« Les bidouilleurs anonymes | Page d'accueil | Carnet de Voyage - Road Trip aux Etats Unis - Julien & Maeva »
samedi, 10 mars 2012
Error 404
C’est après la mise en place de la scélérate loi Hadopi que l’usage de Megaupload a explosé en France (plus 35 % en 2010). Certains pensant accéder à un moyen légal de télécharger des films (naïfs), d’autres parce que c’était pratique et pas cher (lucides), et d’autres parce qu’ « il faut lutter contre ce système pourri et rendre la culture libre » (rires). Manque de chance, le 19 janvier, sur fond de vote des lois PIPA et SOPA (qui n’ont, au passage, pas favorisé l’offre légale), le FBI a fermé le site et la police néo-zélandaise a arrêté son big boss, Kim Schmitz (Kim Dotcom pour les intimes), qui s’est réfugié dans une « pièce sécurisée » avec une arme mais sans s’en servir (à quoi bon se prétendre le meilleur joueur au monde de Call of Duty 3 si c’est pour faire sa chochotte devant trois policiers moustachus ?).
Mais qui est ce mystérieux patron du plus gros site de téléchargement/streaming au monde ? Oubliez l’image folklorique et joviale du pirate : Schmitz n’a rien d’un forban caustique amateur de bon rhum, d’aventures et de donzelles peu farouches. Citoyen allemand possédant également la nationalité finlandaise, il ressemble davantage à un gros geek vénal amateur de MMORPG, de chips et de procréation avec un sopalin devant du hentai. Vous me direz « même le pire des tâcherons peut avoir bon fond » et vous aurez raison (regardez Nagui… non je déconne) mais pas dans ce cas-là. Premièrement parce que Kim n’est pas inconnu des services de police : il fut arrêté 14 fois pour conduite sans permis, condamné pour une escroquerie en ligne à partir de cartes téléphoniques volées à l’âge de 18 ans, et condamné en 2002 pour délit d’initié après la revente d’une boite d’informatique insolvable en 2000. Ensuite, soucieux des beaux idéaux numériques que sont le partage, la gratuité, la culture pour tous et la construction d’une porte des étoiles menant au monde des bisounours, Kim n’en oubliait pas pour autant ses propres intérêts : depuis 2010 il louait la maison la plus chère de Nouvelle-Zélande (23 millions de dollars) dans la banlieue d’Auckland, avec piscine à l’eau de source ; et une vingtaine de voitures de luxe garnissaient son garage (avec des plaques minéralogiques dignes d’un jacky de la Meuse : « Dieu », « Coupable », « Police », Hacker », « Mafia »).
Du coup, Martine va pouvoir jouer à touche-pipi avec son petit compagnon (celui de gauche)
Ne nous y trompons pas : pour les majors du disque et du cinéma, comme pour Kim Schmitz et ses avatars, Internet est avant tout une machine à cash. Megaupload c’était 50 millions de visites par jour (1 milliard de visiteurs depuis sa création en 2005), 4 % du trafic total du Net, 180 millions d’utilisateurs et 175 millions de dollars de ressources publicitaires. C’est-à-dire 115 000 $ dans les poches de Schmitz par jour. Il faut bien que ce genre de bienfaiteur soit récompensé à sa juste mesure. Les artistes on verra plus tard. Car ceux qui payaient 10 $ par mois, ou 260 $ un abonnement à vie, en pensant financer une certaine contribution globale, redistribuée aux auteurs, payaient, en réalité, le jet privé et les putes hôtesses de Mr Schmitz. Malgré ces profits faramineux Megaupload n’employait que trente personnes, réparties dans neuf pays…
La culture gratuite ça paie bien
En portant atteinte à la nécessaire protection de la propriété intellectuelle et à la lutte contre la contrefaçon (il payait 65 millions de dollars son serveur depuis 2005 mais rechignait à payer les droits d’auteurs, préférant s’engraisser sur leur dos), ce traîne-potence de Schmitz a donné un prétexte à certains Etats pour élargir le flicage d’Internet aux opinions politiques et intellectuelles dérangeantes (sujets autrement plus importants que la dernière saison de Glee). Et ce n’est pas la megasong (clip baveux rassemblant des célébrités, telles que Puff Daddy ou Will I Am, venues brailler leur soutien à Kim) qui va nous le rendre sympathique. Même les Anonymous se sont désolidarisés du gros. Qui ça ? Mais si, ces bayadères de carnaval qui… zut, on arrive au terme de l’article. Sautez sur le suivant pour en savoir plus !
- Les lois PIPA et SOPA ressemblent-elles à la loi sur la prohibition de l'alcool en 1920 ? Comme un air de prohibition, par Meta W, Plug'In (25.01.2012)
- Les idéologues aussi se font du cash sur le dos d'Internet : The Far Net, par Meta W, Plug'In (14.02.2012)
Sylvain Métafiot
00:18 Publié dans Actualité, Cinéma, Economie | Tags : error 404, kim schmitz, megaupload, internet, téléchargement, hadopi, pipa, sopa, geek vénal, droit d'auteur, gros, martine, culture gratuite, capitaliste, sylvain métafiot | Lien permanent | Commentaires (3)
Commentaires
Autant je suis d'accord sur le fait que beaucoup engraissaient ce vieux gros porc dégoutant, autant je ne suis pas d'accord sur le fond de ton article.
L'idée était bien là, et beaucoup utilisaient megaupload en bonne foi, et en sachant que cela n'était bon que pour eux...
d'ailleurs tu serais surpris de savoir qu'on continue, mais qu'on utilise plus MegaUpload, preuve que brider internet sera sans doute difficile à réaliser ! dans tous les cas Bonne Chance à eux pour le réaliser !
Écrit par : Didier | lundi, 12 mars 2012
Et puis la Culture comme tu le dis si bien mon cher Sylvain, ne devrait pas être dans ce système libéral actuel si ?
Écrit par : Didier | lundi, 12 mars 2012
On se rejoint sur un point : brider Internet me semble un rêve sécuritaire impossible.
Après, c'est à l'internaute de faire son choix parmi les milliards de sites existant, en sachant que seule une poignée est vraiment intéressante.
Megaupload et consorts ne sont pas d'utilité publique, loin de là.
Écrit par : Sylvain | lundi, 12 mars 2012
Les commentaires sont fermés.