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jeudi, 04 juillet 2013
« Lyon n’est pas qu’une ville vitrine » : Interview d’Emeline Baume
Le CLIC accueille Émeline Baume, co-tête de liste avec Étienne Tête des écologistes pour les municipales 2014 à Lyon.
Cet entretien a été effectué par Sylvain Métafiot (Forum de Lyon, Mankpad’ere), Jean-Philippe Bonan (Sens Public, Forum de Lyon) et Charlotte Bonnet (Pourparlers). La réalisation radio a été supervidé par Patrice Berger (Radio Puriel).
Vous pouvez écouter l’intégralité de l’entretien ici
Mme Baume, vous êtes conseillère du 1er arrondissement de Lyon, et candidate pour être désignée tête de liste d’EELV aux municipales 2014, Vous êtes la seule femme candidate, face à trois candidats, pourquoi si peu de femme sont présentes dans cette campagne, les verts sont-ils machistes ?
Premièrement, je voudrais apporter une petite correction. Je suis candidate pour la liste « un nouveau souffle pour Lyon », je ne suis pas candidate pour la liste des Verts. Probablement que si j’étais candidate dans la liste d’Europe Écologie les Verts, il y aurait d’autres femmes. Ce qui a été compliqué, c’est qu’en mars un appel à été lancé pour rassembler tous les habitants de Lyon qui se retrouvent derrière les valeurs de l’écologie politique et de la gauche globalement, avec comme accroche « On veut trouver de nouvelles solutions pour améliorer votre quotidien ». Cet appel a été présenté dans le mouvement EELV comme un grand mouvement d’ouverture, de fait, les hommes et les femmes encartés au sein du parti et qui auraient pu se présenter comme têtes de liste ont souhaité laisser la place à d’autres : c’est un beau geste, un signe d’ouverture et de rassemblement. Ainsi, nos responsables politiques du mouvement ELLV ont très tôt fait part de leur souhait de permettre à Nathalie Perrin-Gilbert, l’actuelle maire du premier arrondissement, socialiste, de rejoindre cette dynamique collective. Il se trouve qu’elle n’a pas souhaité rentrer dans ce processus de désignation interne, or c’est vraiment dans cette logique là que je me suis lancée. Je trouve ça dommage qu’il n’y ait pas plusieurs candidates, je me suis dit que ma candidature allait donner envie à d’autres femmes de candidater. Il se trouve que chez les hommes, ce ne sont que des écologistes encartés, et cette volonté d’ouverture qui semblait très importante au début se retrouve donc comme la problématique centrale dans la liste des femmes. Tout cela pour dire que je ne pense pas que les écologistes soient machistes, par contre, je pense que cela montre qu’il y a toujours un vrai problème en politique, comme dans la société française à propos de la place qu’on laisse aux femmes, et les responsabilités qu’on laissent, ou pas, aux femmes.
Qu’est-il prévu au sein du mouvement « Un nouveau souffle pour Lyon » pour le candidat à la mairie de Lyon ? Puisque à l’issue des primaires il y aura un homme et une femme désignés, qui sera tête de liste ?
Concrètement, quand on est dans l’optique des élections municipales à Lyon, on doit présenter neuf listes (une pour chaque arrondissement), avec une tête de liste dans chacun des arrondissements. Et, à titre symbolique, une seule personne à mettre sur les affiches de campagne, qui est le porte-parole. Par exemple, chez les socialistes, depuis deux mandats, c’est Gérard Collomb, la tête de liste du neuvième arrondissement, qui est la tête de liste pour la ville. Pour répondre à la question, je pense que l’élection de samedi (29 juin) est une élection symbolique, on choisit deux personnes, qui, de mon point de vue, seront porte-parole de cette dynamique du « nouveau souffle », et avec ces deux personnes, en plus, il y aura neuf autres personnes (ou à minima, sept). C’est à dire que les deux retenus peuvent aussi être têtes de liste d’arrondissement. La tête de liste pour la mairie de Lyon ne sera pas désignée samedi et je le regrette, mais en même temps, les élections sont en mars prochain, donc on a le temps de construire un histoire logique et cohérente qui fera sens pour les gens. Il ne faut pas oublier qu’il y a des gens qui vont faire une vraie campagne d’ici là, qui n’auront par leur nom sur les affiches, qui font cela pour la beauté de l’engagement, pour faire avancer leurs idées et leurs propositions. Mais si une personne, samedi, se démarque ou est élu avec 99,9% des voix, cela nous sautera aux yeux et il sera désigné comme tête de liste pour la ville dès samedi. En général, dans les mouvements de gauche, on a pas trop la culture du chef (comme l’a dit une certaine personne dans un certain média), et moi je me retrouve bien dans cette démarche collective qu’on met en place cette année. Il faut aussi savoir reconnaître les qualités de certaines personnes : certaines sont plus douées pour écrire, ou pour porter la parole, pour aller serrer des mains sur les marchés, etc. Je pense qu’on peut se répartir les rôles, y compris entre des hommes et des femmes, entre des jeunes et des vieux, entre les militants de la première heure de 1984 comme Étienne Tête et des gens qui sont arrivés il y a un an et qui ont l’envie de faire des choses.
Pour ses primaires, l’UMP n’a réussi à mobiliser que 5235 personnes au second tour alors qu’elle était ouverte à tous les Lyonnais. Vous pensez réussir à mobiliser environ combien de personnes samedi ?
Là, comme ça, du tac au tac, environ 500, et ce sera bien. Je ne crois pas qu’on ait la prétention au sein du « nouveau souffle » ou/et d’EELV de comparer notre démarche à celle des primaires de l’UMP. Nous sommes dans un processus qui a commencé en mars dernier, voire même depuis la création d’EELV en 2007, ce principe de dire « évidemment on est un mouvement, un parti politique, qui a une histoire, mais qui avance ». On a conscience que l’engagement politique formel ne fait plus trop sens actuellement, et donc on essaie, sur des élections locales comme celles-là, d’aller au plus près des gens sans les effrayer. On ne leur demande pas de s’encarter, de s’habiller en vert tous les jours, de donner 500€ par mois, mais simplement de participer à une dynamique collective pour du mieux vivre, plus de démocratie, ici à Lyon. On reste dans un cadre d’idées républicaines, de solidarité, de respect du paysage environnemental. Mais la base c’est donner envie aux gens de se mobiliser, et de ne pas se sentir enfermés dans une boîte qui s’appelle PS ou Front de Gauche ou UMP. Je pense que c’est la grosse différence avec les primaires de l’UMP : ils avaient besoin de faire un bon coup de com !
Pourquoi la volonté de se dégager de la majorité locale ? Que reprochez-vous au PS en général et à Gérard Collomb en particulier ?
Je ne le formulerai pas comme « on veut se dégager de la majorité locale ». Moi je suis actuellement élue locale à Lyon, j’ai été élue sur une liste de rassemblement de la gauche derrière Gérard Collomb. En tant que personne je ne me positionne pas par rapport à Gérard Collomb, mais en tant que Emeline Baume. J’ai fait des choses, j’ai appris à travailler dans une assemblée à la communauté urbaine de Lyon et en mairie d’arrondissement. Et je me revendique de l’écologie politique. Un mouvement qui porte un projet de société, ce n’est pas un projet par rapport à Gérard Collomb, mais un projet qu’on propose aux gens. En 2001 et 2007, on était avec les socialistes, les communistes et le PRG, aujourd’hui nous sommes plus nombreux, plus forts et surtout on a envie ! Donc on essaie tout seuls. On s’est testés à l’exercice du pouvoir, on a vu les points forts, les points faibles, on a vu ce que ça faisait de partir en équipe de gauche. L’idée n’est pas de se démarquer de la majorité sortante mais de proposer notre projet, que cela marche ou pas. Peut-être ferons 2, 13 ou 23 % et au soir du premier tour, et bien on retournera au système de négociations s’il y a besoin.
Sur le plan national, les Verts ont-ils vocation à être toujours les alliés objectifs du PS ? Que pensez-vous de la collaboration des Verts avec le gouvernement Ayrault ?
Je pense que si Cécile Duflot et Pascal Canfin ont accepté de rejoindre un gouvernement socialiste, c’est qu’ils se sont dit exactement ce qu’on s’est dit ici en 2001 : « On essaye ! On a des idées pour le logement, pour l’habitat sain, responsable, on a envie de pousser un gros plan de rénovation thermique, on veut que ce problème du logement soit résolu en France. On essaye ! » Ça ne sert à rien de hurler dans le désert. C’est gentil d’être dans l’interpellation constante comme d’autres forces politiques, mais au moins, nous, on a essayé. On s’est peut-être trompés, mais au moins on a tenté. Pour Pascal Canfin, la situation est moins lisible, il est sur une thématique compliquée, a priori il ne fait pas de bourde, du point de vue des écologistes. Je pense quand même que, vu ce qui se passe actuellement, ce serait agréable que Cécile Duflot puisse sortir sa loi sur le logement et qu’on y retrouve tout ce qu’on défend et qu’ensuite on se pose la question de quitter ce gouvernement. Pas pour dire « on fait un coup médiatique avant les municipales » mais pour montrer qu’on a pas peur de se présenter aux élections municipales tout seuls et donc qu’on sorte de cette espèce de tutelle qu’on a au gouvernement.
Jean-Luc Mélenchon a, depuis un certain temps, renforcé ses positions écologiques dans ses discours. Une alliance avec le Front de Gauche est-elle envisageable ? Avec le Centre ou avec d’autres partis ?
Comme je l’expliquais dans ma profession de foi (qui est publique) je ne suis pas pour des alliances d’appareils qui sont incompréhensibles de l’extérieur. Cela fait peut-être un peu démago, mais si des personnes qui sont au Parti de Gauche, au PC, au PS ou à l’UDI, se retrouvent dans les propositions concrètes qui vont sortir des groupes de travail de samedi, ils faut qu’ils signent l’appel, en tant que personnes. L’idée n’est pas de les faire adhérer à un mouvement politique mais de les regrouper autour d’engagements concrets.
N’avez-vous pas peur, si vous êtes désignée candidate de ce mouvement « un nouveau souffle », de cette propension, chez les Verts, à tirer dans les pattes de leur leader (voir Eva Joly lors de la présidentielle) ?
La non culture de chef, c’est de ça que vous parlez ? Personnellement, je n’en ai pas peur [rires]. C’est la première fois que l’on propose de se présenter devant les Lyonnais en liste autonome, donc je pense qu’on est suffisamment intelligents pour s’organiser et trouver les conditions pour respecter la personne qui sortira du lot, que ce soit samedi ou cet automne.
Que pensez-vous du projet de Lyon Métropole soutenu par Gérard Collomb et Michel Mercier ?
En soit, c’est intelligent de faire sauter un échelon administratif, le département. Par contre, le problème que beaucoup de gens pointent c’est cette fameuse question de gouvernance. Moi, ce que je voudrais, comme tout le monde, c’est que les élus appelés à siéger dans cette assemblée qui va tout tenir (à l’heure actuelle c’est le Grand Lyon) soient élus au suffrage universel direct. Les électeurs doivent pouvoir les choisir directement, ainsi on voterait pour la métropole en même temps que les élections municipales. Après, on peut dire ce qu’on veut, décortiquer le projet, mais je pense que c’est très compliqué. Moi je suis écologiste, donc je suis régionaliste avant tout, et, à titre personnel, ce qui me convient c’est le principe du « au plus local ». L’échelon régional est le plus cohérent pour s’occuper des problèmes d’aménagement du territoire, de développement économique. Et nous avons beaucoup de chance à Lyon car la région Rhône-Alpes est riche. Dans l’idéal, je supprimerais les échelons intermédiaires entre la commune et la région.
Si vous êtes élu maire, vous cumuleriez votre poste de maire avec celui de président de la métropole ? Et quelle est votre position sur le cumul des mandats en général ?
Non, si j’étais maire de la ville de Lyon, je ne serai probablement pas présidente de la communauté urbaine de Lyon. Je pense qu’un maire d’une très grosse ville comme celle de Lyon, avec un poids symbolique aussi conséquent au sein de la communauté urbaine de Lyon, doit se donner les moyens de mener ce mandat à temps plein. Ceci étant dit, pour ne rien vous cacher, je ne pense pas être élue maire de la ville de Lyon. Éventuellement maire d’arrondissement, ce serait fantastique.
Pendant les deux mandats de Gérard Collomb, on a vu se développer ou aboutir plusieurs grands chantiers. Quel est votre avis sur ces projets ?
J’ai pour habitude de dire que les deux mandats qui se sont écoulés étaient des mandats de grands travaux. Il y a eu les berges du Rhône, les rives de Saône, le Sergent Blandan dans le septième, Confluence, des tours à la Part-Dieu… Je trouve que c’est très révélateur de la volonté d’une équipe (car ça ne vient pas d’une seule personne !) de transformer la ville morphologiquement, mais pas de l’intérieur. Leur volonté n’était pas de changer le quotidien des Lyonnais. Forcément, on peut caricaturer en disant que les écologistes sont opposés aux grands travaux qui font marcher les grandes entreprises du BTP, pour le petit peuple lyonnais qui a besoin de travailler. C’est vrai qu’il y a certains grands travaux qui ont amélioré le cadre de vie, mais il y a aussi des grands travaux qui sont inutiles, comme le grand stade, par exemple. Je citerai également la requalification de la Part-Dieu, qui pour moi ne va pas dans le bon sens : cela n’a pas été fait à l’échelle humaine, ce n’est pas conçu pour des vraies gens, pour que des familles puissent y vivre. Je pense aussi que cette période de grands investissements est terminée, car les collectivités ont beaucoup moins de capacités d’investissement maintenant, et elles commencent à comprendre et ce quelque soit leur orientation politique qu’il faut qu’elles investissent plus sur l’humain.
Vous pensez qu’il y a des quartiers qui ont été oubliés ?
Répondre oui voudrait dire que j’ai des préférences et je ne pense pas qu’il y ait des quartiers qui ont été oubliés. On a plutôt oublié que dans la ville, et en particulier à Lyon, on ne veut pas voir que des bureaux, des bars et des restaurants. Lyon n’est pas une ville vitrine, c’est une ville avec de vraies gens, on veut donc qu’il y ait des écoles avec des cantines, des cheminements piétons, des commerces de proximité, des jardins… C’est vrai que ces thématiques là ont été moins travaillées durant ce mandat, mais la distinction ne se fait pas par quartiers.
Que pensez-vous de la concertation qui a lieu à propos du plan local d’urbanisme ? Est-elle efficace , est-elle bien menée ?
Lundi dernier [24 juin, Nldr], à la communauté urbaine de Lyon, on nous a présenté le rendu du conseil de développement du Grand Lyon sur les orientations proposées dans le cadre de la refonte du PLUH. C’est bien qu’il y ait une concertation classique, formelle, qui existe, ce n’est pas le cas dans toutes les collectivités. Dans le premier arrondissement on a terminé, justement, une partie de la concertation. Par contre, je regrette, comme souvent, que la collectivité ne se donne pas les moyens d’aller vraiment au plus près des habitants : on aurait pu faire plein de choses en complément de la concertation formelle et stricte (qui consiste à faire des réunions publiques à 18h30 dans des mairies d’arrondissements, et on sait bien que les mamans ne viennent pas, que les jeunes ne viennent pas non plus parce que ce n’est pas attractif), ainsi on aurait pu demander dans toutes les écoles aux élèves de travailler sur ces questions d’une façon ou d’une autre, tout au long de l’année, on aurait aussi pu tirer au sort certains habitants et leur poser des questions. On n’élargit pas le cercle avec ce type de concertation, et c’est dommage.
Que pensez-vous que les gens pourraient apporter en plus des relais habituels ?
De la fraîcheur, tout simplement. Une autre façon d’appréhender ces questions essentielles d’aménagement du territoire, de la place de la nature en ville, de leur vision du développement économique. Juste un regard neuf, et c’est ça dont on a le plus besoin pour améliorer les politiques publiques, des gens qui n’ont pas l’habitude de l’exercice du pouvoir, et qui ne sont pas aigris. C’est pour ça que chez les verts on est opposés au cumul des mandats d’ailleurs, ce n’est pas pour faire joli sur un tract, mais on considère que tout le monde est en capacité de prendre sa part de responsabilité dans la gestion de la vie locale. Et peut-être qu’en concertant plus largement, on donnerai plus envie à des gens de s’investir dans la sphère publique, et cela renouvellerait le personnel politique et ça ne serait pas plus mal.
Avez-vous une idée de grand projet à mener sur Lyon ?
Comme je l’ai déjà dit, je ne me retrouve pas dans la notion de « grand projet », je peux vous citer des choses importantes, par exemple construire l’autonomie alimentaire sur la communauté urbaine de Lyon. Mais ce n’est pas UN grand projet visible. C’est souvent le défaut des engagés de gauche, on est pas très versés dans le marketing. Mais, pour reprendre la phrase d’un autre « je n’ai pas envie de construire un pyramide du Louvre place des Terreaux », je ne pense pas que cela apportera quelque chose aux Lyonnais.
Passons à une question qui préoccupe fortement les Lyonnais : la politique de la petite enfance. Que proposez-vous pour améliorer l’accueil en crèche ?
Il faut intégrer la question de la garde d’enfants dans une problématique plus large, la place des familles dans le monde urbain, qui englobe d’autres problèmes comme le logement à Lyon intra-muros : les gens se logent à Lyon quand il n’ont qu’un enfant, à partir de deux, la famille quitte la ville, car il n’y a pas assez d’extérieurs, ou par manque de moyens.
Pour ce qui est des crèches : évidemment, il n’y en a pas suffisamment. Le modèle de la crèche comme on la connaît a des limites. Il faut penser aux alternatives possibles comme les micro-crèches qui fonctionnent bien, nous devons donc les aider. Il y a sur la presqu’île plein d’immeubles de bureaux et pour tous ceux qui y travaillent, ce serait plus simple d’amener leurs enfants sur leur lieu de travail avec des crèches dans ces immeubles de bureaux. Je pense qu’il faut plus négocier avec les entreprises, accompagner les formations aux métiers de la petite enfance (assistants familiaux, assistantes maternelles) parce que cela fonctionne. Et il faut adapter la ville (c’est à dire les espaces publics) pour que les enfants trouvent plus facilement leur place. La ville n’a ni les moyens, ni les locaux pour ouvrir 200 crèches supplémentaires, par contre elle peut aider à la création d’entreprises autour de la garde d’enfants.
Que pensez-vous de la remise en question de la semaine de quatre jours ?
Je suis tout à fait favorable à ce qu’on se pose la question des rythmes de l’enfant de façon globale, et concrètement dans la cité. La semaine de quatre jours c’est très bien si cela correspond à un rythme biologique de l’enfant et au rythme de vie d’une famille. Donc il faut qu’il y ait en contrepartie une offre d’activités intéressante pour que les parents puissent vivre confortablement avec la semaine de quatre jours. Pour que cette offre existe, au delà des activités purement de loisirs, il faut qu’il y ait des associations d’éducation populaire qui aient les moyens (donc des salariés, des bénévoles, des locaux…), c’est là-dessus qu’il faut que la ville s’engage.
Selon vous, quels sont les points d’insuffisance de la politique actuelle locale dans le domaine du social ?
J’ai plusieurs exemples à vous donner sur ce sujet, premièrement à propos de l’aide alimentaire, la ville de Lyon accompagne, grâce à la banque alimentaire, des personnes qui n’ont pas la possibilité de se nourrir une fois par jour. C’est une belle démarche, mais on distribue les restes de la grande distribution. Or la grande distribution c’est la mort des paysans, de plus ces produits transformés contiennent trop de sucre, trop de sel… À mon sens, cela ne convient ni à la préservation de la santé de chacun, ni à la préservation de nos paysages et, de manière générale, de notre qualité de vie. Il me semble que la ville de Lyon, pour l’aide alimentaire, devrait justement fonctionner avec les hommes et les femmes qui cultivent en périphérie de l’agglomération. Cela donnerait envie de travailler dans le secteur agricole, et cela permettrait aux plus fragiles d’entre nous d’avoir accès à de la nourriture saine, locale, et de retrouver une forme de dignité.
Un deuxième exemple, c’est l’accompagnement des personnes isolées et en particulier des aînés. Ce n’est pas une question facile, mais il y en a de plus en plus, parce que la cellule familiale a explosé, mais aussi parce qu’avec les loyers élevés du cœur de ville les personnes âgées n’ont plus les moyens de faire autre chose, ne serait-ce que prendre le train pour aller voir le bout de famille qui leur reste. Il faut arriver à capter ce public là, à mettre en place des activités, des mouvements de solidarité et les intégrer dedans. Par exemple, on parlait de la semaine de quatre jours : cela ferait sens que, sans exploiter nos aînés, certains mettent à disposition leurs compétences vers des bénévoles d’associations d’éducation populaire pour s’occuper d’enfants. De plus j’ai remarqué notamment dans le premier arrondissement le problème de l’ancienne génération d’homosexuels qui sont sans enfants et en complète rupture familiale de par leur orientation affective, mais qui n’ont jamais été ultra militants et ne sont donc pas soutenus dans les réseaux associatifs. Ils se retrouvent aujourd’hui totalement isolés et vraiment seuls.
Voilà deux exemples concrets, mais il faut savoir que l’aide alimentaire à mon sens est vraiment incontournable.
Que pensez-vous de la gestion des centres d’accueil des SDF sur Lyon ?
Il faut forcément revoir le modèle des places d’hébergement. Comment fait-on pour assurer de l’accueil d’urgence ? Mais je ne pense pas qu’il faille revoir ça uniquement sur la ville de Lyon, il faut se donner des conditions de souplesse. Je pense, par exemple, qu’on mobilise assez les gymnases, peut-être trop tardivement, mais à mon avis, il faut pour cela avoir une politique forte de logement, c’est-à-dire taxer la vacance.
Que faire pour ces familles de Roms en ville, qui sont déplacées de camp en camp et pour qui on ne trouve pas de solution à long, ni même à moyen terme ?
La question ne se pose évidemment pas qu’à Lyon, mais partout en France : c’est la question du rapport à l’étranger. Forcément qu’il y a urgence humanitaire, sanitaire, il faut que cette population puisse se fixer quelque part. Bien-sûr, quand il y a urgence il faut ouvrir les écoles, les gymnases, les lieux publics en période de vacances, quand ils ne fonctionnent pas mais ça c’est une solution temporaire, dans l’urgence. On ne peut pas laisser durablement les gens dans ces lieux publics.
Mais ce n’est pas à la ville de Lyon de résoudre la question de fond, à mon avis c’est au niveau européen que cela se joue, et c’est également la responsabilité de l’État français de se demander quels moyens mettre en place pour accueillir des gens en urgence sociale et de leur permettre, s’il le souhaitent, de vivre correctement chez eux. On ne peut pas laisser des gens autour de l’échangeur Perrache. S’ils sont là c’est que la Préfecture n’a pas trouvé de solution. Ce qui est insupportable, c’est qu’ils soient renvoyés chez eux et qu’il reviennent deux semaines plus tard, encore plus mal, encore plus pauvres. En plus cela fait monter un fort sentiment de rejet, de haine de la part de Lyonnaises et de Lyonnais qui les voient à Perrache. Je pense qu’il faudrait tous discuter de manière responsable et ce n’est pas du tout le cas.
Quelle serait votre priorité pour renforcer le tissu économique local ?
Dans un premier temps, la ville de Lyon pourrait faciliter l’accès à un local à n’importe quel entrepreneur. C’est important pour le quotidien des Lyonnais car c’est la ville qui doit favoriser la mixité « rue par rue ». C’est-à-dire ne pas avoir de grands linéaires avec pharmacies, banques, immeubles de bureaux, mais qu’on retrouve au milieu une boulangerie, une charcuterie, des associations, un bar, etc.
Il faut aussi se poser la question de la dépense publique. En effet au travers des services financés par la ville, on fait marcher beaucoup d’entreprises. Les cantines par exemple, plutôt que de passer des « supers contrats » avec des « supers entreprises », on ferait mieux de créer des plates-formes d’approvisionnement avec des agriculteurs et des agricultrices qui transformeront ces produits et les apporteront jusqu’aux écoles. Autre exemple : la question des déchets, un service qui concerne tout le monde. Pourquoi, finalement, donner des délégations de service public pour brûler un maximum d’ordures ménagères alors qu’on a des restaurateurs, des cantines et des gens comme vous et moi qui produisent des déchets qu’on peut valoriser en faisant du compost et qui pourrait être redistribué aux agriculteurs ? Cela créerait de l’emploi. Pourquoi n’organise-t-on pas la filière de récupération ? Cela nous permettrait d’éviter de piller les matières premières en Afrique ou en Asie et créerait aussi de l’emploi.
Il y a un autre levier possible, l’incubation de projets, cela va du pôle de compétitivité à la maison des associations. C’est-à-dire que la ville de Lyon est en capacité d’aller voir la communauté urbaine de Lyon et la région Rhône-Alpes et de leur dire « on a décidé d’investir dans telle filière (par exemple la filière des éco-matériaux !), mais les différents acteurs ne se connaissent pas, ils ne travaillent pas ensemble, etc. ». Il faut les mettre autour d’une table, voire créer un poste de coordinateur, et au bout d’un an ou deux, comme par magie, des projets voient le jour, des artisans, des formations, et tout fonctionne.
Vous nous avez dit être favorable aux circuits courts pour l’alimentation dans l’agglomération lyonnaise, mais le tissu agricole présent actuellement dans la région serait-il suffisant ?
Actuellement la réponse est : « en partie », et demain, avec le mouvement « un nouveau souffle » la réponse sera : « évidemment » ! (rires) Parce nous aurons arrêté le chantier de l’OL Land pour garder toutes les terres cultivables autour de l’agglomération. Mais ce n’est pas qu’une question de terres disponibles, c’est surtout une question d’envie, d’attractivité des métiers de la terre. Je vous mets au défi, maintenant, d’aller dans la rue et de me trouver cinq personnes qui auraient envie d’aller s’occuper de pommiers dans les Monts-d’Or. L’image du « paysan » n’est pas du tout valorisée. Pourtant il faut expliquer que si l’on veut garder des espaces végétaux, de l’eau, ou simplement de beaux paysages, il faut qu’il y ait des paysans. Et pour en avoir, il suffit de manger local.
On a vu des pics de pollution très importants dans l’agglomération. Comment associer vision économique et politique écologique ?
Pour moi, la question ne se pose plus. Même Total fait du greenwashing ! La question n’est plus le développement économique contre l’environnement. La question c’est la vitalité économique. Je ne suis pas opposée à l’entrepreneuriat, à la création de richesse, ni que l’argent circule. Mais pour moi il ne faut pas faire toujours plus (plus d’entrepreneurs, plus de chiffre d’affaire) mais mieux. Nous devons plutôt réfléchir sur quels services proposer dans une ville (économie marchande et non marchande) pour que les habitants puissent continuer à y vivre, c’est à dire s’alimenter, se loger, se déplacer, s’éduquer…
Personnellement, êtes-vous pour la décroissance économique ?
Je suis pour la décroissance en général, mais pas nécessairement pour la décroissance économique. Je suis, comme beaucoup de gens, très terre-à-terre. On ne peut pas continuer à piller une terre qui est finie [qui a des limites, ndlr]. Il y a plus d’hommes qui consomment de plus en plus, et la rapidité de régénération de la terre ne correspond pas à notre rythme de vie. Il faut donc de la décroissance dans l’absolu, mais ce n’est pas pour cela qu’il faut de la décroissance dans les services aux habitants. Mais il ne faut pas non plus de la croissance de richesses monétaires à tout prix.
Vous vous dites en faveur de l’entrepreneuriat ou d’une certaine croissance, est-ce que votre discours n’est pas un peu contradictoire avec le fait de se réclamer de l’écologie politique, qui était quand même un courant assez radical de critique de la société ?
Je n’ai pas dit que j’étais en faveur d’une certaine croissance j’ai dit que j’étais pour une décroissance. En plus je pense être une des rares à être si tranchée dans mon opinion : j’ai même été taxée de « décroissante » par un de vos collègues. À titre personnel je peux l’être, mais je me présente comme porte-parole d’un mouvement, donc je nuance mon propos, par respect pour mes camarades. L’écologie politique est pour la décroissance en valeurs, c’est vrai ; mais on nous a tellement reproché d’être pour « le retour à la bougie » que ce qu’on explique c’est juste qu’il n’est plus possible de continuer à piller les matières premières. Par contre on est pour la création de richesse humaine tout simplement. On n’est pas opposés à l’économie des biens immatériels. Et au final ce que critiquait René Dumont, c’était le capitalisme et le productivisme. Moi je ne suis pas productiviste et c’est bien ce qui nous différencie d’une grosse partie de la gauche.
Quelle politique fiscale appliqueriez-vous à la Ville de Lyon ?
Je suis très à l’aise sur la fiscalité à la communauté urbaine de Lyon parce que c’est là que je siège et j’en connais une par cœur : c’est la taxe d’enlèvement des ordures ménagères, qui nous concerne tous. Je ne crois pas qu’il y ait besoin de plus d’impôts locaux parce qu’on a la chance d’être dans une collectivité, à la Ville de Lyon, qui a un budget très sain et une capacité d’investissement. Et je ne crois pas qu’il faille serrer la vis ni des ménages ni des entreprises. Je pense qu’il faut commencer par être exemplaire soi-même. Si demain le maire de la ville de Lyon est issu du mouvement « un nouveau souffle », je pense qu’il regardera comment évacuer des grands projets inutiles. Et après on retourne voir les habitants en demandant de faire un effort. Et je pense que ça passerait par une forme de référendum. Il faut vraiment choisir tous ensemble année après année et on ne peut pas poser comme ça une décision et dire « je vais augmenter les impôts parce que je veux créer 500 crèches ». Mais peut-être que le besoin essentiel, là tout de suite, ça ne va pas être les crèches, mais les cantines !
Que pensez-vous de la moralisation de la vie politique et du dévoilement du patrimoine des élus ? N’est-ce pas juste pour l’image ?
Bien-sûr que c’est du marketing mais pourquoi ne pas faire part du patrimoine de chacun ? Je trouve cela assez sain. Ce qui l’est encore plus c’est le non cumul des mandats et une limitation dans le temps. Il faut être cohérent avec soi-même, c’est-à-dire que, quand on déclare être démocrate, proche des gens, on ne fait pas juste de l’affichage en faisant des sourires sur des affiches, on le fait vraiment. Je ne pense pas qu’on puisse dire que l’actuel maire de Lyon ne soit pas proche des gens. Par contre, on voit des grands et grandes élus qui ne siègent pas dans les assemblées et qui ne mobilisent pas tout le pouvoir qu’ils ont. Ça fait aussi partie pour moi de la question du rapport au pouvoir et de la moralisation de la vie politique.
Le rapport annuel de la Commission nationale consultative des droits de l’homme publié en mars note une augmentation des actes antisémites de 58 % et une augmentation des actes contre les musulmans de 30 %. Quel bilan tirer de ces chiffres alarmants ?
C’est triste. J’espère que tous les élus et présidents d’association d’éducation populaire lisent ça et se posent la question du rapport aux autres dans la cité. Ce n’est pas seulement la question des juifs, des musulmans, des blonds, des roux, des jeunes filles de moins de 35 ans, etc. c’est la question du vivre ensemble. Comment fait-on concrètement, dans le quotidien, pour que les gens descendent de leurs immeubles, se parlent, se rencontrent, échangent pour de vrai et ne fassent pas « métro boulot dodo », ce qui est quand même généralement le cas. Je trouve ça inquiétant, comme je trouve inquiétant les grosses caricatures et la récupération que je n’apprécie pas du tout de certains mouvements de gauche. Je pense qu’on agit au quotidien là où on est et c’est ça le message que l’on doit faire passer. Tous responsables.
Pensez-vous qu’il y a une montée de l’extrême droit locale ?
Localement pas plus qu’ailleurs. Mais il y a une montée de la haine et de la crainte de l’autre. C’est tellement plus facile de voter FN ou de se revendiquer de ce mouvement là parce qu’on se sent plus à l’aise : se dire « j’appartiens à ce truc là, j’ai besoin de ça, mais après je retourne devant ma télé ». Donc, oui il y a une montée de l’extrême droite très nette, mais cela correspond à une montée des individualismes et de la désespérance. Il y a une immense lassitude envers les politiques publiques et les politiques en général. Pour changer ça, il faut changer le logiciel comme dit Philippe Meirieu, changer de personnel politique et la façon de gérer les collectivités.
Est-ce que vous vous sentez en sécurité à Lyon et est-ce que vous pensez qu’il y a trop de caméras de vidéosurveillance ?
Mes collègues ont du déjà vous parler de notre position sur la vidéosurveillance, on pense que ça ne permet pas de résoudre les problèmes de sécurité. Cela donne juste un sentiment de sécurité, j’en sais quelque chose parce que dans le 1er arrondissement il y en a beaucoup, les gens me disent « c’est super dans ma co-propriété on a une caméra ». C’est super, mais il n’y a personne derrière la caméra ! On peut tout aussi bien proposer à des artistes de faire des parodies de caméras, peut être qu’au moins ça fera tourner le secteur culturel et ça fera sourire les gens !
Blague mise à part, la vidéosurveillance n’est pas la solution. La solution, en tout cas en milieu urbain, c’est le rapport à l’espace public. Sans créer des milices de quartier bien-sûr, mais comment fait-on pour se parler justement ? Pour se dire sincèrement les choses ? Je le vis au quotidien en tant qu’élue « espaces verts », je ne crois pas qu’on vive dans une ville où il y a plus d’insécurité, pas plus qu’ailleurs en France. Après il y a des trucs tout simples : pour éviter les rodéos de voitures dans les rues de la ville par exemple, mettre un peu plus de dos d’âne et les gens rouleraient moins vite tout simplement.
Peut-être aussi – je reviens à la question de la mixité – qu’une rue où il n’y a que des kebabs, des bar à chicha et des bars où il y a des « after », ce n’est pas terrible. Peut-être qu’il faut vraiment mixer. Comme ça on a des populations différentes, qui viennent à des heures différentes et ça fait un peu moins de pollution sonore et ce n’est pas désagréable pour les gens qui vivent là. Je souhaite qu’on ait de la mixité en cœur de ville et pas que des bureaux. Il n’y a pas de solution magique. La solution c’est une multiplicité de dispositifs et d’expériences. Et évidemment l’intervention de la police municipale et nationale parce que ça on ne l’enlèvera jamais. J’ai même une proposition très concrète, c’est remettre de la police montée en ville, parce que remettre des animaux en cœur de ville c’est aussi y ramener un peu de tranquillité.
Pensez-vous qu’il y a suffisamment de policiers municipaux ?
Je ne connais pas les effectifs par cœur, par contre en tant qu’usager j’apprécierais grandement qu’il y ait plus d’effectif. Moins de caméras et plus d’hommes et de femmes sur le terrain, en uniforme et qui ont le temps de rester sur l’espace public.
La culture est le premier budget de la Ville de Lyon, notamment avec l’Opéra, loin devant les musiques actuelles, qu’en pensez vous ?
Depuis deux mandats la ville de Lyon a une politique culturelle qui est une politique de vitrine. Cela peut avoir un côté positif. C’est pourquoi il y a des Lyonnais et des Lyonnaises qui sont très fiers de l’Opéra, des Célestins, de la Biennale d’art contemporain, de la Biennale de la danse. Le problème c’est que 20 %, c’est conséquent sur le budget de la ville et que ça ne permet pas deux choses : que chaque Lyonnais et Lyonnaise ait accès à une pratique artistique ; ni de produire des choses, c’est-à-dire accompagner l’économie des biens immatériels. Si j’étais maire de la Ville de Lyon je répartirais autrement le gâteau. 20 % du budget pourquoi pas, à condition que ça permette ces deux choses. C’est-à-dire que chaque Lyonnais et Lyonnaise puisse se découvrir dans une pratique artistique parce que c’est ça aussi les cultures. Et la deuxième chose c’est que Lyon et la Communauté Urbaine de Lyon soient une place de la création française de musiques actuelles mais également de plein d’autres choses.
Quels critères attribuer pour mieux répartir le budget ?
Dans un premier temps il faut complètement intervertir les ratios de subventions. Les grosses infrastructures qui font vitrine sont aussi d’intérêts régionaux et nationaux donc on peut imaginer que, temporairement, par exemple pendant la moitié du mandat, on diminue drastiquement les aides publiques à ces structures-là. Il y a également la Région et l’État qui ne les lâcheront pas. La question n’est pas de les « lâcher », c’est de remettre les cultures au cœur de la vie des Lyonnaises et des Lyonnais. Donc, tout d’abord, je fais un choix politique que j’assume, qui est celui-ci. Et puis après on remet petit à petit un peu d’argent s’il y a besoin. Mais peut être qu’ils feront l’expérience qu’en rééquilibrant le secteur cultuel ils s’y retrouveront aussi.
Est-ce-que vous privilégieriez le niveau local plutôt que le national ou l’international ?
Oui, quand je dis que chaque Lyonnais et chaque Lyonnaise doit avoir accès à une pratique culturelle, c’est forcément du local ou du métropolitain. Et quand je dis accompagner l’économie de la création, c’est accompagner des gens qui travaillent et qui produisent ici sur le territoire. Ils ne sont pas forcément d’ici, je ne fais pas une préférence lyonnaise, mais, par contre, ils sont ici, dans des entreprises, des associations, des collectifs culturels, qui physiquement, sont établis à Lyon.
Comment favoriser les transports urbains ? Que pensez-vous des transports fluviaux et téléphériques ?
Évidemment il faut limiter l’usage de la voiture individuelle en ville, c’est ce que j’ai dis hier soir à propos du tunnel de la Croix-Rousse à la communauté urbaine de Lyon. Mais pour se faire il faut absolument qu’on ait une offre de transport alternatif à la voiture qui soit super attractif : ça veut dire plus de voies cyclables, plus de bus, des bateaux-bus et pourquoi pas des téléphériques. Il faut une diversité d’alternatives à un coût le plus bas possible. Je ne suis pas pour la gratuité des transports en commun parce que je pense que c’est important pour le symbole de donner quelque chose. Ce n’est pas gratuit de toute façon. En revanche, je pense qu’il faut absolument qu’il y ait plus de bus la nuit et que le métro fonctionne plus tard. Il faut nécessairement résoudre ce problème d’entrée et de sortie de ville, en particulier dans le 9ème. Il ne faut pas chasser la voiture de la ville parce qu’on a des artisans et des commerçants qui ont besoin de rentrer en voiture dans la ville, de stationner et d’être livrés, priorité à eux, mais tous les autres, les familles, les gens qui vont travailler il faut qu’ils se déplacent autrement. En plus c’est bon pour la santé.
Donc vous n’êtes pas pour l’interdiction de la voiture dans la Presqu’île ?
Si, je suis pour l’interdiction des voitures de particuliers. Et je pense même qu’on devrait interdire les voitures le dimanche. Cela fera le plus grand bien !
Sur les institutions sportives, est-ce-que vous avez une politique particulière ?
C’est un peu comme avec le champ culturel, la question du sport ça ne doit pas être qu’une vitrine avec des supers gars, super beaux, qui gagnent énormément d’argent et qui viennent une fois de temps en temps sur la terrasse de l’Hôtel de Ville parce qu’ils ont gagné une coupe ! Le sport c’est la question du rapport à son corps, la possibilité d’avoir une pratique sportive, c’est essentiel en particulier pour les jeunes et pour les aînés. Si on dit qu’on a une politique sociale, derrière la question sociale il y a la question de l’autonomie. Comment je fais pour être moi dans ce monde là. Comment je fais pour être en bonne santé, pour me connaître dans mon être physique. L’OL c’est bien, l’AS Duchère c’est bien aussi, Sport en Ville c’est très bien, ceci étant dit il faut accompagner toutes les associations qui proposent des activités en général. Mais cette question est couplée aux équipements de proximité. On en manque énormément. C’est dommage parce qu’il y a plein de petits espaces où on pourrait construire divers jeux en tout genre.
Vous parliez de vitrine, pensez-vous que Lyon soit assez visible à l’international ?
Ce n’est pas ma priorité ! Lyon est très bien identifiée de par sa gastronomie et ses paysages. Je vais prendre uniquement ces deux exemples : pour qu’il y ait de la gastronomie et des paysages, il faut appliquer une politique écologiste, on n’a pas besoin de pôles de compétitivité, on n’a pas besoin de donner plus à l’OL ou à l’Opéra. On a juste besoin d’avoir des gens souriants dans la rue parce qu’ils ont un emploi, un logement et parce qu’ils peuvent se déplacer et s’alimenter dans un cadre de vie agréable et du coup ils ont un rapport aux autres sympathique. Comme ça quand les touristes du monde entier arrivent, ils se disent « ils sont super chaleureux dans la cité des Gônes ».
Retranscription de Pierre Gerbeaud, Marion Carette et Sébastien Gonzalves
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03:42 Publié dans Actualité | Tags : 2014, click, crèche, culture, écologie, eelv, élection, Émeline baume, environnement, etienne tête, gouvernance, grands travaux, institutions sportives, lyon, lyon bondy blog, métropole, municipales, ol land, opéra, paysage, petite enfance, politique, santé, sécurité, un nouveau souffle, verts, vitrine, vote, sylvain métafiot, forum de lyon, société | Lien permanent | Commentaires (0)
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