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mercredi, 19 mars 2014

« La sécurité est un droit » : interview d’Élisabeth Brissy Queyranne

 

Après Lyon et Villeurbanne le CLIC s’intéresse aux élections municipales à Bron avec Mme Élisabeth Brissy Queyranne, candidate sans étiquette. Pour l’interroger : Sebastien Gonzalves du Lyon Bondy blog, Jean-Philippe Bonan et Sylvain Métafiot de Forum de Lyon.

 

Vous pouvez écouter l’intégralité de l’entretien ici.

 

Vous avez été adjointe à la culture à la ville de Bron jusqu’en 2011, quelles ont été les raisons de votre séparation avec l’actuelle équipe municipale de Bron ?

aerodrome de bron,anne guillemot,bron,caserne raby,élections municipales,mediathèque,métropole,roms,forum de lyon,sylvain métafiot,Élisabeth brissy queyranne,sécurité,droit,villeurbanneLa première des raisons c’est la médiathèque, très vite je me suis rendu compte que nous n’étions pas en phase avec le maire sur ce sujet. Et dés le début du mandat je m’opposais en interne sur ce dossier qui impliquait une augmentation des impôts. Je trouvais cela abusif car nous abordions une période de crise. Au départ, nous avions envisagé une médiathèque pour un coût de huit millions d’euros, or il en fallait quatorze, le maire a tablé sur un coût de 12 millions d’euros ce qui n’avait pas de sens. Pourtant, même si j’avais des doutes sur l’emplacement de la médiathèque, son coût et sur ce que cela pouvait obérer sur d’autres budgets (baisse des budgets pour les personnes âgées et l’éducation) je l’ai porté loyalement au sein du conseil municipal.

 

Mais quand le maire, avec une petite poignée d’élus autour d’elle, à choisi un autre projet architectural que celui désigné par un jury qui réunissait des professionnels de l’architecture et du monde de la culture, j’ai alors refusé de voter le budget de la ville qui était impacté à 40 % par le coût d’investissement de cette médiathèque. Voilà l’origine de ce conflit qui aurait pu en rester là car on était dans un élan qui emmenait le PS vers quelque choses d’extrêmement positif au niveau national. Mais je ne pouvais pas rester sans voix face à quelque chose que je trouvais injuste, non pas pour moi, mais pour la ville de Bron.


Avez-vous trouvé des soutiens au sein de équipe municipale dans votre opposition à cette décision ?

Au départ nous étions très nombreux à nous opposer à cette médiathèque puis nous nous sommes retrouvé à huit, tout le monde ayant préféré rentrer dans le rang afin de garder son confort. Moi j’ai eu le courage, avec sept autres élus, de dire non et de m’opposer à ce projet absurde et décidé de manière autoritaire contre l’avis des Brondillants.

 

À t-il été facile de monter une liste face à l’équipe municipale actuelle ?

Je dirai que c’est une longue histoire puisque cela fait plus de trois ans que je suis dans l’opposition à la municipalité sortante. Au départ j’ai monté une association, puis on a constitué des groupes de travail, des commissions pendant une année où les gens se sont réunis autour de thématiques tels que le cadre de vie, la sécurité, éducation… C’est quelque chose qui a formidablement fonctionné : on était une soixantaine environ et à c’est à partir de cette histoire que j’ai réfléchi à la constitution de la liste. Nous l’avons monté sans problème avec des personnes représentatives de Bron, des jeunes et des moins jeunes et en respectant la parité. Nous avons même plus de monde que prévu et c’est d’ailleurs un crève cœur de voir des gens de qualité qui ne pourront pas être sur la liste ou qui seront en situation inéligible. Notre liste est constituée de gens qui représentent la diversité culturelle, la diversité de quartier, la diversité d’âges et nous sommes assez serein pour aborder cette campagne avec cette équipe qui travail activement à mes côtés.

 

Quelles thématiques sont sorties de ces groupes de travail ?

Elles portent sur ce qui nous opposait au départ avec le maire, parce que derrière la médiathèque il y a des questions plus importantes qui sont apparues. On s’est rendu compte que les priorités n’étaient pas prises en compte, cette médiathèque allait impacter d’autres budgets, notamment celui de l’éducation. On avait beaucoup de retour de personnes mécontentes sur l’entretien du patrimoine scolaire, sur la place dans les écoles et dans les crèches. Après il y aussi ce que l’on voit sur les difficultés de la jeunesse à Bron, les problèmes d’insécurité.

 

Nos thématiques se sont formées assez naturellement par un travail sur le terrain, à travers nos réunions publiques, les comptes-rendus de nos commissions et le travail de porte-à-porte que nous avons fait pendant plus d’un an. Notre programme est vraiment en phase avec la population.

 

Que pensez-vous du projet Lyon Métropole ? Et quel est l’intérêt, selon vous, pour Bron d’intégrer cette métropole ?

J’émets des réserves par rapport à cette métropole. Notre force et notre originalité est de n’appartenir à aucun parti politique, notre équipe est constituée de personnes qui viennent de différents horizons politiques. Nous ne voulons pas être le vassal du Grand Lyon et ce quelque soit la couleur politique de son patron, nous voulons défendre l’intérêt local.

 

Ce qui nous inquiète aujourd’hui dans la métropole c’est un hyper-centre hyper bien équipe en commerce, en activité économique, en beaux logements et des banlieues hyper densifiées. La métropole accélère la densification urbaine de l’est lyonnais contre laquelle je m’insurge. Ce que je crains à travers la métropole c’est qu’il y ait une désertification des campagnes et une ghettoïsation de nos villes de l’est lyonnais et ça c’est très grave. Cela concerne Lyon mais aussi la France entière.

 

Une des question qui préoccupe le plus nos concitoyens est celle de la politique de la petite enfance et plus précisément des places en crèches ? Pensez-vous qu’il y ait assez de places de crèches à Bron ?

Non, bien sûr, et c’est un des thèmes important de notre programme. Il y a beaucoup de naissances sur Bron : à peu près mille par an et il y a seulement 275 places en crèches, c’est totalement insuffisant. Aujourd’hui il faut attendre au minimum un an pour avoir une place en crèche.

 

Il faut mettre en valeur plus que cela n’est fait actuellement les assistantes maternelles a travers des relais d’assistance maternelle que nous proposons de développer sur l’ensemble du territoire brondillant. Dans nos actions de porte-à-porte on a rencontré beaucoup d’assistantes maternelles qui sont au chômage et qui n’ont pas d’enfant à garder. Nous souhaitons aussi nous appuyer sur les crèches privés, les villes sont frileuses vis-à-vis des crèches privés or il faut s’orienter vers cela. Il faut réintroduire des crèches comme Baby-loup qui ont été maltraitées. Je voudrais créer plus de micro crèches en ville en les aidant quant aux locaux. Ces crèches ont des subventions CAF et sont deux à trois fois moins onéreuses que les crèches publiques. Mais, bien sûr, nous créerons aussi une crèche public, c’est évident : soit sur le tènement de la caserne Raby soit aux Essarts, peut-être sur les deux. Il est certain que quand on défend la place des femmes au travail, la première priorité c’est de leur permettre d’avoir des places en crèches pour pouvoir accéder au travail.

 

Pour ce qui est des écoles primaires, que pensez-vous de la remise en question de la semaine de quatre jours ? L’appliquerez-vous si vous êtes maire ?

Je l’appliquerai parce que c’est la loi. Je regrette qu’à Bron nous n’ayons pas été leader dans ce dossier quand on a soutenu François Hollande, comme moi à l’époque, comme Mme Guillemenot encore et toujours aujourd’hui. Il fallait être précurseur dans ce domaine, or c’est plutôt la concertation du secret comme on a l’habitude de le faire à Bron et je le regrette. On parle de concertation mais on a aucun retour sur ce que veut faire la ville par rapport à ces rythmes scolaires alors que je suis conseillère municipale.

 

Je pense que cette reforme est une bonne chose. Il serait intéressant de faire des partenariats avec l’université Lyon 2, de créer des contrats avec les étudiants. Par rapport au rythme scolaire il faut profiter de cette opportunité pour permettre aux enfants d’accéder de manière ludique à la musique, aux arts plastiques mais aussi à un renforcement de l’apprentissage de la langue française (et de l’anglais) car nous avons beaucoup d’enfants qui parlent mal le français. C’est important d’accéder à ce type de formation dans un cadre périscolaire d’autant plus que nous avons une richesse à Bron avec l’université et le CFMI. Il ne faut pas que l’école se transforme en lieu de loisir avec des activités macramé, poney, etc.

 

Bron accueille aussi l’Université Lyon 2. Que préconisez-vous pour cette population étudiante en terme de logement, de transports, de vie culturelle ?

C’est l’arlésienne : à chaque élection on nous parle des jeunes sur cette université. Pauvres jeunes qui ont fait une pétition par rapport au T2 qui n’a absolument rien apporté à notre ville si ce n’est des nuisances. Il faut monter au créneau pour que des travaux soient fait dans cette université.

 

De plus, je pense que nous pourrions développer des partenariats en terme de manifestations culturelles comme la Fête du livre puisqu’on a une université tournée vers les lettres, le numérique et l’image. Il ne s’agit pas de monter d’autres manifestations culturelles, il faut les redéployer, les redéfinir, et à travers ce qui existe déjà on pourrait associer plus et mieux les étudiants qui sont aujourd’hui délaissés. On pourrait aussi essayer de chercher, en partenariat avec le privé, des lieux sympas où les étudiants pourraient se retrouver le soir pour boire un verre, écouter de la musique, discuter. Il n’y a rien dans cette ville le soir, c’est un désert de tristesse. Il faut absolument trouver ces lieux. Par exemple, il y a une très jolie maison en face du fort de Bron qui était un garage, beaucoup d’étudiants m’ont demandé pourquoi on ne construit pas un café à cet endroit. Et bien non ce lieu va être démoli pour bétonner parce qu’à Bron on ne choisi pas la vie mais la bétonisation.

 

 C’est contre cette vision « du tout béton » que je m’insurge. On se mobilise pour que les gens puissent vivre bien à Bron, qu’ils puissent se promener tranquillement avec des trottoirs plus larges pour les personnes âgées et les handicapés, avec des squares agréables à vivre et non pas sales, souvent malodorants, et où traîne des seringues.

 

Selon vous, concrètement où sont les points d’insuffisance de la politique municipale actuelle sur la question sociale ? Pouvez-vous nous donner des exemples ?

Sur la question sociale, il faut développer une politique de proximité vers les personnes âgées en terme de service. Aujourd’hui, il y a des portages de repas qui fonctionnent bien, mais il faut multiplier les aides. Le maire à repris une de mes idées à propos de l’aide au transport des personnes âgées c’est bien mais les coûts sont encore trop élevés. Il faut développer des transports à très bas coûts notamment pour les personnes âgées.

 

Il faut mieux détecter les personnes isolées pour aller à leur rencontre, notamment les femmes seules. Nous voulons aussi créer des centres médicaux sur Parilly et Terraillon, car aujourd’hui il y a une désertification de ses secteurs en terme de santé, c’est pourquoi nous voterons des subventions sur ces quartiers. Mais bien sûr ces centres seront ouverts à tous les Brondillants. J’ai rencontré des médecins, des responsables de l’ARS afin d’axer dans notre programme ce volet santé notamment sur la prévention envers les femmes et le cancer du sein mais aussi sur les jeunes.

 

Un autre axe à développer c’est celui de l’insertion, il faut réussir l’insertion à Bron. Dans le cadre d’un service public nous pouvons peut-être intégrer des personnes de notre commune sur des emplois d’utilité publique comme la propreté, la sécurité, etc.

 

Faut il repenser la gestion des centres d’accueil des SDF ou déléguer ce problème à la seule ville de Lyon ?

Bron paye déjà un lourd tribut par rapport à ça, aujourd’hui c’est quelque chose de pris en charge par l’État et par le Département. À Bron il y a des organismes autour de Forum réfugiés qui font du bon travail. Il y a aussi des choses qui sont faites par la ville pour intégrer des personnes réfugiées, même si c’est insuffisant par rapport à l’école et ça je le déplore.

 

Prenez ce qui a été fait sur la caserne Raby avec l’accueil de trente familles Roms. Je n’étais pas d’accord, j’ai eu le courage de le dire et j’ai été stigmatisé pour l’avoir dit. C’est un sujet grave, le sujet des Roms, il faut en parler sans honte et sans hypocrisie. Il faut regarder ce dossier au niveau national. Quand les gens déclarent il faut les accueillir et qu’après ces mêmes personnes ne peuvent pas le faire et se retournent vers l’État en disant aider et que cela coûte des millions d’euros, ce n’est pas responsable. Si on doit les accueillir à Bron on doit avoir une vraie politique par rapport à cela, on ne peut pas se laisser imposer trente familles Roms et après faire l’autruche et ne pas suivre la scolarité des enfants.

 

Moi je me serai opposée à l’accueil de ces familles Roms parce que Bron paye déjà un lourd tribut de familles défavorisées sur la commune et on ne peut pas aller au delà de ce que nous faisons déjà aujourd’hui. Mais dès l’instant où nous les avons je m’aurai fait un défi de les intégrer. J’aurai mobilisé fortement les associations caritatives pour que ces familles trouvent une véritable intégration. Aujourd’hui ça va mieux car les associations s’en occupent. Je sais qu’il y a eu de gros dysfonctionnements pendant un long moment notamment à l’école « La garenne ». Il ne faut pas laisser ces jeunes enfants Roms en déshérence faire la manche à la sortie de l’école, comme cela m’a été signalé à différentes reprises. On voit que ça n’a pas été pensé, aujourd’hui on a une non politique sur notre ville. Maintenant qu’ils sont là, donnons-nous les moyens de réellement les intégrer, ou alors il fallait les refuser au départ.

 

On est toujours dans une formidable hypocrisie et c’est ce que je regrette dans les partis politiques : si on est de droite on stigmatise des population d’une manière pas toujours clair et si on est de gauche on dit qu’on les accueille mais finalement on ne fait rien de plus. Je le dénonce. Et c’est la force de notre équipe de ne pas vouloir rentrer dans un discours partisan, nous voulons prendre les problèmes à bras le corps pour l’intérêt des Brondillants et des personnes que nous accueillons sur notre ville.

 

Selon les chiffres du Grand Lyon, Bron compte 30% de logements sociaux. Que pensez-vous de ce pourcentage ? Comment faire pour améliorer la mixité sociale dans cette ville ?

En réalité, nous avons plus de logements sociaux car certains logements font office de logements sociaux de type privé. Ils sont en accession à la propriété, assimilés au logement social car ils sont en location.

 

Si on ajoute cela au logement social pur et dur, le logement social privé comme c’est le cas à Terrayon, on est a beaucoup plus que 30%. Aujourd’hui il faut savoir que 56% des Brondillians ne payent pas d’impôts. Faut-il aller plus loin ? Je ne le pense pas, ce n’est pas possible. Il y a le risque de la bascule. Je suis certaine que les élections prochaines sont majeures. Elles marquent un changement de vie, un changement de ville. Les Brondillians commencent à s’en rendre compte et me suivent dans ce sens. Ils constatent qu’il y a une bétonisation à outrance. Il y a aujourd’hui 1 200 logements en cours de construction, en cours de commercialisation. Ces logement intègrent énormément de logements sociaux. Moi je dis STOP. On ne peut pas avoir plus de logements sociaux. Essayons aujourd’hui de valoriser le patrimoine du logement social existant, essayons de le réhabiliter, de le rendre digne, de permettre aux gens qui y habitent de vivre mieux. Si nous voulons réaliser des crèches, mener des politiques culturelle, sportive, d’intégration, nous ne pouvons pas développer encore plus la politique du maire sortant, c’est-à-dire une politique toujours plus social au nom du fait qu’elle est de gauche. Ce n’est plus supportable. Je pense qu’il faut rééquilibrer cela. Il y avait 20% de pavillonnaires, et nous sommes en train de tomber à 16%. J’entends dire qu’on multiplie le pavillonnaire, c’est faux. Dans les zones où il y avait des jardins ils deviennent des zones où il y a une densification des maisons. Si je suis élue, je reviendrai sur le plan local d’urbanisme et de l’habitat, je reviendrai sur ces zones pavillonnaires. Je pense qu’il y a un équilibre à respecter. Bron a une identité, une histoire. Je n’entends pas dire que Bron est une ville classée à l’UNESCO, ce n’est pas ce que je veux dire, je comprends qu’une ville doit évoluer, mais il y a des équilibres à respecter.

 

Il y a des habitants à respecter, et aujourd’hui, les zones pavillonnaires sont menacées. Là où il y avait une seule maison, désormais il y en a quatre. Ainsi, en 2014, les électeurs auront un choix de vie à faire car cette ville est en train de basculer dans le mauvais sens depuis une dizaine d’années. Il va falloir prendre un tournant à 180°. Aujourd’hui, Bron est une ville que plus personne ne veut. Par exemple, des villes comme Décines, Saint-Priest reviennent alors que nous nous reculons. Nous allons vers une densification des années 70 alors qu’ailleurs il y a un mouvement de dé-densification. C’est très grave.

 

Quelle est votre vision, dans le domaine de l’urbanisme, de Bron 2020 ?

De ne pas ajouter plus de pierre à la pierre. Il faut réintroduire du bonheur dans cette ville et cela passe par plus de jardins, par une plus belle qualité de vie. Cela ne veut pas dire construire des logements très chers et inaccessibles. Les gens sont confrontés soit à des logements trop chers soit à des logements bas de gammes. Il faut réintroduire les classes moyennes qui partent, notamment ceux de 30 ou 40 ans ou les personnes âgées qui voudraient acheter mais qui trouvent cela trop chers.

 

Il faut réintroduire des lieux intergénérationnels, avec des habitats pour tous, des jardins potagers, des jardins sur les toits, réintégrer la haute qualité environnementale, préserver l’équilibre pavillonnaire. Arrêter de densifier.

 

Vous parliez tout à l’heure de la caserne Raby. Avez-vous un projet pour la réhabiliter ?

Oui. Le permis de construire devrait être signer à la fin 2014 sur la base du projet proposé par l’OPAC du Grand Lyon et sur lequel le maire sortant à donner son aval. Je suis opposée au projet actuel qui prévoit la construction de 1 000 logements. On parle de concertation, mais qui est au courant ? Dans le cahier d’enquête publique, la moitié des éléments sont présents. Si la municipalité sortante est reconduite, la construction de 1000 logements va se produire : 250 en logements sociaux, 250 en accession sociale privée. Ce n’est que dans un troisième temps que l’on verrait l’activité économique comme le service à la personne. Je pense que la première chose à faire sur ce quartier n’est pas de recréer un Parilly bis au bord du périphérique. Et c’est ce qui est en train de se passer.

 

Ce terrain est une formidable opportunité. Il est entouré d’hôpitaux. Il y a une activité économique en lien avec les hôpitaux qu’il faut développer, autour de la recherche, de la technologie. Il y a une véritable attente, notamment de la part de certains médecins. Il y avait 430 logements, il faut retrouver 430 logements, pas plus. Au départ, le maire sortant s’était engagé à ne pas construire plus de 700 logements. Il n’y a aucun comparatif, à part Parilly, sur la ville, si on construit ces 1000 logements. Il faut profiter de ce terrain pour construire une crèche. Je crois qu’il y en a une qui est prévue, mais celle-ci n’absorbe pas la capacité de logement. Elle ne répondra pas aux attentes. Il faut aussi en profiter pour construire un EHPAD, qu’on attend depuis très longtemps. Par rapport à aux maisons riveraines, cela serait dommage d’avoir une zone urbaine très dense.

 

Au sujet des commerces de proximités, que proposez-vous pour booster leurs activités, afin que les Brondillians restent dans leur ville et ne se rendent pas en centre-ville de Lyon ?

Il y a un constat d’échec. On avait annoncé il y a 15 ans que la densité urbaine et l’arrivé du tramway allait aborder plus de commerces. Force est de constater que ce n’est pas le cas. Nous n’avons pas assez de commerce de bouche. On pourrait avoir comme dans le 8e arrondissement de Lyon des restaurants d’enseignes. Je trouve dommage que nous n’ayons pas négocié avec les promoteurs des commerces en pas de porte. Il est urgent d’introduire des commerces. Ce n’est pas trop tard. Il y a un programme prévu en face de la mairie, ou des zones commerciales sont envisagées. J’espère que je pourrais négocier avec eux pour ne pas avoir une nouvelle banque ou assurance, ce genre d’activités qui est déjà omniprésente dans la ville. Je m’attacherai donc, avec les prometteurs, à retrouver des commerces de bouches, vestimentaires, parfumeries sur cette zone mais aussi sur la boutasse. Je pense qu’il faut plus travailler avec la chambre de commerce. Même si on entend que cela n’est pas du ressort de la ville, je dis le contraire. Le rôle du maire doit être le lien avec les autres acteurs, partenaires : État, chambre de commerce, région. Il doit être un facilitateur pour négocier afin de retrouver du commerce sur la ville. C’est aussi là-dessus que je m’attellerai.

 

Sur le secteur économique, le maire sortant a déclassé des zones économiques afin de densifier en logement social. Comme a Geney. Pour moi, c’est une zone économique qu’il faut préserver. Dans le cas du PLUH, il faut réintroduire des zones artisanales, des zones économiques afin que les gens qui habitent leur ville puisse y travailler, notamment dans le quartier Saint-Exupéry. Nous essayerons de reclasser ces zones.

 

Il y aussi de grandes enseignes à Bron, notamment dans la zone de Porte des Alpes. Comment faire pour les conserver ? Et sur le plan personnel, êtes-vous favorable au travail du dimanche ?

Oui je pense que le monde a changé. Je suis favorable au travail le dimanche dans la mesure où les Française le réclame. Dans le mesure où il y énormément d’étudiants qui travaillent le dimanche, comme on peut le voir à Ikea. Un étudiants sur deux est aujourd’hui contraint de travailler. C’est triste mais c’est comme ça. Les gens de plus en plus achètent sur Internet car ils n’ont pas le temps de faire des courses. À force de s’arc-bouter sur des idéologies du non travail le dimanche, on va tout faire fermer. J’ai longtemps pensé qu’il ne fallait pas travailler le dimanche. Mais il faut suivre les évolutions de la société, sinon, avec des idéologies absurdes, on va tous mourir. Oui je suis pour le travail du dimanche pour ces grandes enseignes. Aujourd’hui, nous sommes contents que Casino soit ouvert le dimanche matin dans le centre-ville. C’est très pratique.

 

Avez-vous un projet pour améliorer le centre commercial de Porte-des-Alpes ? Souhaitez-vous modifier l’emprise de grand centre commercial ?

C’est un quartier qui va beaucoup bouger et nous aurons notre mot à dire. J’ai entendu le maire sortant parler d’urbanisation du secteur de la Boutasse jusqu’au secteur de Décathlon. Attention ! N’urbanisons pas sous le prétexte que l’agglomération doit prendre en compte 150 000 logements. À Bron, ça va ! Nous avons assez pris. Je m’oppose catégoriquement à cette urbanisation. Réintroduisons plutôt des services publics, des commerces et essayons de faire que notre ville retrouve une belle image. Les entrées de la ville laissent aujourd’hui à désirer. Il faut aussi réaménager la route de Genas car c’est une vraie anarchie en terme d’image et d’identification architecturale. Je souhaite aussi que le boulevard urbain Est permette une belle entrée de notre ville à travers des commerces et une architecture de qualité. Même chose quant à l’aéroport.

 

Abordons ce sujet si vous le voulez bien.

Sur l’aéroport de Bron, nous sommes dans une formidable hypocrisie. On parle de 70 000 à 120 000 mouvements. Les écologistes voudraient fermer l’aéroport. Je suis pour le maintien de l’aéroport dans la mesure où il contribue à l’image de notre ville. Je suis pour garder l’identité de Bron. Je pense qu’il ne faut pas aller vers une densification des vols. Il faut rester sur la base de 70 000 mouvements et arrêter les vols de nuit. Quand l’aéroport a fermé en 1974, des constructions se sont faites sur cet espace en pensant qu’il n’y aurait plus de mouvement. En réalité, les mouvements ont progressé. Le grand stade va apporter de nouveaux mouvements. Je souhaite que l’aviation d’affaire soit réduite. J’ai interpellé David Kimelfeld qui disait dans la presse qu’il fallait booster l’activité économique sur cet aéroport par une intensification des mouvements, alors, qu’en même temps il y avait un vote qui disait l’inverse. J’ai demandée des réponses. Une fois de plus, au PS, on reste schizophrène. Je suis donc pour le maintien à 70 000 et qu’on puisse dédommager les personnes qui vivent autour – comme ça été fait à Satolas, et de maintenir la nuit les vols de sécurité (gendarmerie, hôpitaux…).

 

Vous avez deux lignes de tramway à Bron. Est-ce suffisant ou trop ? Quelle est votre vision sur les transports urbains à Bron ?

Je pense que le tramway est une bonne chose même si le métro aurait été mieux. J’ai toujours considéré que c’était dommage de ne pas avoir pu/su négocier un métro sur la ville.

 

Je me suis opposée à la construction de la ligne T5 qui a un tracé aberrant. Nous avons aujourd’hui 150 rames par jour qui traversent notre ville. Cela créé des nuisances sonores mais aussi de la pollution. Des citoyens se plaignent que leurs vitres sont très sales car les voitures restent en arrêt. Il faut savoir que sur l’avenue de Tassigny, il y a huit feux. On met parfois vingt minutes pour faire un kilomètre. Les voitures restent donc longtemps en ronronnement, c’est insupportable. À l’Est de Lyon, 80% des personnes qui travaillent utilisent leur voiture. Alors dire qu’on va chasser la voiture, c’est absurde. Donnons la possibilité aux gens de pouvoir voyager en dehors de leur véhicule. Le tracé de ligne T7 est absurde. Il désert seulement trois stations à Bron, pour un coût de 80 millions d’euros. On s’est très bien que cette ligne fut construite pour desservir le Grand Stade. Et, aujourd’hui, le tribunal a annulé le T5 jusqu’au Grand Stade. C’est du grand n’importe quoi. Soit la ligne partait tout droit et allait jusqu’au boulevard urbain Est et cela avait du sens, notamment car cette zone va être amenée à se densifier. Soit elle bifurquait comme cela mais à ce moment là, elle allait desservir Terraillon. Si elle prenait ce tracé là, elle devait desservir la zone économique. Alors que dans les faits, rien n’a été pris en compte. C’est le tracé le plus bête qui soit. Les riveraines et riverains veulent vendre leur logement par les nuisances de propretés et sonores.

 

Seriez-vous prête à demander la baisse des rotations de tramway à Bron ?

Non, on ne peut plus aujourd’hui du fait des étudiants à transporter à Lyon 2. Certains problèmes, notamment concernant le bruit des rails, ont été résolus mais ils restent insuffisants. Il faut travailler à l’isolation phonique. Il y a déjà eu cinq accidents de voiture entre le carrefour de la rue du 8 mai, la rue du Lac de Tassigny et la rue Franklin Roosevelt, ce n’est pas tolérable. On se croirait dans une gare de triage, c’est à pleurer de voir ça. J’espère que les Brondillants sanctionneront un pareil bilan.

 

En terme d’insécurité, quelle politique mènerez-vous sur la ville de Bron ? On sait qu’au niveau national, le nombre d’actes antisémites et celui d’actes anti-musulmans ont augmentés, et, plus localement, le quartier de Terraillon a été classé zone de sécurité prioritaire.

Dans votre question il y a beaucoup de sujets abordés : la sécurité pure et dure et le racisme, l’antisémitisme, etc. Les actes d’incivilité par exemple, je ne les lient pas à des actes de personnes mais plus à des actes de quartier. Il y a des problèmes d’insécurité sur Bron, ils sont importants, ils ont augmentés de plus de 8 % au quartier du Terraillon. On ne peut que le déplorer. Nous avons demandé à ce qu’il y ait plus de vidéos de vidéo protection. Le maire, à quelques mois des élections, en met en place mais c’est juste des affichages. Nous nous aurons, dans notre programme, un véritable volet « sécuritaire ».

 

Vous êtes donc pour la multiplication des caméras de vidéosurveillance ?

Oui. J’appellerais plutôt ça vidéo protection. Aujourd’hui il y a douze policiers municipaux sur la ville de Bron, c’est totalement insuffisant. Nous allons développer leurs équipes en nous appuyant sur l’exemple de Saint-Priest qui a une équipe de douze personnes en journée renforcée par une équipe de nuit pour que, 24h sur 24, nous ayons une police qui soit en charge de la sécurité. Une police de proximité à laquelle les Brondillants puissent se fier. Nous aurons donc des équipes de nuit. Nous allons organiser un PC sécurité autour de vidéo protections. Nous allons faire un audit sur l’ensemble de la ville en partenariat avec la police nationale pour repérer les zones d’insécurité (commerces, équipements publics, etc.). Ce que le maire sortant a mis en place ce sont des vidéos dont les images partent dans la nature. Il faut que ces images soient reliées à un PC sécurité. Nous reverrons le contrat local de sécurité (le CLSPD) pour développer un partenariat entre la police municipale et la police nationale. C’est-à-dire une police armée pour les équipes de nuit.

 

Vous souhaitez armer la police municipale ?

Non, pas la police actuelle. Elle sera redéployée sur une tranche de 7h à 19h et reliée par une équipe de nuit qui sera armée comme cela se fait dans de très nombreuses villes qui soient de droite ou de gauche (à Lyon, à Saint-Priest, etc.). La sécurité est un droit. Il y a des quartiers privilégiés comme le mien mais lorsque j’ai vu le nombre de personnes habitants des quartiers en difficulté qui se sont fait agresser, dont on a jeter des pavés sur leur voiture, je me dis qu’on ne peut pas vivre dans des zones de non-droit. Le respect de la République c’est le bien-vivre ensemble. On nous rabat les oreilles avec le vivre-ensemble et la mixité sociale. Au départ, il faut remettre les fondamentaux dans l’ordre : liberté, égalité, fraternité. La liberté s’arrête là où commence celle des autres.

 

 Par rapport au racisme, je regrette qu’on les assimile aux actes d’insécurité. Pour moi ce sont deux choses complètement différentes. Il faut mieux intégrer les enfants dans le cursus scolaire. Dans notre programme il y aura le volet concernant les densifications urbaines et la qualité de vie, ainsi que le volet « sécurité et intégration scolaire ». Aujourd’hui l’ascenseur social ne fonctionne plus et moi je veux prendre ma part. Un des domaines du maire c’est l’école, les crèches, la petite enfance, le patrimoine scolaire et l’intégration des enfants. Aujourd’hui il y a des enfants de quatre ans qui sont dans la rue. Cela concerne aussi les jeunes de 15 à 25 ans qui se plaignent, sont malheureux, ils n’ont pas de lieu où se retrouver. Il faut donc travailler avec les centre sociaux et les partenaires sociaux. Cela rejoint le volet social évoqué tout à l’heure. Il faut que les jeunes puissent trouver un emploi, qu’ils remettent le pied à l’étrier, qu’ils puissent se retrouver et qu’ils ne traînent pas dans la rue.

 

Nous avons une maison de justice à Bron et nous veillerons à ce qu’elle occupe pleinement sa place : nous voulons lui donner plus d’importance. Nous voulons aider les jeunes ayant commis de petits délits, par des travaux d’intérêt général, à trouver des solutions assez vite pour que les situations ne s’aggravent pas davantage.

 

Quelle politique fiscale appliquerez-vous à la ville de Bron ? Sur quels secteurs budgétaires allez-vous accentuez vos efforts ?

Nous n’augmenterons pas les impôts. Gérard Collomb a dit qu’il augmenterais les impôts dès son élection, je pense que c’est un mot d’ordre donné : quand la ville augmente les impôts le Grand Lyon les augmente à son tour un peu plus. Pour payer une autre Maison de la danse à Confluence, etc. Non, je n’augmenterais pas les impôts de la ville de Bron. Les réduire, cela me paraît très difficile dans la situation actuelle. Ne soyons pas démagogique : la droite évoque cela, notamment au niveau national. Aujourd’hui il n’y a que 56 % des gens qui payent des impôts… Mais il n’y aura pas dans mon programme des projets pharaoniques du type médiathèque, etc. Il n’y aura que des choses en proximité, en redéploiement de ce qui existe aujourd’hui. Nous étudions à l’euro un programme pour ne pas augmenter les impôts et qui soit en adéquation avec le budget de la ville de Bron. Je m’y engage noir sur blanc.

 

Vous êtes plus favorable à une politique d’austérité ?

Non, je ne suis pas spécialement favorable à une politique d’austérité, comme au niveau national. Une politique d’austérité serait réduire les impôts et il n’y aurait plus de services rendus. Et je n’entends pas réduire les services à la population de Bron. On doit pouvoir y arriver avec ce qu’on a par un certain nombre d’audits, de redéploiements.

 

La ville de Bron possède de nombreux équipements culturels. Si vous êtes élue est-ce que vous continuerez de vous appuyer sur ces grands équipements ?

C’est une inquiétude aujourd’hui car on ne connaît pas le coût de fonctionnement de la  médiathèque de Bron. Le maire sortant a aussi construit une salle de spectacle à la MJC dont le coût de fonctionnement n’a pas été évalué non plus. Il va falloir s’atteler à la rénovation de la MJC qui est en piteux état : elle n’a jamais été refaite, il y a de l’amiante, pas d’accès handicapé, etc. J’étudierais des partenariats pour que des familles puissent avoir accès à des coûts moindres car il n’y a que les personnes aux revenus relativement élevés qui accèdent à la MJC. Les activités sont trop chères.

 

Sur l’espace Albert Camus j’ai travaillée sur la réhabilitation de la salle de spectacle. J’ai permis de pouvoir intégrer, dans les travaux, la possibilité qu’il y ait des décors sur la scène. Je regrette que la demande de l’association Crescendo autour de la musique et du chant choral n’ait pas été prise en compte. De même que la pris en compte de la qualité acoustique de l’équipement. Je mets à mon actif les travaux qui ont été réalisés.

 

Mais la culture ce n’est pas que du bâti et de la construction, notamment une médiathèque, construite il y a trente ans et qui ne répond plus aux attentes d’aujourd’hui. On réfléchira donc avec les associations sur une meilleure intégration au sein de la médiathèque. Je souhaite qu’il y ait plus d’entrée à l’espace Albert Camus qui fonctionne avec un petit budget car on mise tout sur l’investissement et quasiment rien sur le fonctionnement. Il y a pourtant quelque chose qui fonctionne très bien qui est Pôle Pik avec Mourane Merzouki. Jean-Jacques Queyranne était à l’origine de cette initiative que le maire a repris ensuite. Moi-même j’ai été artisan sur ce projet et j’ai œuvré pour le site soit classé en CCN. Pôle Pik est un lieu formidable qui rayonne, qui travaille en partenariat avec la Villa de la danse.

 

Je pense qu’il faut qu’il y ait d’autres entrées que le hip-hop dans la culture : des entrées théâtres et musiques. Il y a aussi le cinéma des Alizés qui malgré ses subventions souffre beaucoup, comme nombre de cinéma en France mais plus particulièrement à Bron. Il faudra rebooster ce cinéma, pas forcément grâce aux subventions mais à travers des aides que je ne souhaite pas révéler tout de suite. Il y a des possibilités en termes de marketing, de communication, de faire venir des Brondillants à ce cinéma.

 

Comment faire en sorte qu’une population à faible pouvoir d’achat puisse accéder à ces lieux culturels ?

C’est une vraie question. Je souhaite que les gens puissent accéder à la MJC. Il y aura des partenariats, des aides… Sur l’espace Albert Camus ce sera étudié aussi. Idem pour le cinéma mais là ce n’est pas un problème de prix que de diversité de programmation. Il faut également donner aux associations la possibilité de s’exprimer mieux. Il faut recréer quelque chose qui avait été supprimé : un centre culturel associatif indépendant mais qui puisse travailler avec la ville et qui soit une force de proposition associative.

 

Si des gens souhaitent vous contacter, quelles démarches doivent-ils faire ?

On peut m’écrire sur mon site Internet.

On peut aussi m’adresser un mail : e.brissy.queyranne@gmail.com

Ou me contacter par téléphone au 06 31 22 56 58

Et sur ma page Facebook.

 

Sylvain Métafiot

 

Article également disponible sur Forum de Lyon

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