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mercredi, 24 septembre 2008

Culte du corps, haine du corporel

Pourquoi un extrait d’un article d’Olivia Gazalé « Le corps était presque parfait » (dont le titre est aussi d’elle) ?

Pour relativiser sur le culte du corps et redonner confiance à ceux qui pense qu’ils ne sont pas « physiquement assez bien » car pas à la hauteur des canons uniformisés de la beauté actuelle.

 

Nous sommes submergés par des images de corps parfaits de façon quotidienne et intensive. Que ce soit à la télé à travers la pub ou les émissions de « djeunes » (les clips de gangsta-rap par exemple qui, non content, de rabaisser à son plus bas niveau ce génial style musical qu’est le rap, perpétuent des clichés machistes et virils insupportables), dans le métro sur des affiches géantes, sur Internet ou dans les magazines people, le corps sans défaut est érigé en norme sociale indiscutable.

Deux choix nous sont imposés : soit l’imitation de ces modèles absolus, soit, à défaut de pouvoir y arriver, l’admiration béate et sans bornes des mêmes démiurges (élevons des statues que diable).
Mais, et cela est pire, cette mode semble relever d’une haine de soi évidemment pathétique. Voyez ce qu’en dit Gazalé :

 

"A l’heure de la religion de la beauté jeune et musclée, l’affaissement de vos chairs fait de vous un hérétique, un parjure, un blasphémateur. Ce n’est pas tant des défauts de votre corps dont vous avez honte que de l’absence de volonté qui en est la cause… Nous voudrions l’avoir débarrassé de tous les déterminismes: le vieillissement, la maladie, la laideur et- pourquoi pas?- le sexe et la couleur… Le moralisme hygiéniste a transformé les canons esthétiques en normes éthiques. Désormais, la faute ne consiste plus à jouir de son corps, mais à le laisser se dégrader…. Le culte actuel du corps s’accompagne d’une phobie du corporel, d’une haine du corps organique… L’utopie du corps parfait renvoie au rêve de pureté qui hante l’humanité depuis ses origines… La pureté se confond ainsi avec la cosmétique et la diététique… Les sexes intégralement épilés des actrices porno semblent aujourd’hui infiniment moins obscènes que L’Origine du monde de Gustave Courbet. Car la toison énigmatique sent la terre, la bête, l’indomptable femelle, alors que le pubis glabre évoque la pureté virginale de l’enfance, le salon de beauté et la domestication de soi… Cette détestation du corporel ne renvoie-t-elle pas, au fond, à la vieille démonisation de la chair héritée des premiers pères de l’Eglise ?… Le fantasme de perfection est un fantasme mortifère. Vouloir un corps parfait, c’est vouloir s’arracher au sien, c’est désirer mourir à son propre corps…"

 

origine_du_monde-courbet.1180519442.jpg


J’ai utilisé le mot « mode » plus haut : plusieurs siècles auparavant (je serais bien incapable de vous dire quand exactement) la beauté suprême était…la rondeur. Les femmes aux formes très généreuses étaient considérées comme les plus belles de leur temps. 
Ainsi, personne n’est parfait ? Encore heureux !


Sylvain Métafiot