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samedi, 19 mars 2011

La science-fiction c’est fantastique !

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« Houla, non ! Pas la science-fiction. C’est que des histoires de soucoupes volantes pour ados attardés. Je préfère Le Monde de Narnia et son univers fantastique ». Après avoir légitimement traité votre interlocuteur de rabouin et lui avoir claqué le museau à grand coup de pelle, vous pourrez lui expliquer calmement que quitte à ne pas aimer, de bon droit, tel ou tel genre littéraire, d’avoir, au moins, la décence de ne pas les confondre tout en portant des jugements hâtifs à leur encontre. Vous pourrez ensuite enterrer vivant cet adorateur de Narnia avec ladite pelle car, tout de même, faut pas pousser...

 

Vous voulez en savoir plus ? Suivez le guide.


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Mieux qu'un robot-mixeur, pour la St Valentin offrez-lui un vrai robot

 

La science-fiction est loin de se résumer à des histoires d’extraterrestres venus bouffer de l’humain à l’heure du brunch (rien de tel dans Bienvenue à Gattaca par exemple). Le fantastique fait souvent bien plus peur se rapprochant par-là de l’épouvante. Et non, Narnia, Harry Potter ou Donjons & Dragons n’appartiennent pas au genre fantastique mais à celui de la fantasy. Bon allez, maudits ruffians, nous allons tout reprendre de zéro (ou presque). Voila des genres romanesques que l’on a parfois du mal à distinguer, tant la pléthore de genre de productions brouillent les frontières, malgré des codes, des enjeux et des symboliques radicalement différents. Le cinéma, pour ne citer que lui, est devenu LE support ayant fait exploser à la face du grand public des récits imaginaires longtemps réservé à des cercles d’initiés assez restreint, au point de parfois parler de phénomènes de société. La place nous faisant défaut, nous allons, en conséquent, nous concentrer principalement sur les créations ou les adaptations cinématographiques des œuvres de science-fiction et de fantastique. Ce support étant le plus populaire, il permet de toucher autant les néophytes que les amateurs : d’Orange Mécanique à Inception. Mais n’oubliez jamais qu’à l’origine était le livre !

 

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T'as de belles vis tu sais

 

Pour différencier rapidement ces deux courants disons que : la science-fiction c’est un univers extraordinaire où se déroule des évènements ordinaires (les voitures volent dans Blade Runner et Le Cinquième élément, on converse avec des extraterrestres dans Star Wars et District 9), tandis que dans le fantastique un évènement extraordinaire se produit dans un univers ordinaire (un monstre surgit dans Les griffes de la nuit, Gremlins ou Cloverfield). Le fantastique s’intéresse à l’individu tandis que la science-fiction se penche sur l’humanité. Elle réfléchie aux conséquences du progrès technologique tant sur notre vie quotidienne que sur l’ensemble de la société.

 

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La gauche au pouvoir c'est tout de suite le bordel

 

La science-fiction (dont le terme a été inventé par Hugo Gernsback, allez cadeau, c’est pour votre culture perso) est un jeu d’extrapolation qui, selon l’écrivain Gérard Klein « décrit de manière réaliste ce qui n’existe pas ». A défaut de produire systématiquement un discours scientifique ou pseudo-scientifique, cette littérature typique du monde occidentale en reproduit par contre la philosophie dominante, fondée sur une approche matérialiste et rationnelle du réel. Si l’on considère généralement Jules Verne comme le père de la science-fiction (Voyage au centre de la terre, La Maison à vapeur, De la terre à la lune), la maternité reviendrait plutôt à Mary Shelley et son Frankenstein ou le Prométhée moderne en 1818 élaborant une réflexion sur l’homme et la connaissance. Le XIXème siècle, à l’âge de l’industrie naissance et des grandes découvertes, est en effet propice à ce que l’écrivain Pierre Versins nomme « les conjectures romanesques rationnelles ». À cette ère de la science et de la raison toutes puissantes nombreux sont les écrivains à participer à la création de nouvelles figures imaginaires : Robert Louis Stevenson (L’Etrange cas du docteur Jekyll et Mister Hyde en 1886), Herbert Goerge Wells (La machine à explorer le temps en 1895, La Guerre des mondes en 1897), etc. A ne pas confondre avec les Histoires extraordinaires d’Edgar Allan Poe, qui relèvent de la catégorie suivante.

 

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Pensez à bien fermer le caveau familial après l'enterrement de pépé

 

Dans un autre genre, le fantastique se caractérise par le fait qu’un surnaturel menaçant (fantôme, loup-garou etc.) fais irruption dans le monde réel et ébranle les certitudes des personnages. Cela peut développer un malaise, comme dans Shining de Stephen King ou Le Horla de Guy de Maupassant. L’expression du surnaturel relève de l’ésotérisme et de l’occulte : on ne le comprend pas plus qu’on ne le maitrise. Le monstre fantastique c’est l’homme dans toutes ses contradictions, son double négatif, la bête triomphant de l’humain. L’angoisse de la mort la dispute à la folie, davantage à travers la figure emblématique du vampire (le chef-d’œuvre de Bram Stocker fut mainte fois adapté au cinéma : Nosferatu de Murnau, Le cauchemar de Dracula de Fisher, Le bal des vampires de Polanski, Dracula de Coppola, Vampires de Carpenter… qui a osé dire Twilight ?) que de celle du monstre gigantesque incluant le plus souvent une critique de la société l’ayant mis au monde : la bombe atomique dans Godzilla, la pollution militaro-industrielle dans The Host, l’esclavage dans King Kong.

 

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Certains vampires ont une préférence pour le sang épais et noir des Roms

 

Mais n’oublions pas le troisième genre des littératures de l’imaginaire, la fantasy ! Celle-ci se déroule généralement dans un monde archaïque, avec une nette préférence pour le moyen-âge (L’Anneau du Nibelung, Excalibur, Les annales du disque-monde, Kaamelott), dans un passé extrêmement reculé (Ulysse, Jason et les Argonautes) ou même un autre monde (Le magicien d’Oz, Le Seigneur des Anneaux). L’évocation du passé tiens plus du merveilleux que de la reconstitution historique, s’inspirant des légendes arthuriennes. La magie est l’élément primordial de ce genre imaginaire. Son introduction et son fonctionnement n’ont rien de passéiste. Elle n’est pas menaçante mais ordinaire. Comme le note le spécialiste Stéphane Manfrédo : « Développée en harmonie avec la nature et obéissant à des règles strictes, elle est rationnalisée au même niveau que la science et peut être enseignée, permettant au passage une réflexion sur la connaissance. »


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Mon vol pour Tokyo est annulé ? Nooooooonnnnnnn !


Si la science-fiction, le fantastique et la fantasy sont, a priori, les récits de l’imaginaire les plus connues, c’est sans compter la profusion des sous-genres :

 

-          Le cyberpunk. Courant qui stigmatise les technologies de pointe, l’informatique ou la génétique, sur la société : Neuromancien, Matrix, Ghost in the Shell, eXistenZ, Akira

-          Le merveilleux. Récit se déroulant dans des temps fabuleux, dans des mondes totalement imaginaires où le surnaturel conditionne harmonieusement le réel : Les Mille et Une nuits, Les Aventures fantastiques du baron Münchhausen, Les Voyages de Gulliver.

-          Le space opera. Récits d’aventures et d’action dans l’espace où s’affrontent de vastes empires galactiques : Fondation, 2001 L’Odyssée de l’espace, Dune, Starship Troopers, Star Trek.

-          La contre-utopie. Le pire des mondes possibles : Métropolis, 1984, Le Troupeau aveugle, Le Meilleur des mondes, Tous à Zanzibar, Brazil.

-          Le steampunk. Une plongée au cœur du XIXème lorsque les balbutiements de la technologie de l’époque rencontre la science contemporaine, genre associé à l’uchronie : Le Prestige, Le loup-garou de Londres, Full metal alchemist, La ligue des gentlemen extraordinaires, Sucker Punch.

 

Mais ceci est une autre histoire.

 

Sylvain Métafiot


A lire : Pierre Versins, L’Encyclopédie de l’utopie, des voyages extraordinaires et de la science-fiction, l’Age d’Homme, 1972 ; Stéphane Manfrédo, La science-fiction, Le Cavalier Bleu, 2005 et La science-fiction aux frontières de l’homme, Gallimard, 2000

 

Commentaires

 

Oouh y a un vampire roux dégarni qui me fou les chocottes..! Personnellement j'ai adoré district 9, film inattendu et surprenant, bon article cela dit! Merci

 

Je ne metterais pas spécialement Dune et Star Trek dans Space Opera (mais plutot depp space nine)...
Star Trek traite beaucoup sur le sujet de l'humanité, qu'est ce que l'humain dans un monde futuriste le remettant toujours en cause...

 

Rien sur Asimov ?

Sinon, article très bien renseigné.

 

Merci pour vos remarques.
Un manque de temps certain m'a obligé à aller à l'essentiel sans m'attarder sur le génie propre à quelques grands auteurs (Clarke, Dick, Asimov, Herbert, Bradbury, Barjavel, Simmons, etc.).
Un défaut que j'espère pallier dans un futur article sur le sujet.

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