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lundi, 17 août 2009

The fifth borough

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Un nouveau Scorsese ? Non, tout de même pas. Mais c'est le premier sentiment qui s'empare de nous à l'évocation du film Little New-York (Staten Island), ainsi qu'à la vue de l'affiche qui sent la Grosse Pomme à des kilomètres. Cette petite découverte outre-atlantique est le fruit de James De Monaco (non, ce n'est pas un habitant du Rocher mais le scénariste de l'excellent Assaut sur le Central 13), épaulé par un casting impeccable. Comme son nom l'indique fort justement, l'action se déroule à Staten Island, quartier insulaire de New-York, auquel très peu de films se sont attardés. Et il est question de voyous en costards trois pièces, ce qui peut procurer un sentiment de déjà-vu mais ne boudons pas notre plaisir :

 

Sully (Ethan Hawke), vidangeur de fosses septiques et futur père, est prêt à tout pour assurer l'avenir de son fils. Jasper (Seymour Cassel), modeste épicier, a une qualité primordiale aux yeux de la mafia pour qui il travaille contraint et forcé : il est sourd-muet. Parmie Tarzo (Vincent D'Onofrio, le « Baleine » de Full Metal Jacket de Stanley Kubrick), chef de la mafia locale, se verrait bien éliminer la concurrence. Tous trois vivent à Staten Island, sous l'ombre écrasante de Manhattan. Leurs chemins vont se croiser, a priori pour le pire...


Little New-York n'est pas un film de gangsters classique suivant une trame narrative connue (début d'un petit malfrat dans le milieu du crime, 400 coups crapuleux, ascension fulgurante, ambitions démesurées, chute inévitable, le tout saupoudré de gunfights plus ou moins stylisés), non, à Staten Island la vie avance à son propre rythme, à cent lieus de l'excitation de Manhattan. On prend son temps tout en essayant de lui échapper. Le faux documentaire qui ouvre le film décrit merveilleusement, et avec humour, la particularité de cette île, souvent relégué aux tréfonds de la mémoire new-yorkaise. L'action furieuse n'est pourtant pas inexistante et la mise en scène soudaine est là pour nous le rappeler. Les moments inattendus sont légions malgré un récit redondant généré par un triple point de vue sur une même période (voire plus bas).

 

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Ce qui suit dévoile une partie de l'intrigue. C'est sur cette île perdue au milieu de quatre quartiers plus célèbres que nous allons suivre les pérégrinations de nos héros (même si ce terme conviendrait seulement à un seul du trio). Le film est divisé en trois chapitres - dont la délicieuse noirceur humoristique pourrait évoquer Michel Audiard - retraçant le parcours de chacun des trois protagonistes. Ceux-ci se croisent et se recroisent, et l'on découvre ce qui les lient au fur et à mesure du récit. Ce dernier repose sur un simple cambriolage faisant office de déclencheur à toute une série d'évènements - a priori - incontrôlables et dramatiques. Nulle complexité scénaristique mais des interrogations qui trouvent leurs réponses par le biais de dévoilements intimes et de (mauvaises) surprises.

 

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On commence donc par suivre le gangster Italien local Parmie Tarzo adepte de l'apnée sous-marine et fervent serviteur de sa mère. Après l'ambition démesurée de contrôler toute l'île vient le désenchantement à la Russe, radical et expéditif. Trahi par ses lieutenants, il se découvre une âme d'écolo quelque peu allumé en voulant sauver une forêt, une façon comme une autre d'accomplir sa mission au sein de la communauté. Vincent D'Onofrio compose un gangster atypique, imposant une présence inquiétante et drôle à la fois (l'illuminé en haut d'un arbre succédant au bourreau froid), comme s'il emplissait le film de sa carrure et de sa prestance.

 

Vient ensuite Sully prêt à tout pour que son fils ne passe pas le restant de sa vie le nez dans la merde, celle qui s'incruste sous les ongles même après trois douches. Avoir un bébé « génétiquement supérieur » nécessite - outre une certaine croyance eugéniste - de l'argent, beaucoup d'argent, qu'une paie de vidangeur ne garantie pas. Sully est prêt à tout disais-je : un pari risqué, très risqué. Ethan Hawke est parfait dans le rôle d'un looser pathétique et impulsif, affichant cette inimitable gueule de chien battu. Un peu comme dans 7h58 ce samedi-là (Before The Devil Knows You're Dead, l'un des meilleurs titres de film au passage) un des chefs d'œuvre de Sydney Lumet.

 

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Enfin, c'est Jasper qui clos la boucle narrative. Cet adorable sourd et muet met un point final à cette histoire tragique qui semble se répéter indéfiniment depuis trop longtemps. Les mafieux sont nombreux sur l'île mais le temps des basses besognes de Parmie doit cesser, surtout lorsqu'il frappe les amis proches. Seymour Cassel dégage une telle humanité qu'on ne peut que souffrir à ses côtés ou partager ses moments de bonheur éphémères. L'ange exterminateur à pris un coup de vieux mais ne s'en porte pas plus mal (fabuleuse mise en scène du nettoyage final).

 

 

 

On est finalement assez loin de Scorsese et de Coppola (dont il a écrit le script de Jack) ; néanmoins, pour son premier long-métrage, James de Monaco, nous livre une œuvre d'art aussi bien maîtrisé techniquement qu'esthétiquement. Le trio de comédiens principal fait vivre ce petit New-York, lui donne le relief nécessaire à capter l'attention du spectateur. De fait, les personnages secondaires sont largement délaissés (malgré la beauté et le caractère de la femme de Sully). C'est sans doute parce que Staten Island souffre la comparaison avec sa sœur (Manhattan, le centre du monde) que ses habitants y développent, de ci de là, une mélancolie toute new-yorkaise, à la fois décalée et désespérante, à l'image de la musique de fin à la fois envoûtante et jazzy succédant au regard tendre de Seymour Cassel. Les armes s'y délient parfois davantage que les langues mais n'empêche pas d'y vivre des moments de félicité.

 

Sylvain Métafiot

 

Commentaires

 

On m'excusera des fôtes :) mais je le concède, j'écris par réaction... C'est ma contradiction, moi qui suis républicain !

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