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mardi, 31 décembre 2013
Cimes cinéphiliques 2013
Conformément à l'ancienne tradition datant de l'année dernière voici donc un petit top 10 subjectif, suivi d'un flop tout aussi arbitraire et la découverte de quelques classiques (notamment grâce au Festival Lumière).
Au sommet cette année
1) Le Loup de Wall Street de Martin Scorsese : implosion démentielle du self made man américain par la démesure de sa jouissance insatiable.
2) La Grande Bellezza de Paolo Sorrentino : la ballade douce et amer d'un dandy mélancolique.
3) Camille Claudel, 1915 de Bruno Dumont : l'épure du recueillement contre l’emprisonnement et la folie.
4) Leviathan de Lucien Castaing-Taylor et Verena Paravel : relecture apocryphe de l’Apocalypse en haute mer.
5) Michael Kohlhaas d'Arnaud des Pallières : western féodale et vengeance sèche.
6) The Grandmaster de Wong Kar-Wai : il était une fois en Chine la grâce du Kung-fu et la violence de l’amour.
7) Berberian Sound Studio de Peter Strickland : mise en abyme de la bande-son du diable.
8) Snowpiercer de Bong Joon Ho : science-fiction audacieuse, ruptures de tons incroyables et pas de côté anarchiste.
9) A Touch of Sin de Jia Zhang Ke : tableau cruel d’une modernité animale et sans merci.
10) L'inconnu du lac d'Alain Guiraudie : huis clos solaire, sensuel et meurtrier.
Ils méritaient aussi le coup d’œil
Mud de Jeff Nichols - The Immigrant de James Gray - Alceste à Bicyclette de Philippe Le Guay - La Danza de la realidad d'Alejandro Jodorowsky - Tel père, tel fils de Hirokazu Kore-Eda - Omar de Hany Abu-Assad - La Fille de nulle part de Jean-Claude Brisseau - La Venus à la fourrure de Roman Polanski - Le congrès d'Ari Folman - The World’s End d'Edgar Wright - Prisoners de Denis Villeneuve - Inside Llewyn Davis des frères Coen - Shokuzai de Kiyoshi Kurosawa - Blue Jasmine de Woody Allen - The Master de Paul Thomas Anderson - Gravity d'Alfonso Cuaron - Django Enchained de Quentin Tarantino - Blancanieves de Pablo Berger - Gimme the Loot d'Adam Leon - Lincoln de Steven Spielberg - Syngué Sabour d'Atiq Rahimi - A la merveille de Terrence Malick - No de Pablo Larrain - Cloud Atlas des Wachowski - L'artiste et son modèle de Fernando Trueba - The Place Beyond the Pines de Derek Cianfrance - La Religieuse de Guillaume Nicloux - Ill Manors de Ben Drew - Paradis : Espoir d'Ulrich Seidl - Paradis : Foi d'Ulrich Seidl - Stoker de Park Chan-wook - Trance de Danny Boyle - Le Passé d'Asghar Farhadi - Iron Man 3 de Shane Black - Jeune & Jolie de François Ozon - Ilo Ilo d'Anthony Chen - Jimmy P. d'Arnaud Desplechin - Ma vie avec Liberace de Steven Soderberg - La vie d'Adèle d'Abdellatif Kechiche - 9 mois ferme d'Albert Dupontel - Quai d'Orsay de Bertrand Tavernier - Renoir de Gilles Bourdos.
Déceptions et larmes de sang
1) Spring Breakers d'Harmony Korine : métaphysique fluo made in MTV.
2) Möbius d'Eric Rochan : ZZZzzzZZZzz
3) Elysium de Neill Blomkamp : méchants en haut, gentils en bas, gentils gagnent.
4) Grand Central de Rebecca Zlotowski : absence cruelle d'explosion nucléaire.
5) The Bling Ring de Sofia Coppola : la route est maladroite et la pente vide.
6) Man of Steel de Zack Snyder : Sangoku filmé par Christopher Nolan.
7) Casse-tête chinois de Cédric Klapish : la mondialisation heureuse des petits bobos.
8) All is Lost de J. C. Chandor : que d'eau, que d'air, que de rien.
9) Only God Forgives de Nicolas Winding Refn : pose ennuyeuse pour psychanalyse de bazar.
10) Pacific Rim de Guillermo del Toro : porno geek balourd.
Grandes découvertes
Rashômon d'Akira Kurosawa (1950)
Le Président d'Henri Verneuil (1961)
Et vogue le navire de Federico Fellini (1983)
Rome, ville ouverte de Roberto Rossellini (1945)
Gun Grazy de Joseph H. Lewis (1950)
La Dernière corvée d'Hal Ashby (1974)
Furyo de Nagisa Jasny (1983)
Che strano chiamarsi Federico d'Ettore Scola (2013)
Exodus d'Otto Preminger (1960)
Crime passionnel d'Otto Preminger (1945)
La Fiancée du pirate de Nelly Kaplan (1969)
Le Joli Mai de Chris Marker et Pierre Lhomme (1963)
Le Désert des tartares de Valerio Zurlini (1976)
Plein soleil de René Clément (1960)
La belle et la bête de Jean Cocteau (1946)
Les Enchaînés d'Alfred Hitchcock (1946)
Les Mille et une nuits de Pier Paolo Pasolini (1974)
Découvertes Ingmar Bergman :
Le septième sceau (1957)
La source (1960)
Scènes de la vie conjugale (1974)
Sonate d’automne (1978)
On remarquera, au passage, que l'individu post-moderne (cynique, narcissique et préoccupé uniquement par son plaisir personnel) fut au cœur de nombre de films cette année, pour le meilleur (Le Loup de Wall Street) ou le pire (Spring Breakers, The Bling Ring).
Que certains blockbusters réussirent à tirer leur épingle du jeu (Snowpiercer, Gravity) quand d'autres pataugèrent dans le même magma caricatural et imbécile (Man of Steel, Elysium, Pacific Rim).
Que le cinéma français a dévoilé de très belles œuvres aussi violentes qu'intimes (Camille Claudel, 1915, Michael Kohlhaas, L'inconnu du lac, Alceste à Bicyclette) mais également procuré de bonnes siestes (Grand Central, Möbius) et des spasmes d'irritation (Casse-tête chinois).
Qu'enfin, James Gray, Jeff Nichols, Alejandro Jodorowsky, Roman Polanski, Woody Allen, les frères Coen, Jean-Claude Brisseau ou Tarantino auraient aussi mérités de figurer parmi les meilleurs de cette année. Peut-être en 2014 !
Sylvain Métafiot
14:21 Publié dans Cinéma | Tags : cinéma, sylvain métafiot, top 10, 2013, le loup de wall street, martin scorsese, la grande bellezza, paolo sorrentino, camille claudel, 1915, bruno dumont, leviathan, michael kohlhaas, arnaud des pallières, lucien castaing-taylor, verena paravel, the grandmaster, wong kar-wai, berberian sound studio, peter strickland, snowpiercer, bong joon ho, a touch of sin, jia zhang ke, l'inconnu du lac, alain guiraudie, spring breakers, harmony korine, möbius, eric rochan, elysium, neill blomkamp, grand central, the bling ring, sofia coppola, rebecca zlotowski, man of steel, zack snyder, casse-tête chinois, cédric klapish, all is lost, j. c. chandor, only god forgives, nicolas winding refn, pacific rim, guillermo del toro, rashômon, akira kurosawa, le président, henri verneuil | Lien permanent | Commentaires (6)
Commentaires
Deux films en commun (et le Guiraudie n'est pas loin chez moi).
Deux déceptions aussi pour ma part : une assez lourde, Snowpiercer, et une autre, moins grande (mais tout de même j'en attendais plus), A Touch of sin.
Pas vu le reste de ce top (Berberian... m'intrigue pas mal) mais le Paolo Sorrentino m'inquiète beaucoup. Son "Divo" était déjà gratiné mais alors son machin avec Sean Penn en Robert Smith, ça m'a vraiment retourné l'estomac. Donc grande méfiance...
Écrit par : Edouard | samedi, 04 janvier 2014
Merci pour votre commentaire, Édouard !
Berberian Sound Studio est vraiment une petite perle du film d'horreur, habilement mis en scène et labyrinthique dans son dénouement. C'est également un bel hommage au giallo.
Je n'ai pas vu les précédents films de Paolo Sorrentino et est découvert La Grande Bellezza un peu par hasard. Les meilleures séances étant celles où l'on découvre les films avec le moins de préjugés ou d'attentes possibles, je fut très agréablement surpris par l'amertume de cette dolce vita contemporaine.
Votre classement est très intéressant ! J'ai beaucoup hésité à mettre The Immigrant, Mud et La Venus à la fourrure, car ils font partis, à mon avis, des grands films de cette année.
Écrit par : Sylvain | lundi, 06 janvier 2014
Tiens, je n'avais pas commenté ce top :) Je constate que tu as mis mes favoris dans la deuxième partie du panier (on se retrouve seulement sur le Scorsese). Je constate que tu as vu également beaucoup plus de films que moi (j'aimerais avoir plus de temps pour ça) et que tu fais partie des détracteurs de "Spring breakers" (ma grande curiosité de l'année).
Et sinon, ça vaut vraiment le coup "Quai d'orsay" et "Renoir"?
Écrit par : dr orlof | lundi, 13 janvier 2014
En effet, doc, j'ai vu pas mal de films cette année. Le chômage aidant...
Comme je le disais plus avant, j'ai beaucoup hésité à mettre des films comme Mud, Shokuzai, La Fille de nulle part ou The Immigrant car je trouve que ce sont d'excellents films.
Mais il convient toujours de faire des choix quand on fait un top.
Concernant Spring breakers, j'ignore ce qui m'a le plus énervé : son vide béant maquillé sous des aspects (faussements) subversifs et arty ou le fait que bon nombre de critiques aient crus à cette manigance.
Sinon, Quai d'orsay est une comédie un peu poussive et fatigante mais drôle par moments.
Quant à Renoir, je l'avais trouvé sans prétentions, bien interprété et baigné par un naturalisme provençale agréable.
Écrit par : Sylvain | mardi, 14 janvier 2014
Hors les 3 films en commun, je n'avais pas vu les autres films de ton top au moment où j'ai élaboré le mien.
Dans ton flop, des films qui m'ont fortement déplus et d'autres que j'ai bien aimé (OGF, Spring Breakers, Pacific Rim, …)
Belle sélection de reprises !
Et bonne année bien sûr.
Écrit par : nolan | jeudi, 16 janvier 2014
Bonne année à toi aussi, Nolan !
Il est vrai que les films de mon flop font débat (ceux de mon top aussi !), notamment concernant Spring Breakers pour lequel j'aurais du mal à changer d'avis.
J'avais été très déçu par Only God Forgives car je m'attendais à un film beaucoup moins prétentieux.
Quant à Pacific Rim, il est sympatoche mais franchement imbécile.
Écrit par : Sylvain | vendredi, 17 janvier 2014
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