heures sont hélas sorties de l'évaluation sérieuse pour devenir un enjeu partisan. Elles sont honnies hors de toute mesure à droite - on a même vu récemment T. Breton reprocher au Medef de ne pas leur être assez hostile (sic). A gauche, elles ont acquis le statut d'icône, au point que toute remarque sur le sujet est disséquée et interprétée comme une déviation par rapport à la Vraie Foi. Tentative d'établissement d'un bilan, en essayant de prendre en compte des arguments rationnels pour et contre.
Arguments favorables :
1 - Les 35 heures ont trop souvent été présentées comme une énième politique inspirée de la lump of labour fallacy : l'idée qu'il y a une quantité de travail limitée dans un pays, et que réduire l'horaire de chacun permet de répartir plus justement cette pénurie, donc de partager le travail. Dans l'esprit de ses promoteurs, en tout cas, tel n'était pas le cas. L'objectif était d'augmenter la quantité totale d'heures travaillées dans l'économie française, en cumulant trois effets pour supporter le coût d'embauches supplémentaires : une réorganisation de la production élevant la productivité moyenne de l'heure travaillée (en partant du principe que les dernières heures travaillées sont moins productives que les premières, et en autorisant une flexibilité accrue des horaires de travail); une modération salariale, contrepartie de l'avantage obtenu par les salariés; et des allègements de cotisations sociales financés pour une bonne part par les gains réalisés suite aux embauches supplémentaires par le système de protection sociale. La mesure constitue donc une forme élaborée d'ingéniérie socio-économique plus que l'application d'une erreur économique.
2- Au total, durant la période de mise en place des 35 heures (fin des années 90 pour l'essentiel) le nombre d'heures travaillées dans le secteur marchand a augmenté à un rythme élevé, le chômage a significativement diminué. Quelle part peut-on accorder aux 35 heures dans ces évolutions? on considère en général que les 35 heures ont créé sur 5 ans (98-2002) environ 300-350 000 emplois. Le coût est lui aussi difficile à estimer : l'effet de la mesure sur l'économie dans son ensemble ne se limite pas au coût budgétaire de la mesure. Celui-ci traduit néanmoins un coût de la mesure supérieur aux gains du système social; cela fait des 35 heures une mesure d'aide à l'emploi coûteuse, mais avec un coût par emploi créé situé dans la moyenne basse des divers dispositifs.
3- Les 35 heures constituent un progrès social, permettant aux salariés de travailler moins et de vivre plus agréablement. Sur ce point, il faut être précis. Cette mesure ne peut correspondre à un progrès social que si deux conditions sont réalisées : premièrement, il existe une réelle aspiration à réduire son temps hebdomadaire ou annuel de travail de la part des salariés; deuxièmement, pour diverses raisons, ces aspirations ne peuvent pas être satisfaites spontanément : quelque chose fait que les contrats de travail empêchent les salariés de pouvoir choisir l'arbitrage travail/loisir qui leur convient. Comment expliquer ce mécanisme? L'idée est qu'isolément, un salarié n'a pas intérêt à demander une réduction de son temps de travail, car le loisir n'est satisfaisant que s'il est partagé avec d'autres (conjoint, amis). Si tout le monde bénéficie d'une diminution de temps de travail en même temps, ce problème disparaît et la demande de loisirs peut réellement s'exprimer : au total donc, cela augmente la satisfaction des salariés. Cette hypothèse est-elle plausible? Très difficile de le savoir. Elle pourrait néanmoins expliquer pourquoi les 35 heures sont en général appréciées des salariés.
4- on pourrait ajouter quelques éléments secondaires, comme par exemple celui-ci :cette mesure aurait permis de faire cesser le renoncement vis à vis du chômage (contre lequel "on a tout essayé"). Elle a remis la question de l'emploi au centre des problématiques politiques. Il y a peut-être d'autres arguments secondaires qui pourraient être invoqués mais sur le moment, je n'en vois pas. L'argument "cela a développé l'industrie touristique et la distribution de matériel de bricolage" n'en est pas un (il s'agit d'un simple transfert de consommation de secteurs à secteurs et on voit mal en quoi ces secteurs auraient besoin d'être spécifiquement encouragés).
Arguments défavorables
1- les 35 heures ont nui à la compétitivité des entreprises et du territoire français. C'est probablement l'argument défavorable le plus souvent entendu. Ce pourrait être un problème, si la compétitivité en était un. Mais la compétitivité est une obsession beaucoup plus qu'un problème économique. Sur le long terme, ce qui compte est l'augmentation de la productivité du pays, seul vrai déterminant du revenu de ses habitants. Les investissements étrangers peuvent contribuer à celle-ci de diverses façons (hausse de l'investissement, spillovers technologiques). Mais ils ne semblent pas avoir été particulièrement affectés par les 35 heures. La raison en est simple : pour les grandes entreprises très performantes (ce que sont les investisseurs étrangers) les coûts des 35 heures étaient très supportables via des gains de productivité et les diverses mesures de soutien. Cet argument "contre" semble donc plutôt "neutre" ce qui n'est pas le cas des arguments suivants.
2- Comme toute mesure d'ingéniérie socio-économique de grande ampleur, les 35 heures ont été remplies de conséquences inattendues, et leurs conséquences ont été très diversement subies, selon le secteur d'activité, la taille, les circonstances, etc. Le critère de taille a plus ou moins été pris en compte, mais il était impossible d'espérer prendre en compte toute la diversité des situations potentielles. On a beaucoup cité la difficulté de leur application dans le secteur hospitalier public par exemple. On peut y ajouter la complexité administrative, les coûts liés à la coexistence de divers niveaux de salaire minimum en même temps, les pertes de temps, etc. Tout cela génère un coût indirect qu'il est difficile d'évaluer mais qui est réel et probablement important. Il ne suffit pas pour en réduire l'ampleur de constater que la croissance en France n'a pas été faible pendant la période de mise en oeuvre de la mesure; personne ne sait ce qu'il en aurait été sans les 35 heures.
3- De la même façon qu'elles ont eu des effets différents en fonction des activités, elles ont eu des effets différents selon les salariés. Un point de vue présenté de façon lapidaire sous l'expression "les cadres partent en week-end le vendredi après-midi, les ouvriers travaillent le samedi". Les conditions de travail des salariés, sous l'effet de divers facteurs - principalement ce qu'on appelle le "néo-taylorisme" - ont eu tendance à se dégrader au cours des dernières années. Quel a été l'impact des 35 heures dans cette tendance? Si l'on en croit Askenazy, pour l'essentiel, elles se sont traduites par une intensification du travail, avec tous les problèmes qui en découlent. On peut se réjouir de ce que les 35 heures ont été absorbées en partie par des "gains de productivité" mais on oublie la signification de cette expression : pour beaucoup de salariés, cela a signifié faire en 35 heures ce que l'on faisait auparavant en 39. A cela doit s'ajouter la modération salariale qui a accompagné la mesure, qui a été mal vécue à une période de croissance forte (et donc de multiplication de nouveaux produits attrayants). Certes, on a pu constater que les conditions de travail s'étaient moins dégradées dans les entreprises ayant rapidement fait le choix des 35 heures que dans les autres; mais cela peut simplement signifier que ces entreprises pouvaient plus facilement en supporter le coût, ou qu'elles ont fait supporter celui-ci par l'externalisation à des sous-traitants moins regardants.
4- Cette question conduirait à voir sous un autre jour la question du progrès social, et la satisfaction retirée par les français des 35 heures : elles font partie des diverses mesures qui ont rendu le monde du travail plus toxique en France qu'ailleurs (la satisfaction au travail en France est plus faible qu'aux USA). Au total, loin de créer un équilibre travail-loisir favorable aux salariés, cela crée un cercle vicieux : ces mesures rendent le travail désagréable, accroissant la pression sociale pour partir en retraite plus tôt et réduire son temps de travail; il en résulte une charge accrue sur le travail (sous forme d'impôts) exigeant des gains de productivité supplémentaires, rendant le travail encore plus pénible, etc. Il en ressort une hostilité vis à vis du monde du travail qui a pour effet d'amplifier le coût à venir de la transition démographique et l'accroissement du ratio de dépendance qui va en découler. Il est possible par ailleurs qu'à terme, le décalage de revenu par habitant entre la France et les autres pays riches devienne tel que les français préféreront alors un revenu supérieur en travaillant plus.
5- Un aspect proche de celui-ci : si ce n'était pas la "lump of labor fallacy" qui inspirait les principaux promoteurs des 35 heures, elles ont été assez largement comprises comme telles et ont entretenu dans la société française l'idée qu'il faut "partager le travail" pour lutter contre le chômage. De cette idée pourrait découler dans l'avenir des politiques réellement inspirées de ce sophisme (dissuasion du travail des femmes, préretraites généralisées etc). Accessoirement, elles ont politisé le débat sur les politiques de lutte contre le chômage, alors que c'est un sujet pour lequel l'esprit partisan est nuisible.
6- Enfin, se pose la question du bilan des 35 heures en matière de chômage. Dans la mesure ou les 35 heures ont été accompagnées d'allègements de cotisations sociales, il faut déterminer ce qui dans les emplois créés par la mesure est spécifique aux 35 heures, et ce qui aurait pu être obtenu en se contentant des allègements de charges. Il est probable que le débat entre spécialistes ne sera jamais clos sur ce sujet; mais le simple fait que ce débat perdure traduit bien la difficulté de l'évaluation. Car s'il était possible d'obtenir le même effet de réduction du chômage avec de simples allègements de cotisations sociales, cela implique qu'on pouvait éviter les coûts liés à la réorganisation du travail sans perdre les effets sur l'emploi.
Bilan final
De la même façon que 70 ans après, on discute encore en France des congés payés de 1936, on discutera encore très longtemps de l'effet des 35 heures, essentiellement pour de mauvaises raisons. La grande incertitude qui règne sur l'évaluation de leurs effets n'arrange rien, mais il est en pratique impossible d'évaluer correctement l'effet des 35 heures, parce qu'une mesure d'une telle ampleur a des effets beaucoup trop complexes pour pouvoir en faire un bilan chiffré de façon certaine. Denis Clerc, l'éditorialiste du mensuel Alternatives Economiques, prend régulièrement la défense de la mesure, qui fait l'objet de critiques le plus souvent disproportionnées. Sa défense a un peu trop tendance à se limiter au constat de coincidences temporelles, qui ne sont pas des causalités et ne permettent pas de conclure. Il a aussi un peu trop tendance à présenter les gens hostiles aux 35 heures comme des idéologues ou des valets stipendiés du patronat. Néanmoins, il a raison de constater que la performance économique française n'a pas particulièrement souffert durant la mise en place de la mesure. On peut noter aussi toute l'intelligence de la droite, qui pour contester les 35 heures a commencé par annuler les allègements de charges sociales qui y étaient attachées (trop cher) pour mettre en place... Des allègements de charges sociales.
Pour ma part, le bilan des 35 heures me paraît globalement négatif, essentiellement pour des raisons de principe : je suis foncièrement hostile à l'ingéniérie sociale de grande ampleur. Les plans miraculeux concoctés par des gens très intelligents aux grandes idées généreuses dans les cabinets ministériels génèrent des myriades de conséquences inattendues et difficilement détectables, et sont inaccessibles à la critique et à l'amélioration, parce qu'ils ne se prêtent pas à l'expérimentation à petite échelle, à l'évaluation précautionneuse de tous les effets, à la critique, et à la responsabilisation des acteurs chargés de leur mise en oeuvre. En bref, ce sont des mesures de planificateurs, pas de chercheurs. Le fait que cette mesure soit devenue un enjeu symbolique ne fait qu'encourager les mauvaises politiques, à gauche comme à droite. Elles n'ont certainement pas été la catastrophe que ses détracteurs ne cessent d'invoquer; mais elles constituent, en matière de conception des politiques économiques comme en matière de débat public, une régression; et ce, pour un effet positif assez maigre.
Écrit par : Sylvain | dimanche, 28 février 2010
Bien entendu le propos précédent est entièrement celui du rédacteur d'Econoclaste, Alexandre Delaigue.
Écrit par : Sylvain | dimanche, 28 février 2010
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