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dimanche, 07 juin 2009

Tristes élections pour une si belle Europe

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Les élections législatives européennes sont fondamentales pour la construction permanente de cette grandiose entité supra-nationale qu'est l'Europe. Et pourtant, les citoyens européens s'en balancent (honte sur eux !), les partis politiques ne les motivent pas (honte sur eux !! Merci pour l'image lamentable que certains responsables donne  à la télévision !), et on ressort les clichés et les vieilles lunes de 2005, lors du débat sur le projet de constitution européenne !

 

Pourtant, un député européen a plus de pouvoirs qu'un député national. Il vote plus librement, aucune majorité n'est automatique car il faut en construire une chaque fois que l'on adopte une loi européenne. De plus, le Parlement européen est la seule institution démocratique supra-nationale réunissant 27 Etats d'un même continent. Moins l'on vote, plus les administrations et les dirigeants politiques nationaux se sentent libres de décider entre eux pour l'Europe. Plus l'on vote et plus la toute jeune démocratie européenne a des chances de grandir et le point de vue des citoyens d'être pris en compte.

 

Bref récapitulatif historique afin de se mettre dans l'ambiance. L'Europe est née de pères fondateurs français et allemands, tous démocrates chrétiens-sociaux, comme on disait à l'époque. Ils avaient pour nom Jean Monnet, Robert Schuman, Konrad Adenauer. Ils ont évidemment reproduit, à l'échelle communautaire, les idéaux et « réflexes » sociaux qui inspiraient leurs politiques nationales : production, croissance et redistribution.


Les Traités de Rome de mars 1957, qui fondent la « CEE » parlent évidemment « d'économie sociale de marché ». Le social, la régulation, le contrôle, la surveillance, la prévention, l'assistance, la solidarité, le rééquilibrage (entre les territoires), l'équité (dans la redistribution des fonds, par exemple) sont l'essence même de l'Europe, de sa conception des années 50 à aujourd'hui. Cette doctrine, cette philosophie même constitue le patrimoine génétique de notre Europe. Aucun Etat n'a remis cela en cause. Même pas Margaret Thatcher, dans les années 80 ! C'est dire...

 

L'Europe a été construite sur des innovations de grande ampleur : création du FSE (Fonds social européen) dès 1958, du FEDER (Fonds européen de développement régional) en 1975, afin justement de rééquilibrer les écarts entre les pays et, à l'intérieur des pays, entre les territoires. Idem pour l'agriculture, avec le FEADER, et la PAC (politique agricole commune). La seule PAC accorde 8 milliards d'€ par an à la France, qui est le premier bénéficiaire ! Cette redistribution, c'est la moitié du budget européen, qui est de 134 milliards d'euros par an.

 

En ce moment l'UE (Commission et Parlement) prépare des textes pour éradiquer ou contrôler (suite au G20) les paradis fiscaux, les agences de notation, les hedge funds » (fonds spéculatifs), les parachutes dorés, et autres retraites-chapeaux, les salaires exorbitants des grands patrons, les bonus indécents, les subprimes. Si le gros Barroso est trop libéral économiquement, il faut savoir que la Commission a 27 Commissaires qui sont nommés par 27 Etats-membres. Sur ces 27 Etats, 13 gouvernements sont de droite/centre droit, et 14 de gauche / centre gauche. Il est d'ailleurs à noter que les sociaux-démocrates sont parfois plus réalistes et pragmatiques et moins dogmatiques que le socialisme « à la française ». Bref, l'UE se gouverne en deux moitiés à peu près égales, et cela fait 50 ans que ça dure. Résultat : la moitié des commissaires sont de gauche et à des postes-clés : messieurs Joachim Almunia, Catherine Ashton et Günther Verheugen s'occupent, respectivement, des questions économiques, monétaires ; du commerce ; et des entreprises et de l'industrie.... Et le Parlement ? La présidente de la Commission des affaires économiques et monétaires est Pervenche Bérès, socialiste française... Les contres-poids institutionnels au dogmatisme économique libéral de la droite sont bel et bien à l'œuvre en Europe !

 

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A l'occasion des législatives européennes on voit fleurir un nombre impressionnant de listes politiques : 160 listes pour 36 formations regroupant plus de 3000 candidats ! Voici les plus insolites  (Canard Enchaîné et Charlie Hebdo 03/06/2009):

 

  • - «L'Europe de Gibraltar à Jérusalem» qui propose «d'envisager les candidatures de la Géorgie, de l'Arménie et de l'Azerbaïdjan» et de prévoir«la construction rapide du Méditerrannel, tunnel sous la Méditerranée, qui reliera les villes d'Ajaccio et Gaza, et aura pour effet de produire un important essor économique pour ces deux villes».
  • - «L'Europe utile» survivant du Centre national des indépendants et paysans, l'ancien parti d'Antoine Pinay. Ça sent le renfermé...
  • - «La terre sinon rien» prônant «Le Bonheur Intérieur Brut plutôt que le Produit Intérieur Brut» et «contre la surconsommation et pour l'insurrection des consciences».
  • - Le «Parti de France» de Carl Lang (ancien du Front National, rien à voir avec Djack) qui, depuis le mont de l'archange Saint Michel - «le chef des armées célestes qui terrassa le dragon et appele Jeanne d'Arc à sauver le royaume de France» - a lancé un vibrant appel à la résistance contre «le mondialisme migratoire, facteur de désintégration de nos identités».
  • - «Alliance royaliste» ultrasouverainiste, qui estime que «la France s'exprimerait plus fort avec roi».
  • - Tant qu'on est chez les fachos: la «Liste antisioniste» de Dieudonné qui s'entoure d'ex-militants d'extrême-droite catholique Renouveau français, le président de la Fédération chiite de France, un ancien responsable du FN, une adepte d'Hugo Chavez, Alain Soral qu'on ne présente plus, et le soutien du terroriste Carlos. Que du beau monde!
  • - Le «Parti breton» qui défend la cause bretonne.
  • - «l'Alliance écologiste indépendante» composée de l'ancien présentateur météo de France 2 Patrice Drevet, la chanteur Francis Lalanne et Antoine Waechter.
  • - «L'union des gens» proposant de reverser le salaire des eurodéputés (7000 euros par mois) à des associations. Cela sera tout de suite voté à l'ouverture de la première session parlementaire...
  • - «Citoyenneté Cultures européennes» qui défend le principe d'une «gouvernance participative». On pique les idées de Ségolène maintenant?
  • - «Solidarité-Liberté, Justice et Paix» s'appuyant sur la doctrine sociale de l'Eglise pour interdire l'avortement et instaurer un droit de vote parental pour les enfants mineurs, «sous la forme d'une demi-voix par enfant donnée à chaque parent».
  • - «L'Europe démocratie espéranto» qui milite pour l'adoption de l'espéranto comme langue officielle commune.
  • - La liste «Communistes», un petit regroupement d'orthodoxes du PCF en rupture de ban.
  • - «L'Euskadi Europan» qui défend la cause basque.
  • - «Newropeans» qui se targue d'être «le premier mouvement transnational européen». Sans aucun leader...
  • - «Cannabis sans frontières» menée par un ancien des Verts, Farid Ghehioueche, qui veut en finir avec la guerre aux drogues. Fumeux...
  • - Le meilleur pour la fin: la liste «Pouvoir d'achat-chômage-immigration-insécurité-patrons voyons-casse du service public. Où est la rupture? Stop» Ouf!

 

Redevenons sérieux. L'Europe fait beaucoup, en lien avec les Etats, mais ce n'est pas su, car ce n'est pas dit ! Là, est le vrai problème. Voyons donc les mesures économiques et sociales majeures de l'UE (source : le journaliste Alain Malégarie, fédéraliste convaincu) :

  • la directive congé parental : 15 jours minimum pour tous les pères
  • la directive congé maternité : délai porté à 18 semaines minimum
  • la baisse des frais d'itinérance sur les téléphones mobiles
  • la baisse des tarifs des billets d'avion
  • les agences sanitaires
  • les médicaments pédiatriques
  • les prêts à taux bonifiés de la Banque européenne d'Investissement (BEI) : 7 milliards d'euros, puis 30 milliards aux collectivités et aux PME
  • le Fonds européen d'Ajustement à la Mondialisation, qui aide à la reconversion : 1 milliard d'euros (fonds d'ailleurs doublé grâce à l'action de la France)
  • et la BCE qui a baissé ses taux directeurs (qui fixe le coût du crédit) de 3 points depuis 3 mois (historique !). Actuellement, 1,25% contre 4,25% en octobre 2008 !
  • et l'euro, même, qui évite des dévaluations sauvages et une flambée du coût du crédit ? L'euro nous redonne ainsi du pouvoir d'achat. C'est bizarre, mais en ces temps de crise mondiale majeure, les autres pays ont compris que cette Europe là, malgré ses défauts et insuffisances, pouvait nous servir de bouclier, avec l'euro. Ce n'est pas un hasard si l'Islande, la Norvège veulent rentrer dans l'UE, puis dans l'euro. Le Danemark, la Suède, le Royaume-Uni aussi veulent rejoindre l'euro. Seraient-ils tous fous ? Même si cela dérange nombre d'idéologues passéistes ou ringards, c'est un constat : en 50 ans, le modèle européen d'économie sociale de marché, unique au monde, (et souvent admiré hors d'Europe), a décuplé, par son marché intégré et solidaire, la productivité et donc la prospérité (elle a été multiplié par 70 en 60 ans). Tous les pays qui sont rentrés dans l'Union, forcément hétérogènes, ont peu à peu rattrapé la moyenne communautaire (Espagne, Portugal, Irlande). Il en sera de même pour les pays d'Europe centrale et orientale, bien sûr. Et plus vite qu'on ne croit !

 

"Dans tous les domaines, l'Europe vote des textes pour protéger les citoyens ou les intérêts stratégiques de l'Europe. Procès contre le monopole de Microsoft, ou contre la concurrence déloyale de Boeing. Ces deux énormes sociétés ont été condamnées à de très lourdes amendes, de plusieurs centaines de milliers de dollars. Il y a aussi la directive REACH, qui identifie déjà 30.000 substances chimiques nocives (sur 100.000). L'espace Schengen, qui protège l'UE à ses frontières extérieures. La sécurité des citoyens européens, avec le pilier européen (renforcé avec la France) de l'OTAN. La défense européenne, désormais capable de mobiliser 60.000 hommes en 60 jours. La lutte contre le réchauffement climatique, avec le paquet Energie-Climat. Le paquet Erika III, imposant les bateaux à double coque. Au total 145 directives et 162 règlements votés en 5 ans, dans tous les domaines."

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Pour tout ça, je suis, à l'instar de l'économiste Bernard Maris, « farouchement proeuropéen. Pour les Etats-Unis d'Europe, pour une Europe fédérale avec un gros budget fédéral (pas le 1% du PIB qui abreuve depuis 50 ans les agriculteurs-empoisonneurs). L'incroyable idée européenne est que des démocraties s'associent dans un traité pour abandonner une partie de leur pouvoir national, et se soumettre aux lois du traité. Les anciens ennemis créent des directives qui encadreront les lois nationales et une justice commune qui pourra être au-dessus des justices nationales... Rien que pour ça, vive l'Europe ! »

 

Seule l'Europe peut, si elle n'est pas néo-libérale, mettre l'économie au service des hommes et non le contraire ! L'Europe doit être celle de la recherche, de l'Université, de la culture, de l'écologie, des coopératives, d'Erasmus, du logiciel libre (concept altruiste et coopératif), de la libre circulation des savoirs. Et non pas celle qui a inscrit dans le marbre l'idée aberrante de « concurrence libre et non faussée » qui est une niaiserie économique doublée d'une stupidité politique. Elle implique que le marché et le marchand sont le cadre de l'action européenne, que l'action de la libre entreprise définit l'univers mental de l'Europe. Et cette idée malfaisante est le cheval de Troie de la liquidation des services publics et de la protection sociale. « L'Europe commence où l'économie des hommes cupides s'arrête » selon Maris.

 

Espérons que l'abstention ne sera pas aussi forte qu'on l'attend (environ 60 %, putain 60 !) et que les citoyens européens feront justement honneur à ce beau principe de la citoyenneté qui permet de faire avancer la démocratie : voter, le véritable acte révolutionnaire !

 

Sylvain Métafiot

 

Le site laviedesidees.fr a réalisé un dossier formidable sur l'Europe, absolument indispensable en cette période de médiocrité pédagogique et intellectuelle sur des enjeux aussi cruciaux :

 

Commentaires

 

Et oui triste jour pour l'Europe ! je fais partie de ses citoyens qui ne voteront pas, j'aurais pourtant eu largement le temps, mais seulement l'ancienne ville où je vivais qui m'a pourtant recensé ne m'a pas envoyé de carte d'électeurs et j'aurai donc du voter au village de mes parents... Ainsi, l'Europe est un peu absurde car pour les personnes en déplacement il est quasi impossible de s'arranger pour pouvoir voter, et dire que je suis passé devant 3 bureaux de vote différents !!!!

après mure réflexion je ne sais pas si j'aurai eu envie de réellement voter, je ne me reconnais plus en personne, tu sais pourquoi !

espèrons qu'au moins ce coup ci les politiques européenns se remettent en question !

à bon entendeur

 

Synthèse des résultats en France par "Le Monde" suivi d'une revue de presse intitulée "Une triste soirée pour la social-démocratie européenne" (Ils m'ont copié les salopiauds !) :

"Première confirmation : la France s'est massivement abstenue, dimanche 7 juin, lors du scrutin européen. Avec 60,2 % – chiffre encore partiel fourni par le ministère de l'intérieur –, l'abstention atteint un niveau record.
Au plan national, les listes UMP arrivent en tête (28 % des voix), devançant largement celles du Parti socialiste, qui ne franchit pas la barre symbolique des 20 % des voix (16,8 %), les listes d'Europe Ecologie (16,2 %) complétant ce trio de tête, selon une estimation TNS Sofres-Logica réalisée pour Le Monde, Le Point, France 2, France 3 et France Inter.

L'UMP réussit son pari. Les leaders de la majorité s'étaient fixé un double objectif : rester le premier parti de France et atteindre la barre des 25 % de suffrages. Avec ses 28 %, l'UMP est même au-dessus des estimations les plus favorables. Rachida Dati évoque "un succès pour le président de la République". En Ile-de-France, l'UMP atteint 30,5 % des voix, 29,5 % dans la région Sud-Est.

Le PS est deuxième mais subit un revers cinglant. Martine Aubry espérait un score supérieur à 20 %. Au niveau national, on serait donc à 16,8 %. Le PS n'avait pas vraiment réussi dans la dernière ligne droite de la campagne à faire entendre sa différence avec d'autres listes à gauche qui se définissaient comme les dépositaires d'un "vote sanction". Comme un symbole de cet effondrement, les listes socialistes sont devancées dans le Sud-Est et en Ile-de-France par celles d'Europe Ecologie. En Ile-de-France, la liste emmenée par Harlem Désir totalise 14 % des suffrages ; celle de Daniel Cohn-Bendit 19,7 %.

Pour François Bayrou, l'échec est encore plus cuisant. Le MoDem est à 8,5 %, loin des 18,57 % obtenus par son leader au premier tour de la présidentielle de 2007. Surtout, la formation centriste ne parvient pas à s'imposer comme le troisième parti de France, une place abandonnée aux écologistes.

Les listes Europe Ecologie emmenées par Daniel Cohn-Bendit, Eva Joly et José Bové font une percée spectaculaire, obtenant près de 16,2 % des voix. Les leaders écologistes se fixaient comme objectif d'atteindre 10 %. Les derniers sondages leur accordaient 13 %.

Les listes du Front de gauche totalisent 6,3 % des voix. L'association avec le Parti de gauche de Jean-Luc Mélenchon a redonné des couleurs au Parti communiste. Il y a deux ans, Marie-George Buffet totalisait 1,93 % des voix à l'élection présidentielle. Derrière arrivent les listes du Nouveau parti anticapitaliste (NPA) d'Olivier Besancenot, qui, avec 4,8 %, atteint l'objectif qu'il s'était fixé. Les listes de Lutte ouvrière ferment la marche avec 1,2 %.

A l'extrême droite, le Front national recueille 6,5 % des voix, alors que Libertas (le MPF de Philippe de Villiers et les chasseurs du CPNT) totalise 4,8 % des voix. Dans la région Sud-Est, Jean-Marie Le Pen, qui conduisait la liste FN, recueille 8,5 % des voix."



Revue de presse européenne :

"La droite est sortie vainqueur des élections européennes, constate, lundi 8 juin, au lendemain du scrutin, le Financial Times. Les principaux pays de l'Union – l'Allemagne, la France, l'Angleterre, l'Italie et l'Espagne – envoient de gros contingents de députés conservateurs au Parlement européen et permettent à "la droite de gagner du terrain", titre El Pais. Le PPE (Parti Populaire Européen), majoritaire dans le Parlement sortant, renforce ainsi sa position dans la prochaine législature.

"La leçon à retenir de ce scrutin est simple : les électeurs des pays majeurs de l'UE préfèrent les partis de centre-droit à ceux du centre-gauche en ces temps de sévère récession", souligne le quotidien de référence britannique. En Allemagne, poursuit-il, quatre mois avant les élections législatives, les électeurs ont boosté la chancelière Angela Merkel. En Espagne, "c'est une victoire sans palliatif du Parti populaire", éditorialise ABC : "Avec une différence de trois point et demi, soit plus de 500 000 voix et deux sièges, ce qui est suffisamment significatif de la perte de confiance que les électeurs ont exprimé à l'égard du premier ministre espagnol, un an après le début de son second mandat." En Italie, "c'est un plébiscite" pour le président du Conseil, Silvio Berlusconi, estime La Repubblica, malgré les récents déboires du premier ministre italien. "Oui, le 'Conducator' a gagné, mais pas son parti, le Parti des libertés. Et son rival, Dario Franceschini a certes perdu, mais pas le Parti démocrate."

MONTÉE DES EUROSCEPTIQUES


"Si le vent s'oriente à droite, la gauche en France, en Allemagne et en Angleterre est KO", poursuit La Repubblica. En Grande-Bretagne, les conservateurs ont remporté un scrutin en dépit du scandale des notes de frais, indique The Independant : "Liam Fox, le secrétaire à la défense du 'shadow cabinet', a déclaré que le message le plus clair de ces élections est que le Parti travailliste au pouvoir n'est à l'aise nulle part dans le pays. Le parti [conservateur] a remporté l'élection dans le pays de Galles, qui a été dominé pendant près d'un siècle par les Travaillistes." A Londres, "c'est un désastre pour le New Labour Party", éditorialise The Guardian : "C'est le jour du jugement pour le premier ministre Gordon Brown", barre la Une du quotidien anglais. "L'opinion publique est clairement pour une élection générale, non pas parce qu'il y a un fort enthousiasme pour l'opposition mais parce que les électeurs pensent que ce Parlement n'a plus de légitimité", poursuit le journal de gauche.

L'Europe vire donc à droite, titre La Libre Belgique : "S’il fallait retenir une image de cette fin de soirée électorale européenne, ce serait celle du visage sombre de Martin Schulz, président du groupe socialiste européen, qui se détachait d’un des écrans de l’Hémicycle, à l’heure où les différents leaders des formations politiques du Parlement européen commentaient les résultats, qui en direct, qui en duplex." "C’est certainement une triste soirée pour la social-démocratie européenne, a reconnu le bouillant eurodéputé allemand. C’est le moins que l’on puisse dire."

"En pleine récession économique, ce sont les partis de droite qui remportent les élections pan-européennes", écrit l'édition européenne du Wall Street Journal. Mais les Européens ont puni tous les partis de gouvernement, poursuit-il : "De l'Allemagne à l'Irlande, écrit-il, les partis de gouvernement ont perdu des sièges au Parlement européen au profit des eurosceptiques, tout comme les électeurs ont puni les partis de gouvernement dans la plupart des pays du continent." Mais attention, écrit Le Temps, l'Europe se trouve désormais sous la pression d'une "inquiétante progression de l’extrême droite nationaliste (...) sur fond de rhétorique nationaliste, ouvertement xénophobe, parfois islamophobe et toujours hostile à l’entrée éventuelle de la Turquie dans l’UE". Notamment aux Pays-Bas, avec la victoire du parti de Geert Wilders et en Autriche, avec celle du FPO, qui revendique la "défense de l’Occident chrétien". Des percées sont à noter dans plusieurs autres pays européens : "Le parti des 'vrais Finlandais' en Finlande, du parti de la Grande Roumanie à Bucarest, et d’un parti Hongrois ultranationaliste." Des perspectives décourageantes pour le journal néerlandais, NRC Handesblad, selon lequel "la victoire de Wilders affaiblit le poids des Pays-Bas à Bruxelles".

Cela dit, toute la presse européenne souligne le peu d'engouement pour ces élections. Le taux d'abstention est exceptionnellement élevé dans la plupart des pays de l'UE. Un record souligne les observateurs : pour la première fois depuis les élections européennes au suffrage universel en 1979, les Européens se sont très peu déplacés aux urnes. "Qui est à blâmer ?", titre Spiegel."

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