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jeudi, 20 novembre 2008
Encore un jour sans massacre
Journal d’un lycéen misanthrope
Pour sa première œuvre, Théo Diricq, jeune étudiant en droit de 20 ans, touche juste. Encore un jour sans massacre (Max Milo éditions, Condition humaine, 150 p, 16 euros) dévoile une galerie de personnages tous plus pathétiques les uns que les autres et en premier lieu son héros Artus. Mal aimé, mal aimant, il reprochera d’ailleurs à ces parents ce nom sortis dont ne sait où. Tous le monde en prend pour son grade, que ce soit son meilleur ami, Etienne, ou l’énigmatique Lola dont le hasard les fera se rencontrer. Aimera-t-il un jour quelque chose ou quelque un ? Rude épreuve pour cet adolescent lucide immergé dans un monde d’ados parfois stupide.
Le regard acide que pose Artus sur le monde qui l’entoure est jubilatoire. Extraits : « Il y a un groupe de connasses dans la classe, comme dans chaque classe. J’en compte au moins sept. Les idiotes c’est comme les abeilles, elles ont une reine. »
« Enfin un peu de violence. René et Pierre, les deux abrutis informatisé de la classe, ont commencé à s’écharper à propos de la rétrocompatibilité de la nouvelle version Word […] Une telle divergence de points de vue ne pouvant se régler que dans un bain de sang »
« Je déteste le sport, parce que c’est la glorification du vide. Et on voudrait nous faire croire que c’est porteur de valeurs ou même d’une « philosophie », alors que c’est la seule discipline, avec peut-être la guerre, qui réunit des dizaines de milliers de personnes décidant d’être stupide au même moment ».
« Etienne, sur son bulletin, avait eu droit comme appréciation principale à « Fait de son mieux ». Et, comme il avait 9 de moyenne générale, je trouve ça franchement insultant. Avec le courage qui les caractérise, les profs ont voulu lui dire : « Mon pauvre vieux, t’es bien brave mais t’es pas très futé ». L’astuce, c’est que les gens à qui ont dit cela sont tellement peu futé qu’ils ne se rendent pas compte du mépris total dont on fait preuve à leur égard […]. Etienne était content. Ses parents aussi. Que veut-tu, on est dans un monde où il est plus important de passer pour un brave travailleur que pour un intelligent. »
Si le style narratif peut déplaire à certains, l’humour noir est tout simplement jouissif et l’identification fonctionne parfaitement malgré des portraits un peu caricaturaux. Cela rappelle les bonnes et les mauvaises heures passées dans l’enceinte du lycée.
Un roman hilarant à lire d’un trait.
4ème de couverture :
« Artus est lycéen et il n’aime pas le monde morose dans lequel il vit. Ses camarades sont tarte, ses professeurs méritent qu’on leur envoie des tomates, sa famille est composée de légumes : personne n’échappe à sa morgue. Une pincée de douleur entre pourtant dans sa vie le jour où Lola s’assoit à côté de lui en classe… Parviendra-t-il à se défaire du dégoût qu’il ressent au plus profond de lui-même pour tout l’univers et au-delà ?
Dans la veine d’un Woody Allen, un premier roman écrit sous la forme d’un journal suivant le fil d’une année scolaire. Un portrait fidèle de la condition lycéenne où, sous des dehors burlesques, chacun reconnaîtra les siens ».
Sylvain Métafiot
07:00 Publié dans Littérature | Tags : journal d’un lycéen misanthrope, encore un jour sans massacre, théo diricq, sylvain métafiot, jubilatoire, humour noir, littérature, prometteur, artus, lycée, asociable, woody allen, burlesque, douleur, haine du sport, max milo éditions, condition humaine, groupe de connasses, mal aimé, violence, combat de geeks | Lien permanent | Commentaires (7)
Commentaires
Super article, il me donne vraiment envie d'acheter le bouquin pour le lire.
La comparaison entre les sportifs et les guerriers est on ne peut plus juste, il suffit de se souvenir des diverses disciplines présentes aux premiers jeux olympiques pour s'en convaincre. Quant à la rétro-compatibilité du nouveau "Word", ben ça dépend sous quel extension on enregistre le fichier, ... non ?
Écrit par : Axel | jeudi, 20 novembre 2008
En tant qu'informaticien, je confirme, la rétro-compatibilité des produits Microsoft est un vaste sujet...
Pour le cas particulier de Word, 2007 sait lire le 2003 (mais il y a des détails qui sautent) et à plus de mal au fur et à mesure qu'on remonte le temps dans les versions. Et ce qui est certain, c'est que les précédents Words sont absolument incapable de lire un document 2007.
Sur ce point le logiciel libre est clairement une alternative plus qu'avantageuse!
Écrit par : DJon51 | jeudi, 20 novembre 2008
Un combat entre Axel et DJon51 sur la rétrocompatibilité de Word comme dans le livre ? ^^
Écrit par : Sylvain | jeudi, 20 novembre 2008
Oui, OpenOffice est la panacée, mais si vous envoyez vos fichiers OpenOffice à vos co"n"llègues qui bossent sur Microsoft c'est le souk !
Écrit par : axel | vendredi, 21 novembre 2008
Pour ma part, j'ai pas envie de me battre ;-), je ne faisait qu'apporter la précision qui manquait à Axel dans son premier com
et NON OOo n'est pas la panacée. Il a ses avantages mais il a aussi ses inconvénients (Axel à énoncé un principal...encore que maintenant OOo gère le .doc et dans l'administration, c'est le format officiel...en théorie).
Aucun logiciel n'est parfait et ce n'est que depuis sa version 3 (sortie en septembre) que j'ai basculé, avant, je ne pouvait pas le voir en peinture et je préférait 100 fois mon Word 2003, de même que je n'ai été réellement convaincu par Linux il y a 1 an (ça fait 10 ans que je suis la chose, avec Red Hat, Suse et feu Mandrake à l'époque, sans réellement trouver qu'il s'agisse d'une alternative crédible)
Écrit par : DJon51 | vendredi, 21 novembre 2008
"Le sport est la glorification du vide"... heum... Est ce pour insister sur le mal vivre de l'adolescent que l'auteur nous colporte cette information? Le sport, dans sa pratique, est plutot de l'ordre du bienfait pour le corps, et même bien souvent pour l'esprit. Mais il est vrai que ce constat est plus d'ordre biologique que biographique.
Maintenant il est bien possible que l'auteur nous parle de ces soirs de match ou une tribu d'illuminés vont tous se réunir autour d'un colisée moderne, en beuglant à pleins poumons que leur équipe est plus mieux que celle du voisin et que si t'es pas d'accord, je te casse la gueule à la récré...
Sinon, j'aime assez le ton général, l'acidité des commentaires est alléchante. Mais celà fait un peu polaroïd.
Enfin, ce n'est que mon humble avis.
Écrit par : Jack 92 | vendredi, 21 novembre 2008
Le sport un bienfait pour le corps, pourquoi pas. Mais sauf pour les athlètes de haut niveau surentraînés, souvent dopés, et étant laminés après 30 ballets.
Un bienfait pour l'esprit ? Faut pas déconner, c'est franchement l'inverse !
Sinon, j'ai choisi des extraits assez drôle du bouquin pour montrer l'état d'esprit du héros, franchement misanthrope. Mais il est vrai que la narration en forme de journal intime peut agacer.
Je vous conseille tout de même de le lire, c'est succulent !
Écrit par : Sylvain | vendredi, 21 novembre 2008
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