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mardi, 18 novembre 2014
L’Autre, ce facho : Gauchet, Finkie & Co.
Cet article est une réécriture de celui-ci, publié dans Le Comptoir
Débattre ? Quelle drôle d’idée ! Faisons plutôt une pétition. Argumenter ? Enfilons vite notre Indignation en bandoulière et toisons l’ennemi de loin en plissant les yeux ! Polémique des Rendez-vous de l’Histoire de Blois oblige, le mépris, l’insulte et la diffamation semblent constituer la sainte Trinité des penseurs du Bien, du Bon et de la Bienveillance. Petite synthèse du sectarisme à la française.
Beaucoup de pages ont déjà été noircies sur cette pathétique affaire (voir « Nos Desserts » en fin d’article), symptomatiques d’une société où les opinions sont censées s’exprimer sans entraves et qui est incapable de débattre sereinement, du fait de « mises en garde contre les dérives », d’injonctions au « combat contre la haine », à « l’insurrection contre l’ultraréaction », etc. qui paralysent la discussion, figent les positions et stérilisent la pensée. Symptomatiques de l’intolérance des Tolérants. Jean-Claude Michéa, Jean Bricmont, Christophe Guilluy, Frédéric Lordon, entre autres, en ont également subi les frais. Paix et Amour obligatoires, sinon c’est ma main dans ta gueule !
Feu de tout blois contre les réac ! (© Libé)
Chez les Gardiens de la pensée unique, l’obsession idéologique côtoie les affirmations sans preuves. Et si des faits viennent brouiller leurs repères simplistes, ils en viennent directement à l’insulte et au lynchage médiatique. Une spécialité pour les « trois vrais intellectuels » que sont Édouard Louis, Geoffroy de Lagasnerie et Didier Eribon. Loin d’être un homophobe patenté doublé d’un « sinistre idéologue ultra-réactionnaire » Marcel Gauchet est surtout coupable de ne pas s’agenouiller devant les idoles de la « pensée critique » que sont Michel Foucault et Pierre Bourdieu, préférant se réclamer de Raymond Aron. On entend ainsi, nous rappelle Philippe Muray, « tout au fond de la gorge des vertueux accusateurs, les flammes de l’enfer qu’ils ont recueilli en eux-mêmes, tout en l’épurant de la surface du monde, et qui crépitent haut et clair dans les vocables antiques qu’ils emploient (« populisme », « fascisme », « réactionnarisme », « archaïsme », etc.) » Qu’un soldat de l’Empire du Bien traite son interlocuteur de facho, c’est du temps de gagné sur un éventuel débat. Il est plus aisé de condamner l’autre en le traitant de pétainiste plutôt que d’écouter ses arguments. Rendez-vous compte : le risque d’être convaincu par la démonstration de l’adversaire est bien trop grand.
Le problème est bien celui d’un manichéisme politique prenant appui sur un absolu moral non moins binaire. Muray ne disait pas autre chose dans Exorcismes spirituels III : « Ce qui m’indispose, c’est le Bien sans Mal. C’est le Bien se dressant seul, au terme d’une radicale épuration éthique, et dictant ses exigences dans un univers sans contradiction. » Une épuration linguistique également : « Nous sommes tous des colonisés du Bien qui parlons la langue du colonisateur (mais ce colonisateur, c’est aussi nous !) » Évacuer le Mal, c’est-à-dire l’Histoire, est idéal pour soulager sa conscience. La France du mouvement ne veut pas convaincre, elle veut vaincre. Vaincre la France du passé, forcément réactionnaire.
Cette obsession du mouvement inexorable – qui gesticule mais n’avance pas – confine à la dévotion, ainsi que l’énonce Pierre-André Taguieff : « Le culte contemporain du « Changement », qu’on trouve dans l’espace politique comme dans l’espace publicitaire, représente la dernière figure prise par le système des croyances progressistes. Pour le dire d’un mot, ce culte rendu au dieu « Changement » est le degré zéro de la « religion du Progrès », aujourd’hui moribonde. La principale figure contemporaine du néo-progressisme est ce que j’ai appelé en 2000 le « bougisme« , disons, pour simplifier, le culte du mouvement pour le mouvement, du changement pour le changement, fondé sur le postulat que « changer » est bon en soi, ou que le changement incarne une valeur intrinsèque, qu’il faut donc le vouloir en tant que tel. Une fois convertie au « changisme » ou au « bougisme », la propagande politique ne se distingue plus du discours publicitaire. »
Confiance aveugle, et fascinante, que celle des dévots du Dieu Progrès en l’idée que l’histoire progresse et que demain sera forcément meilleur qu’aujourd’hui. « Le formidable progrès des sciences, joint au désarroi général et à l’envie sourde de se débarrasser du fardeau sexuel est en train de fusionner dans une espèce d’idéologie new age qui n’a même plus besoin de dire son nom. » (Muray)
Mariage gay, pensée triste
Déjà à l’époque de la discussion de la loi sur le mariage homosexuel, nous avions eu droit à de formidables non-débats partout en France, chaque camp s’étant spécialisé dans le brassage de vent idéologique : Éole progressiste contre Typhon réactionnaire. Soit l’illustration du fameux « Moderne contre Moderne » de Muray : la gauche qui geint face à la droite qui éructe (ou l’inverse, selon les humeurs). Une opposition factice dégoulinante de moraline avançant masquée et de façon insidieuse. Mais foin d’une morale religieuse traditionnelle, c’est, nous rappelle Muray, « sous le joug d’une autre religion implacable que commence le XXIe siècle : le Moderne. Le Moderne pour le Moderne. Le Moderne en soi. » De la même manière que « Festivus festivus est l’individu qui festive qu’il festive ». Ce néo-individu qui a dégagé tous les anciens clivages, toutes les antiques dualités et contradictions (notamment sexuelles) et qui se complaît dans « la grande guerre tautologique, la grande tautomachie de l’avenir, celle du Moderne contre le Moderne, puisqu’il n’y a plus d’antagonismes qu’à l’intérieur du Moderne ».
Rappeler, par exemple, aux manifestants de la Manif pour Tous que manifester contre une loi qui est déjà votée (mariage homosexuel) et contre une autre qui ne le sera pas (GPA) est pour le moins absurde et gesticulatoire n’affleure pas nos professionnels de l’Indignation. Ils préfèrent se répandre en jérémiades, à l’instar du « surdoué » Xavier Dolan sur les ondes d’Europe 1 : ce sont rien que des méchants, il ne faut pas leur donner la parole, pas de liberté pour les ennemis de la liberté, et extinction des feux à 21 heures sans dessert !
« Qui n’est pas de notre bord est un nazi ! » clament-ils en chœur. En ce sens, certains atteignent le point Godwin plus rapidement qu’un troll surentraîné sur un forum négationniste.
Ces belles âmes auraient pourtant gagné à lire avec attention ce que disait Didier Lestrade dans une interview à Article 11 en septembre 2010. « Il y a une uniformité gay qui ressemble à l’uniformité japonaise : on tape sur le clou qui dépasse. Je crois que cette minorité sexuelle est désormais marquée par l’envie de refuser le conflit, le radicalisme, le débat, la confrontation des idées. » Le journaliste et co-fondateur d’Act Up-Paris fustigeait l’« âge bête » d’un mouvement gay tenant « un discours généraliste idiot et faussement consensuel qui ne soulève aucun débat dans la société ». Aujourd’hui, on ne peut que lui donner raison tant le constat reste désespérant.
Bravant les contradictions sabre au clair, les mêmes qui s’indignent, à juste titre, des amalgames et autres généralisations à outrance à l’égard des homosexuels (« tous des sidaïques ! »), des immigrés (« tous des délinquants ! »), des chômeurs (« tous des fainéants ! »), etc., n’hésitent pas à reproduire le même schéma de pensée envers leurs adversaires, que dis-je, leurs ennemis : « tous des réacs, tous des homophobes, tous des fachos ! ». Sus à la nuance ! Envoyez-moi la raison par le fond !
Comme le dit justement la sociologue Nathalie Heinich dans Le Monde : « L’opposition audit « mariage pour tous », ou plutôt, donc, « mariage homosexuel », ne peut être réduite à de l’homophobie, même si celle-ci existe chez certains opposants. Tout d’abord, parce qu’il existe des homosexuels opposés à ce projet, par fidélité à une certaine conception de l’identité homosexuelle. Ensuite, parce qu’il n’est pas acceptable de réduire une position aux motivations supposées de ses défendeurs, pas plus qu’à leurs caractéristiques (l’on aurait telle opinion parce qu’on serait hétérosexuel ou homosexuel, de droite ou de gauche, etc.) : même si une corrélation existe, factuellement, entre identité et opinion, refuser celle-ci au nom de celle-là revient à esquiver le débat, c’est-à-dire l’échange d’arguments rationnels. Cette attitude n’est pas digne du débat démocratique. »
La longue plainte des réprouvés
« L’interdiction de penser est portée par l’éloge constant d’un monstrueux devenir. L’éloge enveloppe l’événement de sa nuée et empêche, autant qu’il le peut, que cet événement soit soumis au libre examen, qu’il devienne objet d’opinions divergentes ou critiques. De sorte que la divergence ou la critique, lorsqu’elles se produisent malgré tout concrètement, apparaissent comme une insulte envers l’éloge qui les avait précédées. » (Philippe Muray)
Comment ne pas être exaspéré – étant pourtant du même bord – par une telle avalanche d’arrogance et de suffisance chez ces victimes autoproclamées d’une pensée crypto-fasciste à même de ravager le pays. Seules les victimes du racisme peuvent parler du racisme, seuls les rebelles peuvent causer rébellion (« un rebelle est forcément progressiste » selon le désormais célèbre Édouard Louis). Imparable logique de la communion dans le même bain chaud de la médiocrité. Exit la pensée critique dont la plupart des philosophes de service se réclament. Cette logique mimétique et cette position victimaire furent justement analysées par Marcel Gauchet dans Les sources et les métamorphoses contemporaines de l’individualisme : « L’individu contemporain veut qu’on entende sa plainte singulière. Cela veut dire par exemple que cet individu privé, pour se faire entendre, s’identifiera très volontiers à la position de victime. C’est une manière de dire : « Attention, je ne suis pas comme vous parce que moi j’ai souffert de discriminations, d’humiliations, d’épreuves qui me mettent dans une position particulière qui demande à être reconnue dans mes relations avec les autres ». Il a d’autant plus besoin des autres qu’il a cette demande mais ses relations ne sont pas vécues sur le même mode que cet individu abstrait qui s’abstrayait de lui-même pour avoir des relations avec les autres et s’inscrire en société comme citoyen. Inutile de dire que cet individu d’un type nouveau n’est pas extraordinairement civique. »
Une réflexion qui rejoint la critique que faisait Didier Lestrade sur la communauté homosexuelle : « En fait, l’obsession de l’homophobie est consensuelle dans un milieu associatif LGBT qui se déchire avec rage. C’est le dénominateur commun qui permet de ne pas aborder les questions plus graves : si les gays sont vus sans cesse sous l’angle victimaire, est-ce que cela les dégage de leurs responsabilités en termes de prévention du sida et de santé publique ? Non. Et ça, personne ne le dit. Une minorité ne doit pas seulement exiger, elle doit nourrir la société par sa réflexion et ses efforts, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui. » Peu importe la réflexion permettant de faire imploser les schémas dominants quand il suffit de réclamer avec véhémence, sûr de son bon droit, les yeux fixés sur son nombril.
Rire de la modernité
Sournoise violence des âmes vertueuses qui, tout à festoyer de leur moderne supériorité, n’en oublient pas de frapper avec hargne. Les exemples ci-dessus en sont une bonne illustration : « voilà quelques-unes des violences radicales et sauvages (mais toujours approuvées) qui se cachent derrière l’angélisme d’Homo festivus, son parler-bébé continuel, son narcissisme incurable, sa passion des contes de fées, son refoulement du réel (toujours « castrateur »), son illusion de toute-puissance, sa vision confuso-onirique du monde et son incapacité, bien sûr, de rire. » percevait lucidement Muray.
De biens tristes sires, ces sujets de l’Empire du Bien, incapables d’esquisser le moindre sourire tant leur combat est une affaire sérieuse qui ne tolère pas le rire inapproprié. « Rire de façon inappropriée » est presque devenu un délit : interdiction de rire de Foucault et de ses disciples, des intégristes religieux, de la gay pride, des plumitifs pédants, des cuistres cultureux… Desproges avait beau répéter « qu’il vaut mieux rire d’Auschwitz avec un juif que de jouer au Scrabble avec Klaus Barbie », rien n’y fait, l’humour – comme le comportement de tout bon éco-citoyen-responsable qui se respecte – doit être amical, indolore, doux, potache et ne porter tort à personne.
Pour affligeant qu’ils sont, tous ces appels au boycott et à la « vigilance » permanente nous font tout de même bien rire. Car si on n’est pas meilleur que l’époque, nous ne sommes pas forcés d’être aussi mauvais qu’elle. Tant de bêtise auto-satisfaite et d’indécence intellectuelle ne feront long feu. L’imposture n’a qu’un temps : « ils ne continueront pas toujours, car leur folie devient évidente à tous » (Saint-Paul, Deuxième Épître à Timothée).
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Communiqué des Rendez-vous de l’Histoire
Une pétition a été lancée par un groupuscule et signée de manière inconsidérée par un certain nombre de personnes afin de protester contre la venue de Marcel Gauchet aux Rendez-Vous de l’Histoire de Blois.
Nous tenons à porter à leur connaissance et à celle de tous ceux que leurs accusations scandaleuses interpellent la réponse que fit Jacques-Guy Petit, professeur honoraire à l’université d’Angers, à l’un des pétitionnaires qui l’avait sollicité. Il a accepté de la publier. Nous lui exprimons notre gratitude et nous associons à ses sentiments.
Jean-Noël Jeanneney, Michelle Perrot, Maurice Sartre, président et anciens présidents du conseil scientifique des Rendez-Vous de l’Histoire. Francis Chevrier directeur des Rendez-Vous de l’Histoire.
« Cher ami,
Tu m’as fait connaître, afin que j’y ajoute ma signature, la pétition anti Marcel Gauchet qui circule à l’occasion de sa conférence lors des prochains Rendez-Vous de l’Histoire à Blois.
Permets-moi de te dire franchement mon total désaccord avec ces calomnies en forme de chasse à l’homme. Nous pouvons ne pas partager nombre des thèses de Marcel Gauchet. Après sa publication avec Gladys Swain, en 1980, de La pratique de l’esprit humain, qui prenait à contre-pied les travaux de Foucault sur la folie, j’avais une vision assez négative de la pensée de Gauchet et gardé mes distances à l’égard de ses publications. Mais depuis une dizaine d’années, à l’occasion de mon renouveau d’intérêt pour la philosophie, les sciences politiques et l’anthropologie, j’ai lu, entre autres lectures, presque toute l’œuvre de Marcel Gauchet. Dépassant mes premiers a priori, j’y ai trouvé une réflexion profonde, fine, une vaste érudition, certes plus proche d’Aron que de Bourdieu, de Nora et de Furet que de Foucault, encore qu’il reconnaisse admirer celui-ci.
Marcel Gauchet est un homme libre, indépendant, inféodé à aucune chapelle. Ce qu’il a écrit sur la fin de la religion, sur la condition historique et sur la démocratie est remarquable. C’est un de nos grands penseurs actuels, reconnu comme tel à l’étranger, j’en ai eu souvent la preuve, et pas dans les milieux conservateurs. Quand on n’a pas d’œillère, on peut donc admirer et Foucault et Gauchet, lire Esprit et Le Débat. Quant à la question de la rébellion, thème de Blois cette année, elle est trop complexe pour être totalement abandonnée aux seuls professionnels auto-proclamés.
Comme tous les dénonciateurs de Gauchet dans cette pétition, tu as certainement d’abord lu ou relu ses principaux travaux. Comment peut-on, alors, dénoncer ses thèse comme « ultra-conservatrices », « sceptiques à l’égard des droits de l’homme » et même « sexistes et homophobes » ! Ce sont des mensonges éhontés, des calomnies nauséeuses. Toute proportion gardée, ces oukases totalitaires, cet aveuglement, rappellent ceux de Sartre (que j’admire malgré tout) et des Temps modernes contre Camus. Cette chasse aux sorcières à l’encontre de Marcel Gauchet n’est qu’une tentative de mise à mort médiatique, ce qui est malheureusement très tendance aujourd’hui.
Jacques-Guy Petit (professeur honoraire à l’université d’Angers, histoire contemporaine) »
Sylvain Métafiot
Nos desserts :
- La vidéo hilarante de « La chute de la maison Rebelle »
- Transcription de la conférence inaugurale de Marcel Gauchet : « Qui sont les acteurs de l’histoire ? »
- « Ce que nous révèle du milieu intellectuel français l’ »affaire Gauchet » », par Laurent Bouvet dans Slate
- Marcel Gauchet répond aux rebellocrates dans Le Monde
- Et analyse la modernité, interviewé par Matthieu Giroux dans Philitt
- Qu’est-ce qu’un rebelle au fait ? Une recension de l’anthologie Les Rebelles, de Jean-Noël Jeanneney et Grégoire Kauffmann, par Eugénie Bastié dans le FigaroVox
- Le débat c’est simple comme une insulte en –iste, nous apprend Odieux Connard
- Le culte du Changement, ou le degré zéro de la « religion du Progrès » de Pierre-André Taguieff, ainsi qu’un extrait de « La dernière métamorphose du progressisme : le bougisme » sur République & Révolution
- Maxence Caron parle de Philippe Muray, dans l’émission Les Nouveaux chemins de la connaissance de France Culture (27/04/2011)
- Pierre Jourde en verve contre le sectarisme français et pour sauver la gauche malgré les fanatiques
- Comment on n’en finira jamais avec la droite et la gauche, en France, par Pierre Cormary
- Alexis Betemps se paye lui aussi le sieur Edouard Louis dans Philitt : Pour en finir (vraiment) avec Edouard Louis alias Eddy Bellegueule
- South Park aussi se moque de la religion du progrès avec l’hilarant « Vas-y, Dieu ! Vas-y ! » : lorsque Dieu est remplacé par la Science, le règne des hommes laisse la place à celui des loutres ; et, plus généralement, de la tolérance mielleuse avec « Le camp de la mort de la tolérance »
19:57 Publié dans Actualité, Politique | Tags : l’autre, ce facho, gauchet, finkie, le comptoir, sylvain métafiot, philippe muray, empire du bien, rendez-vous de l'histoire de blois, chute la maison rebelle, didier lestrade, rire de la modernité, pierre-andré taguieff, débat | Lien permanent | Commentaires (0)
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