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samedi, 07 mai 2011

Les lois de la jungle

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Après le retour (forcé) à une vie animale faite de mysticisme et de questionnement existentiel dans Essential Killing, voici la plongée suffocante dans l’arène des grands fauves de Melbourne. A croire que le documentaire animalier est en vogue ces temps-ci… Plus sérieusement – et d’humour il n’est pas du tout question ici – c’est avec l’effet d’un coup de poing au ventre que l’on ressort du visionnage d’Animal Kingdom : le souffle coupé et abasourdi. N’y allons pas par quatre chemins, le premier film de l’Australien David Michôd est une pure réussite. A la fois réalisateur et scénariste, il nous livre un thriller aussi féroce que tragique. Ce n’est pas pour rien qu’il a raflé le jackpot aux « oscars » australiens… Synopsis : Sa mère morte d’une overdose d’héroïne, Joshua est recueilli par sa tante qui l’intègre au reste de la famille, tous des malfrats. La police tente d’approcher l’adolescent pour en faire leur indic, ce qui ne sera pas du goût de ses oncles. Bienvenue chez la famille Cody.


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C’est une lutte à mort saisissante entre la police et la bande de criminels à laquelle nous assistons. Car ce n’est pas tant les crimes crapuleux qui nous sont donnés à voir (on comprend qu’ils s’enrichissent via le trafic de drogue et autres magouilles mais sans les voir à l’œuvre) mais la logique vengeresse qui les frappent en plein cœur. Plus que jamais la vengeance est un plat qui se mange froid et celui que nous sert David Michôd nous glace le sang. L’irruption, dans le clan,  de Joshua, qui peine à choisir son camp, les rends encore plus méfiants, voire paranoïaques, mais toujours sous couvert de tendresse familiale. « On t’aime Josh mais si toi ou ta copine ouvrez un peu trop la bouche on se fera une joie d’y glisser un calibre 9 mm et d’appuyer sur la détente », voila, en substance et de façon plus nuancée, le discours que les oncles tiennent à leur neveu adoré. Emprunt de doutes de plus en plus tenaces, Joshua bénéficiera de la bienveillance d’un inspecteur (Guy Pearce) qui devra déjouer les menaces de la famille et celle des flics corrompus. Car si un maillon tombe c’est toute la chaine qui se rompt.

 

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Alors, on a beaucoup glosé sur les références américaines du film. Michôd se serait inspiré des Affranchis de Martin Scorsese, du Parrain de Coppola, des films de James Gray… Oui et non. Oui car Michôd a été bercé par le cinéma américain et son œuvre s’inscrit dans la lignée des grands films de gangster. Non, car malgré cette apparente parenté le style de Michôd est à milles lieus du romantisme et de l’humour des fresques de Scorsese et de Coppola. On pense davantage à Heat de Michael Mann pour sa description interne du grand banditisme et quelque peu à Magnolia de Paul Thomas Anderson pour le côté choral de la narration et, il est vrai, à Gray pour le thème du renoncement. Mais si Michôd avoue s’être inspiré d’un film de Coppola ce n’est pas celui narrant le destin de la famille Corleone mais Apocalypse Now où il reprend « la manière de faire cohabiter des scènes âpres, réalistes et de purs moments de cinéma, l’attention particulière aux détails et aux acteurs au sein d’un récit touffu ». De fait, la maitrise de la mise en scène est indiscutable et laisse peu d’échappatoires à ces antihéros.

 

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En effet, Animal Kingdom est brut, sec, sans complaisance ni effets tape-à-l’œil. Il n’enjolive pas la violence mais la montre telle qu’elle est : ultrabrutale et déchirante. Peu de coups de feu sont tirés mais à chaque fois ils font mal, très mal. Au point dans ressentir la douleur dans sa propre chair. Des tueries également  soudaines tant on ne s’y attend jamais malgré la tension palpable qui imprègne l’histoire du début à la fin. Sans mentir, on reste tendu jusqu’au générique de fin tellement l’air ambiant semble irrespirable. Et ce, grâce surtout au jeu ahurissant de la matriarche (Jacki Weaver) et de l’oncle Pope (Ben Mendelsohn). La première se révèle une manipulatrice hors-normes soumettant cette fratrie d’hommes à ses chantages. Le second électrise chaque scène par une présence littéralement terrifiante, alors qu’il apparaissait plutôt en retrait au départ. Les prédateurs les plus féroces ne sont pas toujours ceux que l’on croit. On a ainsi l’impression que la situation va déraper dans le sang à chaque instant, ce qui traduit bien le sentiment de peur que ressentent les membres de la famille et que du coup nous éprouvons puissance dix. Car ici, les flics, totalement submergés par la criminalité, préfèrent dessouder un bad guy plutôt que de le traîner devant le tribunal sans preuves. De chaque côté, on tire pour tuer. La menace est permanente.

 

Bande-annonce

 

Sans éclipser les chefs d’œuvres traitant des mafieux vus plus haut, Animal Kingdom assure la relève d’un genre un peu essoufflé, en nous confrontant à l’environnement hostile de la jungle moderne chez cette pègre de la middle class et aux difficultés inouïes de s’en extirper. Parmi les lois de la rue, outre celle de tuer ou d’être tué, celle du déterminisme social et familial semble implacable. L’effroi que suscitent les proches, la vertu admirable d’une aide extérieure et la rage dû à la perte d’un être cher ne suffisent pas à contrebalancer les liens du sang, plus toxiques et indispensables que jamais. Une descente aux enfers immanente. Un grand film noir.

 

Sylvain Métafiot

 

Commentaires

 

Ce qui m'a le plus impressionné c'est l'esthétisme des images plus que le scenario en lui-même. Mais pour un premier film, on peut dire qu'il est réussi avec une histoire qui tient plus que la route et de bons acteurs pour donner vie aux personnages.

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