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lundi, 04 août 2014
Le charabia des philosophes
Dédicace à Hegel, Martin Heidegger, Jacques Lacan, Jacques Derrida, Roland Barthes, Alain Badiou, Michel Foucault, Slavoj Žižek, Bernard Stiegler, Peter Sloterdijk... et tous les jargonneux prétentieux.
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« Le truc consiste à artistiquement écrire d'une façon obscure, c'est-à-dire incompréhensible. La vraie subtilité consiste à arranger son galimatias de manière à faire croire au lecteur que c'est lui qui se trompe s'il ne comprend pas, alors que l'écrivain sait très bien qu'il est seul responsable, vu qu'il ne dit rien de clairement compréhensible, de clairement pensé. [...] Chaque misérable scribouillard [peut ainsi se délecter] dans une obscurité prétentieuse, barbante, de façon à laisser croire qu'il n'y avait pas de mots en mesure d'exprimer ses éminentes ou profondes pensées. Au lieu de s'efforcer par tous les moyens d'être clair pour le lecteur, il semble lui crier d'un air narquois : "Je suis sûr que tu ne peux deviner ce que j'ai dans l'esprit !" Si ce dernier, au lieu de répondre : Va te faire voir ! Et de jeter le livre, s'efforce en vain à y voir clair, il finit par croire que le livre doit être quelque chose de très habile, dépassant sa capacité de compréhension, et, haussant les sourcils, qualifie l'auteur de penseur profond. »
Arthur Schopenhauer, Parega et Paralipomena
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« Qui se sait profond, s'efforce à la clarté : qui veut paraître profond aux yeux de la foule, s'efforce à l'obscurité. Car la foule tient pour profond tout ce dont elle ne peut voir les raisons : elle a si peur de se noyer ! »
Friedrich Nietzsche, Le Gai savoir
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« L'effort vers la clarté fait partie de l’honnête. L'obscurité, en philosophie, [...] n'est [souvent] qu'une fumée à l'aide de laquelle on donne l'illusion de la profondeur. J'ai souvent employé cette métaphore : lorsqu'on veut montrer la profondeur d'un puits, il ne faut pas y envoyer de la fumée, mais un jet de lumière. »
Jeanne Hersch, Éclairer l'obscur : Entretiens avec Gabrielle et Alfred Dufour
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« Le sens commun dit : si seulement ils m'écoutaient un instant, si seulement ils pesaient mes raisons avant de me donner tort, si seulement ils avaient une idée des idées d'autrui et des sentiments qui les accompagnent ou qui les ont déterminées ! Ils n'écoutent qu'eux mêmes, ils sont sourds, inaccessibles et distants. Ils ont sacralisés leurs propres idées, ils les ont pétrifiées, ils leur ont immolé des victimes, ils leur ont consacré des rites. Ce sont des monologueurs, pas des dialogueurs. Ils monologuent, monotones, sur les paroles des autres et leur passent dessus avec la légèreté d'un char d'assaut... »
Raffaele La Capria, La Mouche dans la bouteille : éloge du sens commun
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« Il n'y a pas d'idée philosophique, si profonde ou si subtile soit-elle, qui ne puisse et ne doive s'exprimer dans la langue de tout le monde. »
Henri Bergson, « Quelques mot sur la philosophie française et l'esprit français », Le bon sens ou l'esprit français
Sylvain Métafiot
20:07 Publié dans Littérature | Tags : charabia, philosophes, sylvain métafiot, jargon, prétentieux, verbeux, obscurs, jeanne hersch, hegel, martin heidegger, jacques lacan, jacques derrida, roland barthes, alain badiou, michel foucault, slavoj Žižek, bernard stiegler, peter sloterdijk, raffaele la capria, henri bergson, arthur schopenhauer, illisible, clareté, lumière | Lien permanent | Commentaires (0)
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