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samedi, 22 mars 2014

« Il faut ramener la joie de vivre ensemble » : interview de Jean-Wilfried Martin

 

Le CLIC recevait M. Jean Wilfried  Martin candidat UMP à la mairie de Villeurbanne.  Pour l’interroger, Sebastien Gonzalvez et Etienne Azzab du Lyon Bondy blog, Jean-Philippe Bonan et Sylvain Metafiot de Forum de Lyon et Ma Pause Café, épaulés à la technique  par Patrice Berger de Radio Pluriel.

 

Vous pouvez écouter l’intégralité de l’entretien ici

 

M. Jean Wilfried Martin, vous êtes tête de liste UMP pour les municipales de Villeurbanne, pouvez vous vous présenter pour nos auditeurs qui ne vous connaissent pas ?

J’ai 40 ans, je suis né dans la charmante région de la Sarthe, plus précisément à La Suze-sur-Sarthe. J’ai un père cheminot, ce qui m’a fait beaucoup voyager en France. Je suis arrivé dans la région Rhône-Alpes en 1983. J’ai terminé mes études secondaires à Annecy. J’ai ensuite poursuivi mes études supérieures à Valence, puis à l’Inssa toulouse. Je suis venu à Lyon pour faire mon service militaire au quartier Général Frère, ce fut une très bonne expérience. Et après avoir travaillé à Paris, je suis à Villeurbanne depuis 2007.

Je tiens à préciser que je suis tête de liste UMP-UDI et c’est une grande première à Villeurbanne depuis 2001. Nous avons travaillé ensemble depuis plusieurs mois avecRichard Morales, le représentant de l’UDI local afin de présenter une liste unie de la droite et du centre.

 

Comment se sont déroulées les négociations avec M. Morales ?

Elles se sont très bien passées. On a fait le même constat d’une politique municipale insuffisante par rapport aux besoins des Villeurbannais. On a établi à quatre mains un programme afin de remonter le niveau de la ville dans le but d’en faire vraiment la 19ème ville de France et de donner aux Villeurbannais les services auxquels ils ont droit.

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mercredi, 04 décembre 2013

Lexique gastro-entérique

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À tous mes amis de gauche, et de droite respectable, j’en ai raz-le-cul de l’utilisation abusive du champ lexical gastro-entérique pour parler des idées qui vous rebutent. Et ce pour plusieurs raisons :

 

1) C’est un manque de créativité extraordinaire. Soyez un peu littéraire bordel ! Utilisez des adjectifs d’autres champs lexicaux, le jardinage par exemple : de la mauvaise herbe, des taupes, des limaces…

 

2) J’imagine à chaque fois la personne vraiment vomir et ça m’emmerde m’voyez.

 

3) Vomir ne change rien au problème, surtout avec des mots, c’est une indignation à peu de frais, sans efficacité.

 

4) L’utilisation de ces éléments de langage sert un mode de purification, comme un rituel mystique de purgation. Les indiens d’Amériques utilisaient d’ailleurs le tabac pour vomir et se purifier. Est-ce à dire que vous avez quelques mauvaises pensées à vous faire pardonner ?

 

5) Ce champ lexical permet justement de faire partie d’une communauté dit de « bien-pensant ». Un mot de passe pour entrer dans le groupe des gens qui pensent bien. Cela réduit donc les luttes idéologiques à un champ moral.

 

6) Un peu comme dans la parabole du Pharisien et du Publicain, une fois avoir payé la dime verbale, vous considérez votre morale sauve et vous pouvez alors traverser les lignes sans craindre de passer pour une immondice.

 

7) Le dégoût et autres joyeusetés marquent un principe d’individualité. Une idée dégoûtante ne l’est qu’au regard de la personne dégoûtée, car « chacun ses goûts ». Une idée dangereuse par contre, renvoi à un phénomène qui peut concerner tout le monde. Le racisme par exemple est une idée dangereuse, en ce que tout le monde peut en être la victime.

 

8) C’est un champ lexical de l’hygiène, donc religieux et non politique. Or le problème est souvent social donc politique. L’aspect religieux ne pouvant servir qu’à l’éducation dans ce genre de thématique (fais ceci, pas cela).

 

9) Le vomi et les autres déjections salissent l’individu incriminé qui doit alors se nettoyer. C’est une attaque ad hominem qui permet une victimisation à votre interlocuteur. Il pourra alors ensuite jouer de l’empathie pour se faire plaindre et attirer la sympathie.

 

10) C’est un jugement sur l’individu, demandez-vous quelle est votre légitimité pour le proférer.

 

11) Vous ne le savez peut-être pas mais le dégoût est la pire des sept expressions universelles humaines. Il déclenche instinctivement un rejet destructeur. Le sujet du dégoût n’a alors plus le droit d’être, il doit disparaître par tous les moyens. Autrement dit, ce sont les derniers mots avant l’action physique. La colère est plus saine.

 

12) Il y a aussi un phénomène de mépris de classe dedans, un côté pédant : « Éloignez moi ces gueux qui sentent mauvais. » Demandez-vous s'il n'y a pas un problème social dont découle le problème moral. Dans quel cas, on ne résoudra pas le deuxième problème sans attaquer le premier.

 

13) Avez-vous vraiment envie de vomir ? Auquel cas, il faut peut-être consulter.



Sur ce, bonne nuit les kikous, faîtes de beaux clash bande de troll.

Vincent Froget

mercredi, 20 novembre 2013

Politique cinématique

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JFK d'Oliver Stone

 

Après le questionnaire du Miroir interrogeant le cinéma lui-même, Ludovic Maubreuil nous propose un questionnaire portant sur le cinéma politique. L'occasion de triturer une nouvelle fois notre mémoire cinématographique.

 

1) Quel film représente le mieux à vos yeux l'idéal démocratique ?

Le Dictateur de Charlie Chaplin s'impose, notamment lors du discours final lorsque Chaplin tombe le masque du double personnage et s'adresse directement au spectateur.

 

 


2) Au cinéma, pour quel Roi avez-vous un faible ?

Louis II de Bavière, alias Helmut Berger dans le sublime Ludwig de Luchino Visconti.

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Ainsi, qu'une tendresse particulière pour le mélancolique prince Salina dans Le Guépard du même Visconti.

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Bon, certes... Le Roi Scorpion a plus de pectoraux...

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mardi, 27 août 2013

Halimi, Lordon et Corcuff contre Michéa : retour sur la controverse


Article initialement paru sur RAGEMAG


Les polémiques enflent dans le microcosme de la philosophie politique. Au cœur du cyclone ? Jean-Claude Michéa, auteur de dix ouvrages en un peu moins de vingt ans. Serge Halimi ouvrit les hostilités estivales, dans un éditorial du Monde diplomatique accusant le penseur montpelliérain de mythifier un prolétariat qui n’existe plus. La Revue des Livres, sous la plume de l’économiste Frédéric Lordon, consacra onze pages à dénoncer « L’impasse Michéa ». Philippe Corcuff envoya la dernière salve, dans les colonnes de Mediapart, et lui reprocha de brouiller les clivages idéologiques… Un point s’impose.


L’affaire n’a rien d’inédit : les penseurs ferraillent depuis que le monde est ce qu’il est. Platon fit savoir qu’il tint à brûler l’œuvre de Démocrite, Voltaire et Rousseau s’écharpèrent par textes interposés, Marx tenta d’esquinter Proudhon au fil des pages de Misère de la philosophie, la tribu des Temps modernes se souleva après la parution de L’Homme révolté d’Albert Camus et l’année 2013 fut témoin d’un vigoureux duel, opposant Slavoj Žižek, philosophe communiste, à Noam Chomsky, linguiste libertaire…

 

Bisbilles de savants ? Chicaneries d’experts ? Empoignades d’intellectuels ? Le monde des livres a, plus souvent qu’à son tour, fait sécession du monde réel : gloses et entre-gloses, commentaires de commentaires, monologues ou débats incestueux — les hommes de pensée se plaisent à penser entre eux, parlant du peuple de leur pupitre… Mais ces joutes, par-delà les conflits de clans, de clochers ou d’égos, en disent parfois plus long qu’il n’y paraît. La querelle qui, pour l’heure, nous intéresse est intestine : Halimi, Lordon, Corcuff et Michéa aspirent tous à briser les reins du calcul égoïste et de la marchandisation, toujours plus grande, des sociétés et des humains qui les peuplent — mais leurs chemins se séparent quant aux voies pour y parvenir… Les hommes ont trop communément le goût du sang et du spectacle : essayons, comme nous le pouvons, de préférer la pensée au pugilat.

 

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Serge Halimi, directeur du Monde diplomatique et auteur de plusieurs essais incontournables, dénonce l’« image superficielle et dépassée de la société » que les ouvrages de Michéa colporteraient. Les classes populaires y seraient peintes en sépia : bérets, baguettes et bras de fer. Prolos du bon vieux temps, des usines et des camarades, du drapeau rouge et des corons, un pied chez Thorez et l’autre au bar-tabac. « Musclé, français, chef de famille », résume Halimi. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois qu’il mentionne le travail de Michéa : une précédente chronique, vieille de dix ans, rendait compte de la lecture qu’il fit de son essai L’Impasse Adam Smith — il le blâmait, en substance, de ne pas prendre toute la mesure des avancées sociétales.

 

Frédéric Lordon, économiste de sensibilité communiste, directeur de recherche au CNRS et contributeur régulier au Monde diplomatique, s’est fendu d’une charge pour le moins cinglante dans ce « magazine bimestriel de critique politique, sociale et culturelle, ancré à gauche ». La polémique est sans contredit l’une des modalités de l’échange intellectuel — Michéa lui-même n’est jamais avare d’un bon mot ou d’une bourrade — mais il est dommageable que l’auteur, pourtant si fin lorsqu’il aborde des questions d’ordre économique, ait privilégié la controverse au débat d’idées… Le chapeau de l’article, rédigé par la rédaction du magazine, s’étonne, au regard de l’accueil favorable que Michéa reçoit parfois à droite, que des sympathisants de gauche puissent apprécier sa pensée. Et Lordon de lui reprocher d’être paradoxalement « prisonnier de la flèche du temps axiologique » puisqu’il resterait « enfermé » dans la problématique de ce Progrès qu’il conteste tant — c’est-à-dire, en langage courant, que le penseur serait dépendant d’une lecture progressiste du monde, même s’il la nie et la dénonce, puisqu’il reconnaît qu’il existe bien un avant. Michéa serait également sourd aux concepts qui, seuls, permettent d’appréhender rationnellement le monde sans céder aux sirènes de « l’intuitionnisme inspiré ». La notion de common decency, que l’on sait chère au philosophe (et qu’il emprunte à George Orwell penseur dont Lordon accable « la faiblesse conceptuelle »), ne résisterait pas à l’analyse : le peuple ne serait pas plus décent que les élites mais il serait, comme elles, capable de tout — preuve en est, précise Lordon, qu’il peut passer des Arabes et des homosexuels à tabac, voler, tricher, être chauvin ou sympathisant nazi. Michéa construirait, de sa tour d’ivoire, une image angélique et désincarnée d’un peuple vertueux et digne par nature (ce qu’il nomme « son anthropologie sélective ») idéalisation d’autant plus délétère qu’elle traduirait un « racisme social ». Après l’avoir invité à sortir de chez lui et à ouvrir les yeux, Lordon l’accuse, à grand renfort de citations de Spinoza, d’entretenir un « fantasme de ré-enchantement » et de n’avoir qu’une idée en tête : remonter le temps, celui, bien sûr béni, des communautés familiales et villageoises qui fleuraient bon la tradition. Et Lordon de se demander ce qu’un Michéa du XIIIe siècle aurait pensé de l’hypothèse de la possession d’une âme par les femmes…

 

Philippe Corcuff, maître de conférences de science politique et militant anarcho-altermondialiste passé par le NPA, fait preuve de plus de nuances. S’il reproche à Michéa d’essentialiser le Bien et le Mal, de nier le rôle émancipateur des Lumières dans le mouvement ouvrier et d’opposer, trop schématiquement, le libéralisme au socialisme, il ne s’aventure toutefois pas sur le terrain de l’excommunication. Michéa se tromperait également de cibles en fustigeant — il est vrai sans jamais se lasser — le libéralisme-libertaire si prisé par la gauche moderne. Il donnerait en sus des armes à l’adversaire en livrant certaines analyses « conservatrices » et « réactionnaires » et en refusant le vocable « gauche » pour fédérer les luttes émancipatrices. « Michéa est aujourd’hui un socialiste libertaire doté de certains penchants conservateurs. C’est un être métis, mais sa philosophie, fascinée par les essences, a du mal à penser le métissage. » Signalons que Corcuff avait écrit en 2009 l’article « Michéa et le libéralisme : hommage critique », dans lequel il exposait notamment son désaccord avec l’idée, michéiste en diable, d’une unité du libéralisme (culturel et économique).

 

Enfin, quelques lignes à propos du libelle « Michéa, c’est tout bête », rédigé par le sociologue Luc Boltanski et paru dans Le Monde des Livres en 2011L’auteur du Nouvel esprit du capitalisme — essai que Michéa avait d’ailleurs salué dans l’un des siens — l’accusait de mener une « véritable entreprise de captation » à l’endroit d’Orwell et insinuait que ses idées pourraient conduire à une « révolution conservatrice » — allusion évidente au mouvement allemand d’avant-guerre, souvent considéré comme précurseur du fascisme…

 

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Signalons néanmoins que le philosophe met en cause « ces nouveaux chiens de garde » et s’étonne d’une telle campagne : « J’ai décidément dû taper dans une sacrée fourmilière pour susciter ainsi une telle levée de boucliers ! On ne compte plus, en effet, les courageux croisés de la sociologie d’État qui ont jugé soudainement indispensable de mettre en garde le bon peuple — il est vrai déjà suffisamment échaudé par l’actuelle politique de la gauche — contre le caractère profondément hérétique et « réactionnaire » de mes analyses philosophiques. »

 

Michéa évoque « les bourdes théoriques les plus invraisemblables » des analyses de Corcuff et affirme que ce dernier a décrit « un auteur fantasmatique dans lequel il [luiest évidemment impossible de [s]e reconnaître ». Il relève les procédés iniques de ses contempteurs (travestissement de citations et mauvaise foi) et s’emploie, textes à l’appui, à contrer les accusations de manichéisme et d’essentialisme. « C’est toi, et toi seul, qui a délibérément inventé toutes ces catégories surréalistes et qui a aussitôt jugé médiatiquement rentable d’en faire le fond réel de ma pensée, quitte à manipuler, pour ce faire, tous les lecteurs de Mediapart. » Il revient enfin sur le principe de common decency et réfute l’idée, qu’on lui prête, que les classes populaires seraient bonnes par nature.


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Max Leroy

lundi, 26 janvier 2009

La Poste, un des derniers créateurs de lien social

la poste.jpg

 

En pleine crise bancaire, vouloir privatiser La Poste semble absurde et illégitime. Panique, le gouvernement envoie des messages contradictoires à l’opinion publique : dimanche 2 novembre, Henri Gaino, le conseiller spécial de Sarkozy, affirmait que l’ouverture du capital n’était plus à l’ordre du jour, avant de revenir sur ses déclarations quelques heures plus tard…

 

Au-delà du fait que cela supprimera le lien social dans des zones isolées et enclavées (le facteur est la seule relation extérieure pour bon nombre de petites gens), le projet de privatisation menacerait le timbre à prix unique et la distribution universelle, des conquêtes républicaines. L’égalité accès des citoyens au service postal constitue l’une des réformes marquantes de la révolution de 1848. Arago, ministre du gouvernement provisoire de la IIème république, instaure la péréquation postale et crée le premier timbre (à l’effigie de Cérès, déesse de la Moisson en hommage aux campagnes). La mise en concurrence de La Poste mettra fin à ce système juste qui oblige les Neuilléens à payer les colis et courriers des personnes modestes. Le projet du gouvernement prévoit que l’entreprise publique devienne une société anonyme dès le 1er janvier 2010, avant d’ouvrir son capital, le 1er janvier 2011, pour récolter des fonds et devenir cette multinationale carnassière qui saura défendre ses quartiers et conquérir des marchés dans le cadre de la mise en concurrence totale du courrier au sein de l’Union Européenne en 2011. Afin de légitimer cette privatisation, Sarkozy a nommé, mi-septembre, une « commission pour le développement de La Poste », présidée par François Ailleret, un ancien dirigeant d’EDF, spécialiste de la privatisation des entreprises publiques. La commission Ailleret réalise en ce moment un audit et remet son rapport le 15 décembre.

 

Samedi 22 novembre, une journée nationale d’action des postiers et des usagers se déroula, à l’appel du Comité national de mobilisation contre la privatisation de La Poste, pour un débat public et pour un référendum sur le service postal. Le comité regroupa les principales organisations syndicales, politiques et associatives de gauche : la CGT, Sud, la CFDT, FO, CFCT, les Verts, le PS, le PC, la LCR, NPA, le Conseil national de la résistance, la LDH, etc… ainsi que le député non inscrit de droite souverainiste Nicolas Dupont-Aignan. Ce qui donne une idée de l’ampleur du mouvement, qui n’est pas prêt de faiblir.


Plusieurs liens utiles :


www.appelpourlaposte.fr


Pétition de la CGT (200 000 signatures déjà) : www.cgt.fr


Vivent les services publics : www.v-s-p.org

 

Sylvain Métafiot


Source : Charlie Hebdo (05/11/2008)