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mardi, 29 juillet 2014

Contre Foucault

 

Il fut une période où, lisant à l’université des extraits d’un philosophe considéré comme un génie subversif et novateur, je tombais sous le charme de sa pensée, récitant les antiennes obligatoires à son endroit, le citant sur le blog avec fierté ça et , etc.

 

Des années après, je découvre un ouvrage incongru, provocant, battant en brèche les idées reçus patiemment collectées sur ce « grand » penseur auprès des professeurs, journalistes et autres cultureux officiels. Un livre au titre impertinent : Longévité d’une imposture : Michel Foucault de Jean-Marc Mandosio aux (excellentes) éditions de L’Encyclopédie des Nuisances, suivi de Foucaultphiles et foucaulâtres. Extraits :


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michel foucault,sylvain métafiot,philosophie,french theory,collège de france,subversif,jean-marc mandosio,longévité d'une imposture,foucaultphiles,foucaulâtres,encyclopédie des nuisances« Pourquoi s'en prendre à Michel Foucault ? Parce que le culte qui lui est voué, en France et à peu près partout ailleurs dans le monde (plus même peut-être qu'en France), constitue une excellente illustration du « dessèchement de la pensée par la répétition paresseuse de sempiternels lieux communs ou par une frénésie conceptualisatrice faisant souvent fi de toute rigueur ». Il m'est apparu d'autant plus nécessaire de mettre l'accent sur la banalité et l'incohérence des idées de Foucault, que celui-ci passe, aux yeux de ses thuriféraires pour le parangon de l'audace intellectuelle et de la rigueur conceptuelle. En exposant l'imposture consistant à présenter des lieux communs comme des nouveautés révolutionnaires et à ériger en modèle de rationalité un discours flou et inconsistant, j'ai voulu contribuer à la réhabilitation de l'esprit critique, pour lequel il n'existe pas de vaches sacrées. »

Foucaultphiles et foucaulâtres

 

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« Il y a chez Foucault, comme chez la plupart de ses contemporains à prétention philosophique, une prolifération conceptuelle qui est surtout, à bien y regarder, une inflation verbale. On croirait, à les lire, que l'acte de penser doit nécessairement se traduire par des formulations extravagantes. Ce ne sont certes pas les seules nécessités du concept qui le justifient ; cette productivité langagière a bien plutôt pour fonction de signaler au lecteur qu'il a sous les yeux les écrits d'un puissant penseur, dont les recherches éminemment novatrices ne peuvent se dire que dans un langage inouï et ne sont donc pas à la portée du premier venu.
Un tel langage constitue, en quelque sorte, un signe distinctif, conformément à une stratégie bien connue de positionnement par différenciation sur le marché des idées. Que les concepts en question, comme dans le cas de Foucault, soient souvent flous ou à géométrie variable n'est pas gênant ; bien au contraire, c'est la garantie pour les commentateurs qu'ils auront du travail.

 

[…]

 

michel foucault,sylvain métafiot,philosophie,french theory,collège de france,subversif,jean-marc mandosio,longévité d'une imposture,foucaultphiles,foucaulâtres,encyclopédie des nuisancesLe principal talent de Foucault aura sans doute été de donner une forme philosophico-littéraire aux lieux communs d'une époque. Cela a déjà été maintes fois constaté, comme le rappelle Merquior :
"Nombreux sont ceux qui ont remarqué la parenté entre le type d'écriture de Foucault et le marché parisien des idées. George Huppert discerne le succès de Foucault à Saint-Germain-des-Prés dans sa capacité à donner "l'impression de dire quelque chose de radicalement nouveau alors que, en même temps, et à la satisfaction du jeune lecteur, il se révèle que ses découvertes s'intègrent suprêmement bien dans le mouvement général des idées qui sont alors en vogue". Cela est assez juste, mais il convient me semble-t-il d'y apporter une nuance : Foucault n'a peut-être en effet rien dit qui soit, en substance, radicalement nouveau, mais dans une certaine mesure il le renouvelait pour des oreilles radicales."

En bon écrivain postmoderne appliquant avec zèle les règles du marketing des idées, Foucault s'adapte constamment à la tendance du jour, mais son discours ne cesse jamais d'être réversible, si bien qu'il se réserve toujours la possibilité de s'en démarquer et de proclamer sa singularité. Il est structuraliste sans l'être tout à fait ; il flirte avec les maoïstes sans se confondre avec eux ; il soutient brièvement les "nouveaux philosophes" avant de les lâcher... De même, dans La Volonté de savoir (1976), il prend ses distances à l'égard de l'idéologie de la "libération sexuelle", qui fait alors fureur, avant de faire l'éloge du "mode de vie homosexuel" californien, fondé sur l'hédonisme pur et la sexualisation à outrance.

S'il fallait résumer en une formule le contenu essentiel de sa philosophie, toutes périodes confondues, une phrase qu'il a lui-même prononcée vers la fin de sa vie conviendrait parfaitement : "Le programme doit être vide". Quoi de meilleur, en effet, qu'un programme vide fait d'insertions contradictoires et d'injonctions équivoques, pour satisfaire tout le monde ? C'est ce qui explique l'étonnante diversité des utilisations actuelles de l’œuvre de Foucault. Le noyau dur de ses héritiers se situe toutefois dans la ligne "vacarmiste-multitudinaire". Les auteurs qui s'en réclament aspirent tous, en bons intellectuels citoyennistes, à faire la même carrière de "philosophe militant" que leur maître, qui reste à ce jour l'exemple le plus achevé d'anti-institutionnalisme institutionnel. »

Longévité d'une imposture

 

Sylvain Métafiot

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