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mardi, 13 novembre 2018

Priape va à l’école : Petit Paul de Bastien Vivès

Petit Paul Vignette.jpg

 

Article initialement publié sur Le Comptoir

 

« Petit Paul est bien ennuyé… » est-il inscrit sur la 4e de couverture. Il faut dire qu’avec l’anaconda qu’il se trimbale dans le calebar ce n’est pas évident de vivre comme un petit garçon de son âge. Surtout quand, avec une candeur des plus touchantes, il en vient à se fourrer dans des positions plutôt inconfortables. La découverte d’un smartphone débouche ainsi sur une partouze des plus bigarrée ; un entraînement de judo vire à la réinvention acrobatique du kamasutra ; tandis qu’une récitation de poésie transforme le petit oiseau de Paul en lance à incendie. Mais l’on découvre aussi que des sex-toys peuvent se nicher dans l’étable des vaches et que dans les stations-services, ma bonne dame, il s’en passe de drôles dans les toilettes des femmes. Bref, Bastien Vivès s’éclate et nous avec. Rien n’entrave son imagination délicieusement perverse et sa dérision corrosive : les vieux, les jeunes, les frères, les sœurs, les voisins, les profs, les moutons et même les vaches, tout le monde s’envoie en l’air dans une folie sexuelle aussi débridée qu’hilarante. Comme le dit Céline Tran dans la préface : « Sexe et humour peuvent définitivement faire bon ménage, surtout lorsqu’il s’agit de transgresser. » L’exagération des situations confine à l’absurde le plus drôle. Si chaque petite récit commence normalement, le réalisme est rapidement biflé par une incongruité salace aussi fraîche qu’irrévérencieuse. En somme, ça part littéralement en couille. Et il n’en fallait évidemment pas plus pour que les tenants de l’ordre moral et du bon goût, puritains de droite ou bien-pensants de gauche, se mettent à éructer en agitant les bras et en soufflant du nez. À toute fin utile leur permettant de se détendre les fesses nous leur conseillons donc de se faire allègrement cuire le cul.

 

Pour en revenir à notre auteur polisson, il faut noter qu’en sus de ses publications plus « graves » et « réalistes » (Le Goût du ChlorePolinaUne sœurLe Chemisier…) Vivès n’en est pas à son coup d’essai dans le domaine érotique puisqu’il a déjà signé deux œuvres fantasques dans l’excellente collection « BD Cul » des éditions Les Requins Marteaux : Les Melons de la colère (2013), revenge-porn rural dans lequel Magalie, jeune fermière aux seins énormes (et accessoirement sœur de Petit Paul), se fait abuser par tous les notables du village ; et La Décharge mentale (2018), narrant la conception fort particulière qu’une famille de nymphomanes a d’offrir le gîte et le couvert à ses invités. Extravagances narratives, attributs démesurés, amoralité joyeuse, on aura compris que chez Bastien Vivès la chair n’est pas triste et le rire se dilue merveilleusement bien dans les fantasmes les plus inavouables.

 

Sylvain Métafiot