M.Christophe Boudot vous êtes secrétaire départemental du Front National pour le Rhône, conseiller régional à la région Rhône-Alpes et candidat frontiste aux municipales de Lyon en 2014. Pourquoi Bruno Gollnisch, qui est la personnalité la plus connue du Front National dans la région, n’est pas candidat à Lyon ? Pourquoi vous et pas lui ?

Parce qu’il y a un changement de génération. Bruno Gollnisch a une vie politique bien rempli depuis trente ans, il a participé à beaucoup d’élections sur Lyon mais il a choisi de se rapprocher de sa famille à Paris et de militer dans une région qu’il connaît bien, la ville de Hyères, pour les prochaines municipales. C’est pourquoi il a souhaité me passer le flambeau pour Lyon.

Discutez-vous de cette campagne avec M. Gollnisch ?

Très peu car il me fait totalement confiance et me laisse carte blanche pour conduire ma campagne comme je le veux. Bien sûr, quand j’ai quelques questions à lui poser sur Lyon il me répond toujours très gentiment, quand on se rencontre à la Région ou au bureau politique à Paris, mais c’est assez rare.

Vous vous présentez sous l’étiquette bleu marine. Quelle est la différence entre une liste bleu marine et une liste Front National ?

Depuis l’avènement de Marine le Pen à la présidence du parti on capitalise beaucoup sur son prénom même si le Front National n’a pas changé en terme de nom. Il nous a semblé intéressant, dans une optique de rassemblement, pour les municipales de ne pas se restreindre au Front National. Ce qui permet à d’autres partis frères, comme le Siel de Paul Marie Couteau, de nous rejoindre. C’est vrai que Marine Le Pen est très présente au niveau de notre communication et bleu marine c’est pas mal ça change un petit peu, donc ma campagne sera Lyon bleu marine .

Y aura t-il sur vos listes d’autres personnes que celles issues de FN ?

Absolument, il faut savoir que nous avons besoin de 221 candidats sur Lyon. Il y aura, bien sûr, nos militants fidèles et nos cadres dirigeants mais nous avons voulu faire une liste de rassemblement plus large, en grande partie issue du FN mais pas seulement. Il se pourrait que même parmi nos têtes de listes on retrouve des personnes déçues de l’UMP, voir de la gauche, des patriotes de gauche. Certains nous ont déjà rejoint dans quelques arrondissements.

Pouvez-vous nous donner des noms ?

Non pas pour l’instant parce que les listes ne sont pas complètes. Je donnerai mes têtes de listes dans quelques semaines  après la dernière commission d’investiture. Certaines personnes peuvent encore nous rejoindre. Je veux aussi caler les personnalités par rapport aux arrondissements. C’est très important car le FN ne fait plus du remplissage, il investit des personnalités ancrées dans leur secteur pour avoir une meilleure lisibilité tout au long de la campagne et un meilleur travail militant.

Que répondez-vous à ceux qui mettent en avant l’inexpérience des élus du FN aux postes à responsabilité ?

C’est sûr qu’avant d’être connu on n’est pas connu ! Effectivement on a peu d’expérience même si personnellement j’en ai puisque j’ai été douze ans conseiller municipal sans étiquette de Limonest.

Le FN a acquis une certaine notoriété il faut maintenant la transformer en capacité de gestion, c’est notre problématique sur les prochaines années. Nous développons  une logique d’implantation des candidats et il est très important maintenant pour nous d’entrer dans les conseils municipaux. Je pense qu’à Lyon on peut avoir au moins une cinquantaine de conseillers municipaux et plusieurs centaines dans la France entière. On est déjà en train de se préparer pour les former. Nous devons penser aux échéances futures afin que nos conseillers municipaux formés fassent de bons candidats aux prochaines élections cantonales, régionales et européennes.

On apprend vite on sera en tout cas rigoureux et peut être plus rigoureux que certain actuellement.

Une autre remarque que l’on vous fait régulièrement c’est le fait de ne pas habiter à Lyon mais à Limonest.

Je me sens Lyonnais, je suis né à Lyon, j’ai fait toutes mes études à Lyon, j’ai travaillé sur Lyon, ma ville c’est Lyon même si depuis plus de quatre siècles on est originaire de Limonest du côté de ma mère. Maintenant, tout cela est un peu dépassé, il faut avoir une logique du Grand Lyon, j’habite à six kilomètres du 9eme arrondissement de Lyon.

Que pensez-vous du projet Lyon Métropole proposé par Gérard Colomb ?

Cela aurait pu être une bonne idée. Au départ, je pensais que cela aurait pu simplifier le mille feuille administratif. Force est de constater qu’à l’heure d’aujourd’hui on n’en sait rien et à priori ça part pour être plutôt le contraire, on rajoute un échelon supplémentaire aux échelons préexistants.

Dans les faits il n’y aura pas beaucoup de compression d’effectifs, ni de regroupement de compétences. Or cela aurait dû être une occasion pour fusionner des services et faire des économies, on en est loin. C’est surtout un arrangement entre deux personnalités politiques (Michel Mercier et Gérard Collomb) qui voulaient garder leur suprématie politique dans le département du Rhône.

Est-ce que les Lyonnais vont y gagner ? Je l’espère mais j’attends de voir.

Quelle est vôtre position par rapport au cumul des mandats ? Seriez-vous président du Grand Lyon si vous êtes élu maire de Lyon ?

Le FN a toujours été contre le cumul des mandats, notamment national, et local. Dans une logique local d’opposition on peut avoir deux mandats pour peser un peu plus. En tout cas chez nous il y a interdiction, enfin c’est ce que nous allons porté comme idée, d’avoir un mandat national et local encore plus si on a un mandat exécutif d’une grande ville. Il y a assez a faire à Lyon pour ne pas être sénateur ou député en même temps.

Vous voulez aussi changer le rapport entre la mairie centrale et les mairies d’arrondissements. Comment ?

Dans une logique de métropolisation, il est intéressant que les Lyonnais puissent se référer à la première strate administrative qu’est la mairie d’arrondissement. Actuellement elle n’a pas assez de pouvoir et elle en perdra encore plus avec la métropolisation or c’est ce qui parle aux Lyonnais.

Je suis d’accord pour la métropolisation, on va voir ce qui va se passer, mais redonnons du pouvoir au maires d’arrondissement qui eux connaissent les problèmes locaux, ce qui est bien pour un arrondissement, pour un secteur. Nous militons pour un renforcement des pouvoirs du conseil d’arrondissement.

Quels types de pouvoir ?

C’est difficile, on est en train de voir tout ça. Par exemple j’ai assisté il y a peu au conseil d’arrondissement du 8e arrondissement : il n’y a pas eu grand chose de décidé à part les délégations du maire, les questions de stationnements. On a aussi discuté de rebaptiser les rues avec des noms abracadabrantesques. Personnellement, j’aurais préféré qu’il y ait plus de noms de Lyonnais méritants.

Je pense qu’en matière de voirie et d’urbanisme par exemple les conseils d’arrondissement devraient avoir plus de pouvoir.

Une des question qui préoccupe le plus les Lyonnais c’est celle de la politique de la petite enfance, et des places en crèches plus précisément. Que préconisez-vous pour améliorer l’accueil dans les crèches ?

Notre programme n’est pas figé là-dessus, nous ferrons des propositions précises plus tard. Mais force est de constater que lorsque les femmes veulent travailler elles ont beaucoup de problèmes pour faire garder leurs enfants. Il y a un manque de place en crèche mais aussi un manque de pluralité des accueils au niveau des horaires, notamment pour les femmes qui travaillent à mi temps. Je suis pour un accueil de la prime enfance plus généralisé avec plus de souplesse pour les femmes qui travaillent.

Il est à remarquer qu’au manque de place pour la petite enfance répond un déficit d’accueil pour les personnes âgées, je pense qu’il faut peut être faire appel à une relation privé/public plus poussée car la ville n’a plus les moyens de faire ça seule.

Que pensez-vous de la remise en question de la semaine de quatre jours ? L’appliqueriez vous si vous êtes maire ?

Aux vues des résultats des premières semaines d’application, on voit que c’est un foutoir pas possible. C’est une décision assez idéologique, dogmatique, car même les grands spécialistes de l’enfance ne sont pas d’accord sur ce qui est le mieux pour les enfants. Je crois que les municipalités ne sont pas prêtes à accueillir les enfants des écoles deux ou trois heures l’après midi. Cela s’est fait dans la précipitation. Il faut laisser la liberté aux communes de passer sur cinq ou quatre jours, et ne pas les obliger car dans certaines communes ce n’est pas possible.

Selon vous, concrètement, où sont les points d’insuffisance de la politique municipale actuelle sur la question sociale ? Pouvez-vous nous donner des exemples ?

Difficile à dire je n’ai pas d’exemple comme ça.

Par exemple, faut-il repenser la gestion des centres d’accueil des SDF à Lyon?

Je ne me suis pas encore totalement occupé de cette question. J’en dirais plus tard, je n’ai pas encore d’avis tranché sur la question. Je sais par contre qu’il y a des centres qui accueillent des Roms avec des aides sociales et moi je suis pour une politique migratoire différente.

En parlant des Roms vous avez dénoncé récemment« l’inertie » du maire actuel sur le dossier des Roms. Vous égratignez Michel Havard au passage. Vous accusez donc vos deux opposants de « soutenir avec constance les traités européens successifs qui nous imposent de subir ce problème des camps sauvages. ». N’est-ce pas un peu démagogique ? Car comme vous le savez, la question des Roms n’est pas dans les prérogatives du maire, ce sont les préfets qui ordonnent les expulsions. Concrètement que ferait un maire FN sur ce sujet ? Seriez-vous prêt à passer outre le préfet ?

Depuis 1992, date du traitée Maastricht, on avance vers une Europe fédérale, une Europe monétaire avec des abandons de souveraineté et notamment des frontières. On se rend bien compte qu’il y aura des conséquences avec l’augmentation du trafic d’armes (on a vu les armes de Bosnie déferlées sur la France) et aussi le problème de Roms, ethnie qui ne s’est jamais intégrée dans son propre pays (Roumanie, Bulgarie et un peu en Hongrie). L’UE donne de l’argent à la Bulgarie et à la Roumanie pour créer des camps d’insertion et pour intégrer ces populations qui sont quand même autochtones même si elles ont du mal à s’intégrer. Cela ne doit pas être le problème de la France.

L’UMP (Michel Havard) le PS (Gérard Colomb) ont toujours voté les traités qui libéralisent les frontières. La conséquence c’est que maintenant il y a des gens plus miséreux que nous qui veulent s’installer en France pour bénéficier des aides sociales et ça je suis contre.

Quand je vois un petit Rom ou un campement place Carnot en pleine nuit quand il pleut, c’est une misère, je trouve ça dramatique et justement j’en veux à ces politiciens qui ont des grandes vues déontologiques en nous disant que les frontières ne servent à rien, de laisser passer les gens. Mais dans ce cas là il faut s’en occuper et la France n’a plus les moyens d’accueillir ce genre de population. Il faut une expulsion immédiate de ces gens avec des aides au retour pour qu’ils s’insérent dans leur pays d’origine mais avec des frontières pour qu’ils ne puissent pas revenir.

Selon-vous, le préfet Carenco devrait ordonner plus d’expulsions ?

Évidement oui, c’est un jeu de dupe. Gérard Collomb fait expulser avec le préfet quelques camps quelques bidonvilles et après ils vont ailleurs c’est même très méprisant pour ces populations là. Soit on les expulse en leur donnant un pécule de retour afin qu’ils s’insèrent dans leurs pays d’origines, soit on les laisse venir mais dans ce cas il faut assumer. Bientôt on en aura 50 000 voir 60 000 en France. Il n’y a aucune raison que cela s’arrête.

Justement, selon Médecins du Monde les Roms sont actuellement environ 20 000 en France. Chiffre qui n’a d’ailleurs pas évolué depuis une vingtaine d’années.

Effectivement les chiffres officiels sont de 20 à 30 000 Roms actuellement mais le problème c’est que les accords de Schengen prévoient l’entrée de la Bulgarie et de la Roumanie au 1er janvier 2014 dans l’espace Schengen donc toutes ces populations roumaines et bulgares pourront s’installer librement dans le pays de leur choix. Il est évident que ces chiffres vont alors tripler voir quadrupler. Ce sont des gens qui sont malheureux chez eux et qui viennent chercher des aides sociales chez nous, c’est humain j’allais dire qu’ils ont raison de la faire d’ailleurs.

Ne pensez-vous pas qu’il faille plutôt leur trouver un logement décent en France ?

Absolument pas. On ne peut pas en accueillir 200 000 en France ce n’est pas possible. Puis quand il y en aura 200 000 il y en aura 300 000 qui voudront venir. On est en France, c’est comme ça. Il faut par contre les aider dans des systèmes de coopération décentralisée, pourquoi pas. L’Europe le fait déjà il y a des centaines de millions d’euros qui partent vers la Roumanie la Bulgarie et même de la Hongrie. Donc intégrons-les chez eux, aidons-les chez eux mais, de mon point de vue, il est impossible que ces populations s’établissent en France.

Si vous devenez maire de Lyon vous êtes prêt à passer outre le préfet et ordonner plus d’expulsion ?

Évidemment on sera bloqué par la législation actuelle mais si je suis maire de Lyon c’est que Marine le Pen sera présidente de la France et qu’on aura une majorité à l’assemblée. Dans ce cas là on pourra changer les lois et les traités et rétablir de véritables frontières intelligentes. On ne veut pas mettre des miradors partout ni des murs de six mètres de haut mais contrôler les gens qui rentrent sur notre territoire. C’est ce qu’il se passe dans 80 % des pays dans le monde. Il est évident que les frontières sont là pour contrôler les gens et les trafics, cela a toujours existé.

Manuel Valls, avec ces dernières déclarations, ne vous coupe-t-il pas l’herbe sous le pied ? Avec le PS qui tient de telles positions, vous n’avez pas peur de perdre un certain nombre de voix ?

Non au contraire il légitime nos thèmes comme l’avait fait avant lui Jean François Copé et Nicolas Sarkozy. En fait tous les hommes politiques viennent sur notre terrain, sur nos thèmes.

C’est la voie royal pour le FN. Le ministre de l’intérieur reprend ce que nous pensons depuis vingt-cinq ans. Il installe nos thématiques dans le débat politique donc forcement la question Roms sera centrale dans la campagne municipale. Manuel Valls, comme le dit Mme Duflot, se tire une balle dans le pied, il se met son électorat à dos même s’il fait des ronds de jambes sécuritaire car son électorat n’est pas prêt à entendre ce discours. Tous ces hommes politiques sont en train de reprendre des arguments qui sont ceux du FN depuis vingt-cinq ans alors pas spécifiquement sur les Roms mais sur  la question de l’immigration en général. C’est évident que les Français choisiront l’original et pas la copie, ils en payeront le prix aux prochaines élections.

Plus généralement, que faut il faire pour lutter contre la pauvreté à Lyon ?

Cela fera parti de toutes les mesures chiffrées que nous présenterons ultérieurement, comme l’accession au logement social qui sera favorisée. Nous souhaitons aussi mettre en place la préférence nationale mais ça c’est encore autre chose car cela doit être fait d’abord au niveau national pour pouvoir être appliqué au niveau local.¹

Je remarque que les transport à Lyon sont bien plus chers que dans les autres grandes villes. La vie étudiante à Lyon est aussi très chère mais je ne veux pas aborder tous ces thèmes car nous sommes en train de travailler dessus pour notre programme.

Ce que je peux dire c’est qu’il faut améliorer le pouvoir d’achat des gens. Or la première faute politique de Gérard Collomb avant même de rentrer en campagne fut de déclarer que les impôts allaient augmenter en 2014. Le programme du Front National prévoit de stabiliser les impôts pour les budgets en cours et de baisser le budget dès 2015. C’est-à-dire une économie généralisée sur un tas de postes que nous allons identifier. Pour redonner du pouvoir d’achats aux Lyonnais il faut arrêter de leur prendre de l’argent.

Prévoyez-vous une politique spécifique pour les personnes âgées ?

Oui on en aura une puisque les personnes âgées sont de plus en plus nombreuses en France. La population vieillie et les priorités seront aussi sur la dépendance. Tout le monde veut maintenir les personnes à domicile. Mais les familles sont dans le désarroi le plus complet. Cela coute très cher de placer des personnes âgée dans des maisons coûtants entre 2500 et 3000 euros par mois. Aujourd’hui ce n’est plus possible avec les retraites. Même garder les personnes âgées chez soi coûte très cher, notamment avec les infirmiers de jour et de nuit. C’est un problème très épineux. Avec la jeunesse c’est une de mes priorités.

Il existe des exemples d’EHPAD qui fonctionnent sur des partenariats public-privé. Il faudrait développer ce modèle avec des maisons de santé encadrées dans un cadre public. J’ai un ami directeur d’une EHPAD en Seine-et-Marne. La logique voudrait qu’il y ait des budgets pour en construire de plus en plus.

Faut-il repenser l’attribution de logements sociaux? Que pensez-vous de la loi qui impose un certain nombre de logements sociaux dans les communes (loi SRU) ?

La loi SRU est une bonne chose mais toutes les communes ne peuvent pas le faire. Il y a logement social et logement social. Je suis pour la priorité nationale pour les logements sociaux. Le logement social français doit appartenir aux Français en priorité, sans problème de couleur de peau ou de religion. Cela me semble être une évidence. Quand je vois le programme ANDATU des Roms alors qu’ils ont accès aux logements sociaux et que des français attendent depuis plus de dix ans d’être dans un trois pièces, ça me révolte. Il doit y avoir des critères plus clairs et transparents. Les critères d’attribution sont très opaques à Lyon. Il faut que ça change. Et il y a un manque de logements sociaux, même si on est en train d’y remédier. En France et à Lyon notamment.

Sur les grands travaux, on a vu se développer, sous Gérard Collomb, le quartier de la Confluence, les berges du Rhône, la Part-Dieu, l’Hôtel-Dieu. Quel est votre avis sur ces chantiers ?

Gérard Collomb va, soit-disant, partir en campagne mais il inaugure tous les jours. Ca vient à point nommé comme on dit. La confluence est un échec. Même si c’est une bonne idée au départ parce que c’est un nœud routier. On peut difficilement s’en sortir le samedi après-midi. On nous explique que dans trois ou quatre ans ça ira mieux. On verra. Les Lyonnais n’ont pas l’habitude de faire leurs courses alimentaires dans ce genre de centre. C’est un quartier en démarrage, ennemi du beau en matière d’esthétisme. J’aurai préféré que les choses se passent autrement.

Les berges du Rhône sont une bonne chose. Nous aurions pu le préconiser. Même s’il faut les sécuriser à certaines heures du jour et de la nuit. Je pense qu’il faut réconcilier les Lyonnais avec leurs fleuves. On a une chance historique d’en avoir deux dans notre ville. C’est une partie très importante dans mon programme, le transport fluvial.

Le musée de la confluence est un plantage total. Un plantage à la fois économique et esthétique. Ce sera une des grandes épines dans le pied de Michel Mercier et Gérard Collomb pour les cantonales en 2014.

Et le Grand Stade ?

J’aurai préféré qu’il reste à Gerland, c’est le centre historique de l’OL. J’ai été toute ma jeunesse au stade à Gerland. Mais le projet est privé, il se fait à Décines. J’aurai apprécié que le Grand Lyon et le département ne mettent pas autant d’argent pour un projet privé. L’argent du football est énorme. Le football peut générer son propre argent avec un projet privé. Je suis favorable à l’OL et son développement. C’est une équipe qui a des valeurs, qui est beaucoup moins « quatarisé » que d’autres. Il y a encore des valeurs avec Bernard Lacombe, Jean-Michel Aulas, Rémi Garde. Tout ça me parle. C’est une équipe assez enracinée. J’ai envie qu’elle progresse et se développe. Mais quand on dépense des centaines de millions d’euros pour un projet privé, ça me fait mal. On est pour le Grand Stade mais on est contre toutes ces dépenses que toute la population lyonnaise va devoir donner.

On vous a entendu critiquer le projet d’aménagement de l’Hôtel Dieu et du quartier Grolée…

C’est un plantage de plus. Ça date de 2004-2005 quand Gérard Collomb a vendu les bijoux de famille sans en retrouver les fruits de sa vente. Quand on passe dans ce bel immeuble (l’Hôtel-Dieu), c’est magnifique. Mais on se rend compte que c’est un désert commercial. Il ne fallait pas vendre à ces fonds de pension, qui se sont dépêché de revendre. On a aussi éloigné tous les commerçants qu’il y avait car les loyers sont bien trop chers. Il y a donc un gros problème du quartier Grolée à Lyon. Tout le quartier est en friche commerciale. C’est un problème à mettre au débit de Gérard Collomb.

Concernant les commerces, que faut-il faire pour aider les commerces de proximité ?

De différentes manières. Il faut absolument privilégier le commerce enraciné, le commerce indépendant. La rue de la République, et d’autres grandes artères de Lyon sont une suite de banques, de magasins de téléphones portable, de vêtements internationaux. Ce sont souvent les mêmes propriétaires qui changent d’enseignes tous les trois ans. La rue entière appartient à des fonds de pension émirati et anglais. Les Lyonnais ont été dépossédés de leur grande rue. Les mesures à mettre en place seraient d’avoir une préférence à l’achat pour des baux de commerces indépendants qui seraient plus favorables que des baux de commerces franchisés. Le stationnement est aussi un problème. Les commerces de bouches et indépendants sont relayés dans d’autres rues adjacentes. On se rend compte que les grandes artères de Lyon sont déshumanisées. On serait à Milan, Strasbourg ou à Barcelone, ce serait pareil.

L’une des préoccupations principales des Français c’est l’avenir économique du pays. Pour vous qu’elles sont les priorités sur le plan local ?

C’est difficile. Lyon attire de nombreuses entreprises. C’est bien. C’est à mettre à l’actif de Gérard Collomb. Il a pensé aux entreprises mais il a oublié les Lyonnais. Le tissu économique de Lyon se porte mieux en moyenne qu’en France. C’est pas mal. On peut rester en Région Rhône-Alpes ou à Lyon pour trouver des emplois. C’est une note plutôt positive. Cela part quand même un peu dans tous les sens. À la Part Dieu, Gérard Collomb nous annonce un million de mètres carrés de tours sans parking pour les véhicules.

Je pense que la région et Lyon sont une terre d’attraction pour le commerce et l’économie. C’est très bien mais tant qu’on aura la chape de plomb de la mondialisation, de l’Europe fédérale et ses délocalisations, ce sera difficile de conserver des grandes industries à Lyon. On voit Kem one, Calor, il pourrait y avoir une centaine de noms. C’est très difficile de se battre localement.

Comment favoriser les transports urbains ?

Ils sont déjà favorisés par un tissu de transports urbains intéressant. Mais ils sont surtout pénalisés par les verts, les communistes et les socialistes qui ont voulu faire sortir la voiture de la ville. C’est un enfer quotidien pour les Lyonnais. Il n’y a plus de stationnement, les voies ont été rétrécies pour les tramways. Il y a une insécurité permanente sur la route. On ne peut pas mettre tramways, modes doux et les voitures en même temps. Les grandes décisions n’ont pas été prises assez vite par Gérard Collomb. J’aurai plutôt poursuivi le métro, même si le projet de Michel Havard me semble utopique. Le métro est beaucoup plus simple et pratique que le tramway.

Il devait se battre dès 2001 pour le contournement ouest de Lyon, pour le bouclage du périphérique. Cela aurait désenclavé Lyon. Quand on voit que 150 00 voitures passent par Lyon par jour, c’est une catastrophe.

Vous avez d’ailleurs déclaré que le contournement autoroutier de Lyon était un dossier qui pourrait faire perdre la Mairie actuelle.

Je le crois, oui. Les Lyonnais sont ulcérés par tout ça. Gérard Collomb commence à s’en occuper en 2010 alors que ce projet était le projet à réaliser dès 2001. Ca devait être son dossier prioritaire. Il avait de très bonnes relations avec les ministres qui se sont succédés, peut être moins que Dominique Perben, mais il avait quand même ses entrées dans les exécutifs nationaux. C’est bien beau aujourd’hui de dire qu’on ne pourra pas le faire car l’Etat ne veut plus. Un maire doit faire pression et sait faire pression pour pleins de choses. Il aurait du s’occuper de ce problème, qui est le problème des Lyonnais depuis très très longtemps. L’anneau des sciences aurait dû être une priorité il y a dix ans.

Sur le contournement de Lyon, le rapport Duron a repoussé le contournement à l’horizon 2030. Que feriez-vous pour remettre ce contournement au cœur des préoccupations ?

Ce n’est malheureusement pas une prérogative du maire de Lyon.

Qui devrait payer pour ce projet ?

Cela relève des compétences nationales. Je ne crois pas qu’il faille un péage urbain comme à Londres. Je suis plutôt pour des canalisations de véhicules à partir de Villefranche ou du péage de Vienne. Il faut orienter les personnes qui n’ont rien à faire à Lyon par un contournement ouest qui serait obligatoire. On peut mettre une vignette pour les résidents de la Région et baisser le nombre de voitures qui passent sous Fourvière (150 000 véhicules par jour).

Vous parlez d’un projet pour développer le transport fluvial. Pouvez-vous développer ?

En étudiant un peu la question, je me suis rendu compte qu’en 1864, il y avait quatre millions de personnes qui voyageaient sur la Saône par an. Il y avait, de 6h à 20h, des navettes, toutes les six minutes, dans 25 gares différentes, sur les deux cotés de la Saône. 150 personnes par embarcation, chauffées avec petit déjeuner. La ligne aller de l’ile Barbe à Perrache. On peut faire maintenant ce qu’on faisait avant. Ca règlerait beaucoup de problèmes. On pourrait développer des navettes propres de l’ile Barbe.

Les TCL (OTL à l’époque) ont tué les navettes, qui étaient 40% moins cher que les transports à chevaux. Dès 1910-1912, il n’y avait plus aucune embarcation de transport à Lyon. Il faut y revenir. Il faut dépasser l’essai du Vaporetto à la Confluence. Les Lyonnais seraient heureux de laisser leur voiture dans des parcs relais et pouvoir faire leurs courses à Saint-Paul, à l’Hôtel de ville, Bellecour très rapidement. Si on a beaucoup de navettes et qu’elles sont sécurisées, on peut le faire.

Les pics de pollution des derniers mois le prouvent, il est très difficile de concilier la politique écologique et pouvoir se déplacer facilement dans Lyon. Comment concilier tout ça ?

Le transport fluvial donc. Pour ce qu’on appelle le dernier kilomètre, il faut avoir des camionnettes électriques. Il faut aussi que les voitures évoluent. Je ne crois pas à l’auto partage mais ça peut être un jour la règle. En tout c’est un peu utopique et bobo.

Il faut laisser la liberté aux gens et ne pas les enfermer dans un mode collectif, très insécuritaire et très cher. Les ayatollahs verts et de gauche avec Gérard Collomb ont absolument voulu faire une ville pilote, à Paris c’est pareil, en dénaturant nos routes, en resserrant les voies. On se rend compte que Lyon est embourbé, Lyon est embué. Avec une grosse pollution. Il faut laisser la liberté aux gens de se déplacer.

Sur la politique fiscale, vous voulez baisser les impôts. Lesquels ?

On est en train d’y réfléchir. Il est évident que les associations communautaristes et les syndicats n’auraient plus d’argent avec moi.

Les associations catholiques aussi ?

Peut-être oui. Il faudrait voir. En tout cas celles qui font la promotion d’un communautarisme. En France, et à Lyon en particulier, nous sommes d’inspiration catholique. Donc il y a des bâtiments à entretenir et restaurer.

Gérard Collomb, en matière de subventions, arrose pour entretenir le clientélisme. Je suis dans la commission culture à la Région, Jean-Jack Queyranne fait exactement la même chose. Il faut plus subventionner des associations qui vont à l’encontre du creusé national, de l’entente nationale française. J’ai d’ailleurs attaqué la décision du conseil municipal le 16 mai dernier qui prévoyait une subvention de 16 000 euros au conseil régional du culte musulman.

Un cabinet pléthorique du maire actuel travaille depuis le premier jour de son élection à sa future réélection. Il va falloir voir comment tout ça s’opère. On va faire un audit des finances de la ville. Même si l’endettement aurait pu être pire. Il y a pas mal de dépenses à contrôler, à juguler. Pour ça il faut avoir la volonté politique. On va dire que je suis ennemi de l’art contemporain, mais quand on voit que la biennale d’art contemporain coute cinq millions d’euros de budget public, c’est beaucoup trop.

Sur quels secteurs budgétaires allez-vous vous concentrer ?

Je le dirais prochainement, des gens travaillent là-dessus. Nous annoncerons notre schéma fiscal pour 2014 -2015 en novembre. Avec une stabilisation des impôts et de la pression fiscale sur 2014. Le budget aura déjà été voté, donc nous n’aurons aucune prise dessus. Par contre, en 2015, nous aurons une baisse des impôts.

Vous êtes donc favorables à un programme d’austérité au niveau local ?

Non, pas une austérité mais des dépenses intelligentes. Même si on mettra la pédale douce sur les grands investissements parce que Gérard Collomb a beaucoup investis, parfois de façon très chère. Par exemple, le musée de la Confluence, même s’il a été décidé avec Michel Mercier, les Lyonnais vont le payer pendant très longtemps. Un budget qui devait s’élever à 60 millions d’euros et qui maintenant atteint plus de 360 millions d’euros c’est énorme. Pour cela j’en veux beaucoup aux politiques de mon département. C’est facile d’être généreux avec l’argent des autres. Moi je veux que le pouvoir d’achat revienne et que les prélèvements obligatoires baissent dans ce pays et surtout dans cette ville.

Sur la question de la culture. Vous venez de le dire à l’instant : vous êtes très critique vis-à-vis de la biennale d’art contemporain. Cette opposition est ciblée sur cet événement en particulier ou sur l’ensemble de la politique culturelle de la ville, c’est-à-dire la biennale de la danse, la fête des Lumières, les nuits sonores, le festival Lumière, etc ?

J’aurais une vision différente de la politique culturelle c’est sûr. Il n’aura échappé à personne que la politique culturelle socialiste et la politique culturelle frontiste ne sont pas les mêmes. Mais nous ne sommes pas ennemis de la culture. Bien évidemment qu’il faut financer l’opéra, l’auditorium, la maison de la danse, etc. Nous avons des belles scènes à Lyon, il faut les garder et en faire la promotion. Par exemple, les Nuits sonores c’est une belle trouvaille mais il y a beaucoup de nuisances donc il faudra transformer cet événement, mais je ne suis pas contre les Nuits sonores.

La Fête des Lumières devient tout et n’importe quoi. Ça devient un supermarché de la lumière sur quatre jours, les Lyonnais ne peuvent même plus s’y rendre car c’est embouteillé du fait des millions de personnes qui viennent de partout. Je pense qu’il faut rendre le 8 décembre aux Lyonnais. Sans dire de faire les processions religions à Fourvière (il y en a encore heureusement) mais il faut rendre cette fête plus spirituelle qui n’aurait pas dû perdre son ce côté là.

Quitte à perdre un peu la dimension internationale de la fête des Lumières vous voulez la rendre aux Lyonnais ?

La rendre aux Lyonnais tout en conservant son rayonnement international puisque cette fête est connue.

C’est plusieurs millions de visiteurs par an.

Bien sûr. Certains côtés sont bons à garder mais quand vous poser la question aux Lyonnais, tout n’est pas rose. Cette fête des Lumières doit être à mon avis transformée.

Outre les grands événements culturels vous souhaitez réconcilier Lyon avec son patrimoine et son histoire. Pouvez-vous nous donnez des exemples ?

Il faut qu’il y ait beaucoup plus de liens entre la mairie centrale et les Lyonnais. Beaucoup plus de fêtes de quartiers dans les arrondissements, essayer de retrouver un tissu amical. Lyon, comme d’autres villes, se « boboise » et il est très difficile d’avoir des fêtes de cohésion populaire, notamment des fêtes nautiques pour revenir sur la question des fleuves, des fêtes des conscrits comme cela se fait dans d’autres villes pour recréer du lien social parce qu’on est dans une société qui est en train de se matérialiser complètement. Une des raisons de mon action politique c’est que je me satisfait pas d’une société qui se base sur l’ultra consommation et la perte des valeurs. Je ne veux pas revenir à un ordre ancien, ce n’est pas ce que je veux dire mais toute cette perte de valeur et cette société de consommation moi je me bat contre. Donc pour retrouver du lien social cela ne passe pas par les aides sociales et les subventions que Gérard Collomb veut bien distribuer.

Comment voyez-vous l’articulation entre sport professionnel et sport amateur ?

Il faut aider le sport amateur. Lyon aide beaucoup l’Olympique Lyonnais, c’est bien, mais il faut aider aussi le LOU. Personnellement, je préfère maintenant le rugby au foot pour tout un tas de raisons.

Mais avec le LOU on est encore dans le sport professionnel.

Oui mais il faudrait un peu plus l’aider. Et pourquoi pas l’établir à Gerland désormais ? Mais il faudrait que monsieur Braillard sorte des pattes de Jean-Michel Aulas, des champagnes et petits fours et aille un peu plus au LOU.

Le sport amateur doit être beaucoup plus aidé en France. Quand je vois que certains clubs de foot prennent des contrats d’association avec d’autres clubs français, par exemple des clubs de CFA 2 qui prennent des contrats avec l’AJ Auxerre. Il faut aider les clubs amateurs à se développer. L’argent du football professionnel doit davantage profiter à ces petits clubs. Au niveau de Lyon il faut développer le sport de masse. C’est très cher d’inscrire les enfants dans les clubs sportifs. Idem pour les cours de musique. J’ai été président de l’école de musique pendant huit ans, je sais ce que c’est et ça coûte très cher. Donc il faut un peu plus de gratuité, un peu plus d’engagement de la part de la mairie sur les clubs amateurs.

Vous souhaitez faire de Lyon une ville plus sûre. Au-delà de la déclaration d’intention, comment comptez-vous vous y prendre ?

Il y a plein de choses qui peuvent se mettre en place. Je vois que Gérard Collomb nous a piqué nos idées. Par exemple les caméras de vidéosurveillance. Je ne suis pas pour Big Brother, à être surveiller toute la journée mais force est de constater que les policiers municipaux et nationaux qui ont rejoints nos équipes de réflexions nous disent que les caméras de vidéosurveillance sont un appui aux troupes au sol. Mais elles ne doivent pas les remplacer parce qu’elles coûtent très cher tandis que les effectifs de la police nationale et municipale sont en baisse. Je veux donc favoriser le personnel de police municipale ou nationale. La police de proximité ça me va bien même si c’est une thématique de gauche.

Elle fut « inventée » par Lionel Jospin en 1998.

Pour moi elle est importante pour tisser du lien social, pour sécuriser les commerçants, rassurer la population parce que quand on a rien à se reprocher cela n’est pas dérangeant de voir un policier déambuler et discuter avec lui. La police n’est pas là que pour la répression mais aussi pour la prévention. La police municipale doit être en appui de la police nationale, le rapprochement doit être plus important, notamment la nuit. Mais cela supposerait de les armer avec des armes pas forcément létales mais un nouveau style d’arme. Les policiers nationaux s’en plaignent parce qu’en intervention ils ont besoin d’être sécurisé par d’autres policiers.

Mais quels genres de types d’armes vous préconisez ?

Il en existe beaucoup, non létales, bombe à poivre, taser, etc. Des armes qui ne tuent pas mais qui immobilise.

Pourtant, la Cour régionale des comptes note que la police municipale de Lyon est une des premières de France. Vous souhaitez l’augmenter davantage ?

On se rend compte que dans certains quartiers il en manque.

Lesquels ?

Les quartiers, je ne vais pas vous faire un dessin. Le quartier de la Duchère par exemple qui est le plus emblématique de la drogue, du shit, dans le département.

À propos de la Duchère, vous parlez de quels quartiers ? La Sauvegarde, Le Château, Balmont, Le Plateau, tous ?

Je parle de l’ensemble, ils ne sont pas si éloignés les uns des autres. Je parle de tous les quartiers qui ont été rénovés et dont les commerçants nous ont dit qu’ils n’en pouvaient plus, même après la rénovation. Il y a un problème de rénovation urbaine : beaucoup de personnes âgées sont restées parce qu’elles n’avaient pas le choix et elles constate que les parcs et autres espaces verts sont très loin de leurs habitations. Je trouve que c’est un quartier qui s’est beaucoup communautarisé même s’il est parfois calme car la loi du milieu communautaire s’applique mais lorsque les CRS ou la police vient mettre le nez dans les trafics ça s’agite un peu plus. Pour moi l’avenir des quartiers c’est une rénovation urbaine mais aussi une tolérance zéro pour tous les petits trafics qui augmentent de plus en plus. Ce n’est pas moi qui le dit ce sont les chiffres. Il y a d’ailleurs eu un reportage édifiant il y a quelques temps sur la télévision nationale.

Vous affirmez également que le quartier de la Duchère est tenu par des salafistes. D’où tirez-vous ces informations ?

Des commerçants qui étaient sur Le Plateau à l’époque, qui nous dissent que la Duchère a beaucoup changé en vingt-cinq ans.

Mais entre « beaucoup changé » et « tenu par des salafistes » il y a de la marge.

Oui beaucoup changé parce qu’avant il y avait les pieds noirs, une convivialité. On avait construit la Duchère aussi pour accueillir les rapatriés. Et de plus en plus ce quartier s’est communautarisé, islamisé et est tombé dans les trafics. Il suffit de s’y promener pour voir qu’il y a beaucoup de gens religieux qui font des revendications. Ça les commerçants nous le dise et je ne peux que l’accepter, je vois bien comment ça se passe, ce sont des preuves qu’on a eu.

Pouvez-vous nous expliquer votre projet Vigie Lyon ?

C’est une remontée d’info des policiers municipaux et nationaux. Quand ils sont appelés au 17 ce sont des interventions d’urgence. Ce qu’on voudrait faire c’est orienter les forces de police vers les trafics quotidiens, dans les cages d’escalier, dans les lieux où il y a de la prostitution (notamment place du Pont où ce sont des jeunes filles Roms).

Certains disent que c’est de la délation mais je ne pense pas qu’on en arrive là.

Mais concrètement comment cela fonctionne ?

Ce sera un numéro vert où il faudra se présenter…

Ce ne sera pas anonyme ?

Non car tout ce qui est anonyme n’est pas valable. Il faudra dire ensuite ce que l’on constate. Il ne faut pas voir ça comme de la délation mais de la mise en relation. Cela fait partie du programme de tolérance zéro que d’autres ont appliqué et qui a assez bien marché.

Par rapport à la violence, on note une augmentation des actes racistes envers les Juifs (+ 58 %) et les musulmans (+ 30 %). Allez-vous réagir contre ces hausses ?

Moi je n’y crois pas trop. Ça fait parler les gazettes. C’est ce que vous dites.

C’est le rapport annuel de la Commission consultative des droits de l’homme qui le dit.

Oui, c’est ça… C’est toujours à géométrie variable. Je crois qu’il y a beaucoup d’actes antisémites en France de la part de la communauté musulmane. Ça on le dit jamais. Souvent les guerres du Moyen-Orient sont importées dans les cités. Je ne pense pas que les Français, « de souche » j’allais dire, soient concernés par ces problèmes là. Il y a une hausse de l’insécurité religieuse, en France. On l’a vu avec l’histoire de Mohammed Merah. D’autres histoires pourraient se passer. Mais je ne pense pas qu’il faille culpabiliser les honnêtes gens avec ça. L’augmentation de l’insécurité est due au communautarisme et à l’immigration sauvage.

Seriez-vous prêt à diriger la ville avec des élus de l’UMP ?

Nous n’avons aucun accord avec l’UMP car nous sommes en désaccord profond sur de grands sujets. Mais, par contre, nous sommes tout à fait ouvert à des personnalités qui voudraient nous rejoindre sur une plate-forme électorale, de gestion assez précise, sur laquelle elles devront s’engager. Pour l’instant nous partons à la bataille tout seul avec les idées du Front national qui serait une sorte de troisième voie, une autre voie entre le Parti Socialiste qui a échoué et l’UMP qui a échoué avant lui. Le FN part à la bataille des municipales seul, serein, plein de dynamisme et je crois qu’à Lyon ça va se voir aussi. Après, si certains veulent nous rejoindre ils seront les bienvenus.

Donc il n’y aura aucun accord entre les deux tours des municipales entre le FN et l’UMP ?

On ne peut jamais dire jamais mais en tout cas il n’y aura pas d’accord avec les appareils UMP. Si certaines personnalités, dans un éclair de clairvoyance aux vues de chiffres (la clairvoyance arrive toujours après la fin du premier tour) veulent rejoindre nos listes du rassemblement bleu Marine ils seront les bienvenus, pour autant qu’ils n’ont pas été désagréable avec le FN et qu’ils portent un corpus de valeurs important pour nous. Mais pas d’accord UMP-FN, ça c’est sûr.

À l’heure où nous parlons avez-vous des contacts avec des élus locaux, ceux de la Droite Populaire par exemple ?

Surtout pas la Droite Populaire puisque ce sont nos adversaires les plus coriaces. Philippe Meunier et les autres c’est Canada Dry : ils sont là pour faire du FN mais dès qu’il s’agit de voter ils rentrent bien sagement à l’UMP pour avoir l’investiture la prochaine fois. Quand ces gens-là seront honnêtes ils rejoindront le Front national car ils parlent comme nous, et on pourra discuter. Pour l’instant nous ne les voyons pas, nous n’avons pas envie de les voir. Par contre, certaines personnalités de l’UMP, dans l’est lyonnais par exemple, veulent nous parler, évidemment, pour éventuellement préparer des plates-formes municipales. Mais il faut qu’ils lâchent le bord, très confortable, de l’UMP pour celui du rassemblement bleu Marine.

Très concrètement, vous leur demandez de démissionner de l’UMP s’ils veulent vous rejoindre ?

Il n’y pas d’accord bipartisme. Il y a un accord avec des personnalités, peut-être issues de l’UMP, qui adhéreraient non pas au FN mais au rassemblement bleu Marine qui est un sas avant de pousser la grande porte du Front national.

Que pensez-vous de la montée des groupes identitaires sur Lyon, comme celui d’Alexandre Gabriac ?

Gabriac n’est pas identitaire. On fait souvent l’erreur. Il fait parti de la mouvance des groupes de droite radicale : les Jeunesses Nationalistes, le Renouveau Français etc. A côté il y a les mouvement identitaires qui sont souvent régionalistes, pour l’identité de Lyon, et sont parfois assez proches de nos idées c’est sûr. Mais je ne me sens pas membre de la droite radicale, pas du tout.

Vous pensez que ces groupes identitaires ont vocation à entrer au FN à moyen terme ?

Ils pourront le faire, bien sûr, en acceptant la plate-forme de nos idées. On n’est pas très loin de certaines personnes. Mais je n’accepterais personne qui a été arrêté ou dont la personnalité s’est illustrée de mauvaise façon. Mais sur le plan des idées, les identitaires ont beaucoup à apporter à la défense de l’enracinement. Entre-nous soit dit, l’identité ce n’est pas la radicalité. Il y a une nuance à faire qu’on ne fait pas souvent. Par ailleurs, ces groupuscules sont en opposition, ils ne sont pas du tout ensemble. C’est bien la preuve qu’ils ne sont pas sur le même registre mais ils sont compatibles.

Question pour le  secrétaire départemental du FN que vous êtes, quel est l’objectif du parti sur l’agglomération du Grand Lyon et sur le département du Rhône ? Vous souhaitez mettre des listes partout ou vous avez ciblé quelques zones de l’agglomération ?

On a ciblé les grandes villes de plus de neuf mille habitants. Dans les endroits où on est fort on n’a pas beaucoup de cadres : à Mions, à Décines où on ne désespère pas de faire des listes. On aurait un socle de 30 % que beaucoup de partis nous envie. Toutes les grandes villes seront pourvues : Villeurbanne, Villefranche, Saint-Genis-Laval, Oullins, Sainte-Foy, Meyzieu, Saint Priest, etc. soit une vingtaine de villes. Mais toutes les listes ne sont pas complètes. On veut essayer de lancer quelqu’un à Caluire. Mais il reste six mois et il y a plus de la moitié des gens qui sont sur les listes. Donc je ne désespère pas d’avoir au moins vingt villes dans le Rhône pour accompagner la dynamique lyonnaise.

Et sur l’agglomération du Grand Lyon vous êtes ambitieux ?

Oui mais attendons  les résultats, on ne peut pas savoir à l’avance. La loi électorale est assez difficile à appréhender. Il faudrait faire rentrer des dizaines de conseillers municipaux et, ensuite, dans la métropole il faudrait qu’on puisse jouer un petit rôle d’implantation.

Je pense que les scores vont être très forts pour le FN même si à Lyon le terrain nous est moins favorable que dans d’autres régions de France. Mais la dynamique du FN est enclenchée et nous allons récolter les premiers fruits lors des municipales.

Si nos lecteurs et auditeurs veulent prendre contact avec vous où doivent-ils se rendre ?

À la permanence électorale, 38 cours de Verdun 69002 Lyon, où ils seront bien reçus. Il y a aussi un site Internet : http://christopheboudot2014.fr/

Sylvain Métafiot, Jean-Philippe Bonan, Sébastien Gonzalvez

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