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lundi, 10 janvier 2011
Suck my d**k or die trying, hos !
Chers amis mélomanes, il est grand de parler d’un mouvement musical largement dénigré et non reconnu à sa juste valeur (notez la poésie du titre). Je veux bien évidemment vous parler du Gangsta rap. Non pas du rap old-school en général (un des quatre piliers du Hip-Hop américain, avec le breakdance, le deejaying et le graffiti), qui ose entacher quelques excellents sons de paroles politiques, symboliques, humoristiques, absurdes, etc. (bref, un truc de lopettes !), mais bien du viril Gansgsta rap et son dérivé beauf original le Crunk (contraction de crazy et drunk, ce qui promet…).
Le premier fait son apparition dans les années 1980 sur la west coast étatsunienne et base son expression musicale sur des thèmes transcendants : l’argent facile, la violence, la drogue, les armes, l’intolérance, les bonnes grosse caisses, la biture, les femmes (les fameuses bitch), la haine de la police. Point ici de textes engagés comme KRS-One ou Scred Connexion, pas de musiques élaborées à la Dj Shadow ou Redbong, pas d’humour comme les Beastie Boys ou TTC. Non ! Dans le Gangsta rap on n’est pas des PD avec un cerveau et du talent, mais des mecs, des vrais, des qui te crachent un bon gros son bien lourd (dans les deux sens du terme) en collant leurs rots paroles bien déchaînées dessus. Yeah ! Prosternons-nous donc devant ses grands gangsters que sont 50 Cent, Ja Rule, Lil Wayne, Mobb Deep, Mr Criminal, j’en passe et des meilleurs.
Une casquette et des flingues : "Ayé, je suis un chanteur rebelle"
Si le Gangsta rap fait l’éloge (bien légitime ma foi) du mafieux violent et friqué, le Crunk (issu du sud) monte d’un cran dans la finesse en glorifiant le proxénète, vulgaire et homophobe, s’habillant de façon flashy et outrancière, croulant sous la joaillerie, constamment entouré de putes (dans une boîte de nuit branchée, un lupanar bien gras, ou une piscine de champagne), roulant dans une voiture hideuse avec moquette sur le volant et sur les sièges, bref le bon goût dans toute sa splendeur. A croire que Sarkozy et Jean-Marie Bigard leurs ont respectivement donnés des cours de bling-bling et de vulgarité… Là où le Crunk fait fort, c’est que parfois il ne s’embarrasse même pas de textes, et les seuls sons qui sortent de la bouche de ses flamboyants interprètes sont de simples cris, hurlements et autres pets vocaux. Quand à la « musique » elle est à l’art ce que McDo est à la gastronomie. Yo ! Ainsi, gloire à ces sympathiques pimps que sont Lil’Jon, Crime Mob, Lil’Scrappy, Ying-Yang Twins, BoneCrusher, j’en passe et des plus talentueux.
Nicolas Sarkozy vous présente son nouveau chauffeur
Mais ces merveilleux courants musicaux ne s’arrêtent pas à l’Atlantique. En France aussi on sait faire de la bonne musique avec des textes profonds. Jugez-en par la prose subtile du refrain de St Valentin d’Orelsan : « J'te tèje la veille et j'te r'baise le lendemain
Suce ma bite pour la Saint-Valentin ». Une ode à tous les amoureux du monde. Il a également intitulé, sobrement et efficacement, une autre mélodie au doux nom de Sale pute… Nous avons également le seul rappeur qui parle avec une patate dans la bouche : Booba. Un exploit rarement réitéré dans le monde de la chansonnette. Oxmo Puccino, La Rumeur, IAM et Hocus Pocus – tous ces rappeurs élitistes et talentueux (beurk !) – peuvent aller se rhabiller.
La France, vivier intarissable de talents
On pensait que dans le domaine de la provocation merdique, Jean-Marie Le Pen et Eric Zemmour tenaient le haut du pavé. C’était sans compter nos étoiles montantes du gangsta rap à la française. Belle et douce génération que voici : il suffit d’être une sous-merde un génie incompris déclamant ses vers sur Internet pour que tout le monde en parle. Magnifique ! Ce sont nos amis amerloques qui doivent être jaloux, eux qui sont acclamés sur MTV sans risquer les foudres des bien-pensants.
La classe ultime
Et même si des grincheux, notamment la communauté afro-américaine (le révérend Al Sharpton, activiste des droits civiques en tête), dont de nombreux membres ont été à l'origine de ce style de musique il y a plus de vingt ans, se demandent comment on a pu passer du slogan « black and proud » à « nigga », « bitch » et « motherfucker », cela ne nous découragera pas d’apprécier, tel qu’il se doit, ces somptueuses mélodies aux paroles si délicates et à l’originalité éclatante. Et fuck le rap conscient ! Did you get it, cocksucker ?
Sylvain Métafiot (article déjà publié dans La Gazette de Mankpad'ere)
A voir : Crunk music, quand le rap dérape, documentaire de d’Ariel Wizman pour Lundi Investigation (2006).
21:20 Publié dans Musique | Tags : gangsta-rap, crunk, hip-hop, mauvais, west coast, pimp, fric, flingues, violence, lil'jon, homophobe, xenophobe, musique, booba, orelsan, ja rule, lil wayne, 50 cent, sylvain métafiot | Lien permanent | Commentaires (1)
Commentaires
Excellent article !!! j'ai cru comprendre qu'il ne plaisait pas à tout le monde, mais tu as réussi à bien me faire ! bravo !
Écrit par : Didier | samedi, 15 janvier 2011
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