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vendredi, 09 novembre 2012

Déambulation diabolique

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« Pour lui comme pour Dieu sans doute, rien ne finit ou du moins rien ne se transforme que la matière, et les siècles écoulés se conservent tout entiers à l'état d'intelligences et d'ombres, dans une suite de régions concentriques, étendues à l'entour du monde matériel. Là, ces fantômes accomplissent encore, ou rêvent d'accomplir, les actions qui furent éclairées jadis par le soleil de la vie, et dans lesquelles elles ont prouvé l'individualité de leur âme immortelle. Il est consolant de penser, en effet, que rien ne meurt de ce qui a frappé l'intelligence, et que l'éternité conserve dans son sein une sorte d'histoire universelle, visible par les yeux de l'âme... »

Gérard de Nerval à propos de Goethe, dans son Introduction à l'édition de 1840 de Faust.

 

 

Lire les critiques de Christophe Lefevre et de Rémi & Goeffroy.

 

Sylvain Métafiot

vendredi, 02 novembre 2012

Fuck !

« L'éclat de rire est la dernière ressource de la rage et du désespoir »

Victor Hugo, Faits et croyances


 

Sylvain Métafiot

samedi, 27 octobre 2012

Epuration festive

Epuration festive


« La culture, devenue intégralement marchandise, doit aussi devenir la marchandise vedette de la société spectaculaire. »

Guy Debord, La Société du spectacle

 

Que celui qui n’a jamais eu envie de prendre un flingue et de shooter dans le tas, à la manière surréaliste, me tire la première balle ! Franchement, qui n’a ressenti le goût du meurtre devant un enfant pourri-gâté, une vieille acariâtre, un adepte du tunning, un porteur du tee-shirt du Che, un intello sectaire, un élève d’école de commerce, un hippie, une racaille, une journaliste de mode, un fanatique religieux, un accro au portable, un supporter, ou Jean-Marc Morandini ? Cette sensation d’être constamment cerné par des cons. Franck, lui, a ressenti cette envie de carnage. Et il a décidé de l’assouvir, jusqu’à satiété. Voici le point de départ de God Bless America de Bobcat Goldthwait.

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mardi, 09 octobre 2012

Reflets passés dans un œil de briques

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« L’histoire est entièrement vraie, puisque je l’ai imaginée d’un bout à l’autre »

Boris Vian, Avant-propos à L’Ecume des jours


C’est à reculons que nous entrons dans Le sommeil d’or. Non pas que le propos du documentaire soit rebutant (encore que le cinéma cambodgien des années 1960-1970 peut décourager un public réticent aux films jugés « intello-chiant ») mais parce que le premier plan est un retour vers un pays lointain, le long d’une route filmée en « marche arrière », nous arrachant aux ténèbres pour nous plonger dans la lumière dorée de Phnom Penh et de ses gloires passées. Que reste-il de la production cinématographique cambodgienne d'avant 1975 ? Les vestiges de cet univers fantastique peuvent-ils encore parler ? C’est dans un monde peuplé de fantômes et de conteurs, de légendes et de guerres, un monde d’avant la barbarie Khmers rouges que nous entraine le cinéaste Davy Chou.

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mercredi, 12 septembre 2012

Le prix du sang

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Loin, très loin, des comédies sentimentales estivales pour adolescentes en chaleur (comprenez : « qui vont au cinéma non par goût mais pour se rafraichir de la température volcanique ») et des blockbusters assourdissants pour jeunes cons amateurs de pop-corn, le dernier film d’Asghar Farhadi nous offre un vrai et beau moment de cinéma (dernier film qui date en réalité de 2004 : les distributeurs français s’étant réveillés après les succès d’A propos d’Elly et d’Une séparation). Cet été ne fut pourtant pas avare en pépites cinématographiques (Holy Motors de Leos Carax, Faust d’Alexandr Sokurov, La servante de Kim Ki-Young, Kill List de Ben Wheatley, Moonrise Kingdom de Wes Anderson, La part des anges de Ken Loach, Guilty of Romance de Sion Sono, Adieu Berthe de Bruno Podalydès) et la puissance du drame néoréaliste de Farhadi fait incontestablement partie des meilleurs films sortis ces derniers mois.

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lundi, 23 juillet 2012

Onfray, le philosophe au visage sombre

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Vanité au crâne (Bernard Buffet) 

 

Ah ! on a beau jeu de rire de sieur Bernard-Henry Lévy, de rallier ses ouvrages insipides, de moquer son dernier navet cinématographique (Le serment de Tobrouk), d’abhorrer son omniprésence médiatique, de piétiner son courage de pacotille, d’invectiver son ego surdimensionné, de se gausser de ses références à Botul, etc.

On a beau jeu et à juste titre ! La lutte contre l’imposture intellectuelle est sans fin mais indispensable. La chemise blanche qui parle toute seule correspond de fait à ce que Raphaël Enthoven nomme le « philosophe de service » : « celui qu’on regarde sans le voir, qu’on entend sans l’écouter, qu’on invente quand on l’invite, et qui s’éteint quand la lumière s’en va. » Cette créature de l’opinion qui se conforme à l’idée que les autres se font de la philosophie et de la posture du philosophe. Le philosophe de service est donc celui qui, au lieu de faire de la philosophie, fait le philosophe et donne « le point de vue du philosophe » (qui est de la sorte réduit à un "point de vue" au même titre que celui du juriste, du médecin ou du religieux) et « participe sans vergogne à des débats sans queue ni tête où sa parole n’est qu’un bruit de fond ».


Mais BHL est une cible facile, trop facile. Lévy aime donner le bâton pour se faire battre et ainsi passer pour le plus grand paria de la philosophie depuis Socrate. Il semble plus nécessaire de traquer des imposteurs plus tenaces, plus vicieux, moins soupçonnables, jouissant d’une aura et d’un prestige médiatiques sans commune mesure et d’une renommée déconcertante chez les subversifs en herbes.

En effet, d’autres « philosophes de service »  répondent aux critères énoncés plus haut à l’encontre de BHL et méritent de boire la cigüe : Alain Badiou, Slavoj Zizek, Judith Butler, Michel Onfray… Arrêtons-nous un instant sur ce dernier car il est celui qui ressemble le plus à cette fade quenelle de Bernard alors que beaucoup pensent le contraire. (Pour les deux premiers je ne saurais que trop vous conseiller de lire le premier numéro de la revue {L’autre coté} : « La French Theory et ses avatars »).

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vendredi, 20 juillet 2012

Discriminations à foison

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Les discriminations restent malheureusement très et trop présentes dans le monde. Que ce soit sous la forme du racisme, de la xénophobie, du sexisme, de l’homophobie... elles gangrènent les sociétés. Par exemple, à l’heure où la France, après avoir déclassifiée la transsexualité de la liste des affections psychiatriques de longue durée en 2009, s’apprête (très probablement) à légaliser le mariage homosexuel, l’homosexualité reste sanctionnée par la loi dans de nombreux pays : passible de la peine de mort en Arabie Saoudite, Iran, Soudan, Pakistan… Passible de peines de prison en Algérie, Inde, Afghanistan, Guinée, Burundi… En Irak, 25 garçons auraient été tués à Bagdad en raison de leur homosexualité, il y a trois ans.

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mercredi, 20 juin 2012

Un humain presque parfait

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Souvenez-vous : l'article de Pierre, Transhumanisme, l'avènement inévitable et catastrophique d'un fantasme adolescent, proposait une réflexion poussée sur le phénomène typiquement post-moderne du transhumanisme.

 

Pour prolonger le débat nous vous invitons à regarder cet excellent documentaire Infrarouge de Cécile Denjean, Un homme presque parfait, rendant compte des dernières avancées technologiques en terme de transhumanisme et de post-humain. Ce que vous verrez n'est pas de la science-fiction, cela existe ici et maintenant.

 

Des améliorations techniques qui posent une somme de questions considérables, notamment en termes d'éthique, de morale, de philosophie, de rapport au corps et à l'âme, à la nature et à la culture. Si certains progrès médico-technologiques sont évidemment bienvenus (soigner la maladie d'Alzheimer et les troubles obsessionnels compulsifs, maintenir en vie des bébés nées prématurément, redonner "vie" à des bras et à des jambes, etc.) d'autres font irrémédiablement penser au Meilleur des mondes d'Aldous Huxley et de Bienvenue à Gattaca d'Andrew Niccol.

 

Au-delà des problèmes, notamment l'eugénisme (même s'il est libéral, individualiste et non imposé par l'Etat), que de telles avancées peuvent provoquer, la question de la signification même de l'être humain est  de nouveau posée, ainsi que du sens que celui-ci donne à la vie.

Comme le dit le philosophe Jean-Pierre Dupuy, "il faut deux conditions pour que la vie est un sens : qu'elle ait une fin et qu'elle soit tissée de hasard. Supprimer la mort et le hasard c'est supprimer le sens de la vie".


Après tout, Rimbaud aurait-il été meilleur poète avec des implants ? Arthur Rubinstein meilleur pianiste avec des mains bioniques ?


Et vous, êtes-vous prêt à implanter Google dans votre cerveau ?


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mercredi, 06 juin 2012

Le poète qui venait de Mars

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Ray Bradbury est mort mardi 5 juin dans sa résidence de Los Angeles. L'écrivain américain était un amoureux des bibliothèques au point qu'elles étaient, pour lui, le meilleur lieu pour apprendre, davantage que l’université qui, selon lui, « n'est pas une bonne expérience ».

 

De fait, Bradbury défendait les bibliothèques et l'accès gratuit à la culture, mais « Internet, n'est qu'une grande distraction ». Récemment contacté par Yahoo! qui, voilà deux mois, souhaitait mettre en ligne un de ses livres : « Vous savez ce que je leur ai dit ? “Allez au diable. Allez au diable, vous, et votre maudit Internet“ ». Parallèlement, les ebooks sont, pour l'auteur de Farenheit 451, « dénué de sens, ce n'est pas vrai. C'est dans l'air, quelque part ». Pour lui, le seul endroit magique était la bibliothèque publique de Los Angeles dans laquelle il se rendait régulièrement.

 

Difficile, au-delà du génie littéraire, ne pas avoir une quelconque sympathie pour cet indécrottable conservateur technophobe capable de nous faire voyager aux confins de l’espace dans ses incroyables romans.

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mardi, 29 mai 2012

Que peut la littérature ?

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À l’occasion des 6ème Assises Internationales du Roman à la Villa Gillet de Lyon, il ne semble pas incongru - surtout à une époque où l’on considère souvent l’art en général et la littérature en particulier comme de simples divertissements - de se demander qu’est-ce que la littérature ? Ou plutôt, et pour se démarquer du célèbre texte de Sartre : que peut la littérature ?


Plutôt qu’une bête réponse personnelle et sans saveur, je préfère laisser la parole à quatre auteurs remarquables : Juan Gabriel Vàsquez, Jérôme Leroy, Simone Weil et Pierre Jourde (mais aussi et indirectement : Stendhal, Gide, Genet, Fuentes, Vargas Llosa, Proust, Gautier, Pasolini, Breton, Garcia Màrquez, Littell, Ellroy, Primo Levi). Quatre réponses pour le prix d’une ! Ou une réponse en quatre parties, comme vous le sentez.

 

Tout d’abord, un texte de l’écrivain Juan Gabriel Vàsquez, Romans et cicatrices, qui, à l’occasion d’une table ronde sur la corruption et la violence politique, interroge les liens (mais surtout les différences !) entre politique et littérature :

 

Les mots de nos morts sont plus précis que les nôtres, sans doute parce qu’ils sont chargés de temps, qu’ils ont de l’expérience ou que leur sens a été modifié par l’expérience. Ceux que j’ai à présent en tête figurent dans La Chartreuse de Parme, chapitre XXIII. Je les ai déjà cités plusieurs fois et je crains de ne pas avoir été le seul. Stendhal écrit : « La politique dans une œuvre littéraire, c’est un coup de pistolet au milieu d’un concert, quelque chose de grossier et auquel pourtant il n’est pas possible de refuser son attention. » Et il ajoute : « Nous allons parler de fort vilaines choses, et que, pour plus d’une raison, nous voudrions taire. »

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