« 2009-09 | Page d'accueil
| 2009-11 »
dimanche, 18 octobre 2009
Bonjour à tous !
Aujourd'hui, je vous annonce que je quitte MaPauseCafé, blog que j'ai créé avec Didier en mai 2008. Entre temps, Sylvain avait rejoint avec succès l'équipe. Je quitte donc MaPauseCafé, emportant avec moi les articles que j'ai écrits. Je souhaite partir vers d'autres horizons, mon départ étant définitif. Je souhaite effacer les traces (ou plutôt, les garder pour moi) que j'ai pu laisser sur ce blog, pour plusieurs raisons. Tout d'abord, c'est une façon pour moi de boucler la boucle. Un peu à la manière d'un couple qui se sépare : à la fin, les deux ex récupèrent leurs affaires, leurs propriétés, leurs droits. Ce qui m'amène à la deuxième raison : j'ai pu écrire des choses que peut-être plus tard, je regretterai. Je tiens donc à détenir l'intégralité de mes droits sur mes articles, et donc, garder un contrôle sur ceux-ci. Je présente donc mes excuses aux lecteurs ayant pu laisser un commentaire sur ces articles passés de plusieurs mois pour leur grande majorité. Mes archives ne seront donc plus consultables publiquement, mais existent toujours.
Je tiens également à préciser que les deux autres rédacteurs de MPC n'ont pas été avisés à l'avance de ma décision (ils l'ont appris quelques jours avant vous). Ils ne souhaitaient pas que je parte avec mes articles.
A l'heure qu'il est, j'écris mes dernières lignes sur ce blog. Didier et Sylvain sont les seuls rédacteurs et administrateurs de ma pause café, je ne fais plus partie de l'équipe. Ainsi, je leur souhaite une bonne continuation.
Alexis
21:00 | Lien permanent | Commentaires (0)
L’expérience de Milgram
C'est aujourd'hui une belle journée : vous vous êtes porté volontaire pour participer à une expérience de psychologie bien rémunérée. Dans les locaux de l'université, un scientifique vous reçoit ainsi qu'un autre volontaire. Il vous explique qu'il étudie l'effet de la punition sur la mémorisation. L'un de vous deux jouera le rôle d'un « élève », qui devra mémoriser des séries de lettres. L'autre jouera le rôle de l' « enseignant » : il lira les mots que doit mémoriser l'élève et administrera grâce à une série de manettes des chocs électriques d'intensité croissante à l'élève s'il se trompe en les restituant. Vous tirez vos rôles à pile ou face ; le sort vous attribue le rôle de l'enseignant. L'élève est attaché à la chaise, et l'expérience commence. Il mémorise d'abord assez bien les mots que vous lui lisez. Mais il commet une première erreur : vous lui administrez un léger choc électrique. Visiblement la punition fonctionne et il se concentre à nouveau. Il se trompe cependant encore une fois : sur les ordres du professeur, vous lui administrez un choc un peu plus violent. Le cobaye semble soucieux. Stressé, il accumule les erreurs. A chaque fois, le scientifique vous enjoint d'administrer un choc plus important ; jusqu'au point où votre collègue, hurlant de douleur, vous supplie d'arrêter. Le professeur, inflexible, vous ordonne de continuer. Vous arrivez à la dose maximale - les mots « attention choc dangereux » sont inscrits près de la manette correspondante. Votre collègue, sanglotant et à moitié assommé par les chocs, refuse de répondre depuis quelques temps. Le scientifique vous ordonne d'administrer le choc maximal. Naturellement, vous refusez. « Vous n'avez pas le choix : vous devez continuer », vous répond-t-il. Que faites-vous ? Par pitié pour le cobaye, vous désobéissez au scientifique et arrêtez ? Ou bien vous suivez les ordres ?
samedi, 10 octobre 2009
L’emboîtement des différents ordres de réalité
Auguste Comte utilisait déjà le terme de sociologie en tant que science sociale. Elle désignait à la fois l'ethnologie, l'économie, l'anthropologie et la science politique. Cette sociologie était une physique sociale appliquée à l'analyse des phénomènes sociaux (elle devait avoir la même visée normative que la physique). C'était aussi une science philosophique car elle devait rendre compte dans sa totalité de l'esprit humain. Elle devait aboutir à systématiser l'ensemble des sciences et des institutions. Elle intègre et coiffe donc l'ensemble des connaissances. L'objet des sciences sociales est le plus complexe de tous car il renvoi aux faits et gestes d'une multitude d'agents et il concerne un nombre gigantesque de variables. La sociologie arrive en dernier car elle correspond à l'aboutissement de l'esprit humain.
Auguste Comte distingue trois âges :
- - L'âge théologique. On explique tout par la volonté divine.
- - L'âge métaphysique (XVIIe et XVIIIe siècle). C'est l'époque de la construction des grands systèmes (voire Hegel).
- - L'âge positif. La raison s'émancipe, l'homme se pose des questions. C'est le grand moment des philosophes des lumières.
La sociologie d'Auguste Comte est distincte des autres sciences mais aussi très solidaire. Il a une vision intégrée de la connaissance et des sciences. Les objets étudiés par les sciences sociales sont solidaires des phénomènes organiques et inorganiques. Les système sociologiques sont naturels si on considère l'origine des sociétés : les sociétés sont des données naturelles, il ne peut y avoir de sujet humain isolé car il doit vivre en communauté, s'assembler avec ses semblables, c'est la seule façon de survivre et de se construire comme être humain.
Les positivistes sont critiques vis-à-vis des théories contractualistes (selon Rousseau nous acceptons de perdre une partie de notre liberté en échange de la protection du groupe). Ils estiment que c'est naturel de vivre en société. Ils rejettent aussi la théorie utilitariste du coût-bénéfice.
Pour eux, l'individu est une abstraction. Seule la société est concrète et l'humanité est une réalité vivante. Ils accordent une place primordiale au groupe. L'humanité semble être l'objet d'un culte chez eux : elle est considéré comme un être vivant, organique, qui a sa propre constitution. C'est un collectif qui a des propriétés spécifiques. L'objet de la sociologie est de dégager ces propriétés structurelles.
Les positivistes ont une vision organiciste : la famille, la religion, la propriété, le langage, l'autorité sont des organes, car la société est un organisme vivant même si elle possède des variables historiques. Donc, étudier le milieu social suppose que l'on connaisse déjà le milieu physique et organique. La connaissance du social passe par la compréhension des lois biologiques.
Les faits sociaux se produisent dans une réalité biologique déterminé et on ne peut pas extraire les sciences sociales des autres sciences. Il faut donc découvrir les lois qui s'appliquent à un ordre de réalité (au sens biologique et matériel du terme). Les différents ordres de réalité ne sont l'expression que d'une même nature. Les sciences sociales sont tributaires des mutations épistémologiques des autres sciences.
La sociologie se transforme en même temps et grâce aux sciences de la nature. De fait, elle doit intégrer des paradigmes des autres sciences. Elle doit s'inscrire dans le verbalisme et la biologie. Elle doit prendre en compte le paradigme évolutionniste : les organismes sont soumis à l'évolution de leurs environnements. L'histoire de l'humanité est un processus continu d'évolution ou d'adaptation évolutive (exemple de l'idée de lutte des classes). La sociologie doit donc s'inspirer des méthodes des autres sciences.
A suivre...
Sylvain Métafiot
19:41 Publié dans Littérature | Tags : auguste comte, positivisme, sociologie, science sociale, métaphysique, âge positif, l’âge théologique, sylvain métafiot, l’emboîtement des différents ordres de réalité | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 01 octobre 2009
De la joie et du réel, et de quelques autres mots
Jean-Louis Maunoury : Si vous parlez essentiellement de la joie dans votre livre La Force Majeure, vous employez aussi les mots d'allégresse, de gaieté... Quelle différence faites-vous entre ces mots ?
La joie et l'allégresse ne dépendent pas de l'occasion
Clément Rosset : Je me demande si vous posez la question au philosophe ou à l'écrivain. En tant que philosophe, je vous avoue que je ne dissocie pas entre allégresse, gaieté, joie et que tous ces mots conviennent à ce dont j'ai voulu parler dans le livre auquel vous faites allusion. Mais un philosophe est aussi un écrivain et du point de vue de l'écriture, je ferais forcément des nuances. Peut-être moins entre allégresse et joie qu'entre allégresse et gaieté. « Gaieté » nous indique des nuances inanalysables, impalpables. Mais de prime abord, « gaieté » me semble impliquer quelque chose de plus soudain, peut-être de plus léger, quelque chose comme du champagne et peut-être plus tributaire de l'humeur, quelque chose qui est changeant comme l'humeur (on est gai ou on n'est pas gai) alors que l'allégresse ou la joie implique quelque chose de plus stable, plus durable même si cela disparaît complètement certaines heures ou certains jours mais quelque chose qui revient toujours comme une basse continue en musique. La gaieté me semble plus tributaire de l'occasion alors que la joie et l'allégresse ne dépendent pas de l'occasion. Et non seulement elles ne dépendent pas de l'occasion mais elles peuvent très bien intervenir contre l'occasion un peu à la manière des leitmotive dans Wagner qui quelquefois contredisent et non pas soulignent ce qu'était en train de dire le chanteur sur la scène. Il arrive souvent qu'on ait des explosions internes de joie, cette joie ou cette allégresse que je dis pérennes alors que l'occasion est absolument mauvaise et semble plutôt devoir incliner à la tristesse ou à la mélancolie. La joie est si souvent peu en accord avec l'occasion que je pourrais avoir comme devise ce que dit Joffre et qui est à peu près : « Ma droite est enfoncée, ma gauche est en déroute, mon centre cède, tout va bien, j'attaque ! »
Dans Nietzsche, dans Montaigne, dans Pascal il y a des remarques très pénétrantes sur le fait que la joie est indépendante de toute occasion de réjouissance et je pense à un mot de Pascal où il dit en gros : « J'ai mes brouillards et mon beau temps en dedans de moi. Ma fortune qu'elle soit mauvaise ou qu'elle soit bonne y fait peu. »
22:56 Publié dans Littérature | Tags : clément rosset, jean-louis maunoury, entretien, philosophie, réel, joie, montaigne, cioran, pascal, la force majeure, loin de moi, sylvain métafiot | Lien permanent | Commentaires (0)