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mercredi, 23 novembre 2016
Dieu est une ligne de code
Article initialement publié sur Le Gazettarium
L’une des particularités narratives de la Science-fiction est qu'elle délaisse le plus souvent la psychologie des personnages (considérés non comme des individus mais comme représentants de leur espèce) au profit de l’hypothèse philosophique (interrogations sur notre nature, notre place dans l’univers, notre devenir et nos fins). L’œuvre d’Arthur C. Clarke est emblématique de ces interrogations philosophico-religieuses, notamment celle, à la fois théorique et pratique, dont l’écho glaçant parcours l’univers : « qu’allons-nous faire de l’homme ? ». Et si l’homme devenait mutant, « individu spécifique » par excellence ? La question de son devenir dépendrait avant tout de sa particularité, comme l’affirme Gilbert Hottois, philosophe belge, spécialiste des questions d’éthique. En somme, si l’homme devient un mutant psy ou un cyborg son rapport à la transcendance deviendrait opératoire, comme nous le verrons plus bas.
00:17 Publié dans Littérature | Tags : a miracle of rare design, affrontement, aldous huxley, apocalypse, arthur c. clarke, Éclipse totale de john brunner, cyberspace, cyborg, dieu est une ligne de code, don de dieu, herbert georges wells, impasse, interrogations philosophico-religieuses, la guerre des mondes, le meilleur des mondes, matrix, mick resnick, mutant, mutations symboliques, neuromancien, neurotechnosciences, science-fiction, sylvain métafiot, transcendances techniques, william gibson, gazettarium | Lien permanent | Commentaires (2)
samedi, 12 novembre 2016
Captain Fantastic : marin d'eau douce
Une comédie ? Une aventure initiatique ? Un conte social ? Captain Fantastic, le dernier film de Matt Ross, est un peu tout cela. Et pourquoi pas – prenons le titre au mot – un film de super-héros ? Plus précisément celui d'un homme brillant qui rompt avec la société en élevant ses (nombreux) enfants dans les bois, en-dehors de toute civilisation, afin de forger leur esprit et leur corps. Une famille de prodiges dont la mission principale consiste à « sauver » le corps de leur défunte mère afin de respecter ses dernières volontés.
Or, s'il est un personnage qui donne toute sa saveur au récit héroïque, tout en contrebalançant l'aspect souvent fade du super-héros, c'est bien celui du super vilain. Et notre fier Captain manque cruellement d'adversaire à sa taille. Qu'a t-il à affronter, lui et sa progéniture surdouée ? Un flic débonnaire un peu trop curieux, des beaux-parents chrétiens et protecteurs, une famille américaine « typiquement médiocre », soit un condensé de la middle class américaine engoncée dans ses stéréotypes. Le combat est inégal et le résultat vite anticipé. Car malgré les embûches scénaristiques que la petite troupe (fort sympathique au demeurant) affronte durant son voyage, le discours « provocateur » du film ne souffre aucune contradiction (c'est d'ailleurs le trait principal du long-métrage : ni la mise en scène, ni le montage ne le distingue) et ne s'adresse qu'à un public conquis d'avance.
On se plaît à imaginer ce qu'aurait répondu un chrétien du calibre de Chesterton, Teilhard de Chardin ou Gustave Thibon face aux moqueries faciles de la tribu rationaliste. Ou qu'un personnage bien écrit aurait expliqué la différence entre honnêteté et sincérité. Et croire que Noam Chomsky constitue le nec plus ultra de la subversion dans un monde où Théodore Kaczynski a écrit La Société industrielle et son avenir et Günther Anders L’Obsolescence de l'homme ne peut que faire lever les yeux au ciel.
Bref, ce n'est pas avec des poings en mousse qu'on se bat contre la civilisation industrielle.
Sylvain Métafiot
01:41 Publié dans Cinéma | Tags : matt ross, super héros, stéréotypes, captain fantastic, marin d'eau douce, sylvain métafiot, civilisation industrielle, théodore kaczynski, la société industrielle et son avenir, günther anders, l’obsolescence de l'homme, chesterton, teilhard de chardin, gustave thibon, discours subversif, noam chomsky, amérique, super vilain, poings en mousse | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 01 novembre 2016
L’Odyssée de Clarke ou le mythe de l’altérité cosmique
Article initialement publié sur Le Gazettarium
De Nietzsche à Parménide, de Baudelaire à Platon, le voyage a longtemps été un enjeu des philosophes mais également un thème littéraire traversant les âges. De L’Odyssée d’Homère à L’Odyssée de l’espace d’Arthur C. Clarke, la filiation est évidente. Qu’il s’agisse de voyager sur la mer pour rejoindre Ithaque ou dans un vaisseau spatial aux confins de l’univers, tout n’est qu’une question de départ et de retour. Clarke fait ainsi de multiples références à l’œuvre d’Homère : le prénom du héros (Bowman, « l’archer »), le cheval de Troie, les sirènes, la perte de membres de l’équipage, etc. Tout comme la navigation sur la mer Égée du temps des dieux grecs, les voyages dans l’espace sont soumis aux aléas dangereux de l’univers : explosions d’étoiles, destructions de planètes, nouvelles formes de vie dans de nouvelles galaxies… Des périls qui entraînent une nouvelle perception de la terre et du cosmos, car la nature est essentiellement fragile et peut disparaître à tout instant. Ajoutons à cela, la conscience de la toute puissance de la science et de la technologie. Clarke fait évoluer ses personnages en lien direct avec les techniques les plus avancées. L’évolution des protagonistes n’est plus seulement interne à eux-mêmes mais dépend, en partie, des transformations extérieures.
12:58 Publié dans Cinéma, Littérature | Tags : 2001, alexandre soljenitsyne, ange, arthur c. clark, bowman, hal, hans blumenberg, homère, immortalité, l’odyssée de clarke, maurice weyembergh, mémoire, monolithe, mythe de l'altérité cosmique, philosophie, religion, science-fiction, stanley kubrick, sylvain métafiot, temps | Lien permanent | Commentaires (0)