mardi, 16 mai 2017
Kubrick et le fantasme de la destruction
Porté par un sens aigu de la précision et un souci de la vérité, Stanley Kubrick n’a cessé de se renouveler de films en films, explorant des genres à ce point différents que le nouveau semblait nier le précédent, tout en établissant une nouvelle référence dans le domaine en question (science-fiction, film historique, de guerre ou d’horreur). Une originalité constante qui se conjugue avec la récurrence de thèmes forts. Ainsi du lien tenace qui unit l’amour et la mort, auquel se mêlent les volutes hallucinantes du rêve et du fantastique.
Dans la filmographie de Kubrick, la valse d’Eros et Thanatos se danse sur tous les temps : dans la relation trouble du couple du Baiser du Tueur ; dans le rabaissement du gangster George Peatty par sa femme dans L’Ultime Razzia ; dans la déclaration d’amour de Varinia au pied de la croix de Spartacus ; dans les chansons sentimentales sur fond d’holocauste nucléaire de Dr. Folamour ; dans le désir de vengeance meurtrière d’Humbert Humbert dans Lolita ; dans le déchaînement de sexe et de violence d’Orange mécanique ; dans la destinée tragique de Barry Lyndon ; dans la dévotion amoureuse que les soldats portent à leur fusil dans Full Metal Jacket… Une thématique qui devient centrale dans les drames familiaux que sont Shining (1980) et Eyes Wide Shut (1999). Du basculement horrifique d’une famille typique américaine aux déchirements sentimentaux d’un couple “normal” se joue le même surgissement des pulsions destructrices.
00:44 | Tags : sylvain métafiot, cinéma, destruction, eyes wide shut, fantasme, kubrick, shining, accattone | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 02 novembre 2013
Gravity, Cuaron fils de Tarkovsky
Écrire une critique de Gravity, c’est compliqué. Formellement, déjà, on ne peut pas dire que Gravity soit un film loupé. L’image est bonne, la 3D bien utilisée, le jeu d’acteur bien interprété (qui vaudra peut-être un Oscar à Sandra Bullock), le scénar tendu nous entraîne même si on devine trop sa fin, seule une utilisation un peu trop Hollywoodienne de la musique et du montage, la post-prod, est à regretter.
Pour certains, ça s’arrête là, un bon Survival de plus, avec de la technique intéressante et des frissons face au vide intersidéral rappelant le personnage de Kubrick s’éloignant dans l’obscurité de 2001, l’odyssée de l'espace.
Pour d’autres, qui connaissent Cuaron, c’est tout autre chose : le film d’un allié. Là où les superproductions débitent d’éternels films se ressemblant tous, de l’hyper-individualisme de Seul au monde, à la gloire de la technique et de l’intelligence d’Appolo 13, les survivals sont coincés et épris de modernité, comme si le monde actuel était une panacée, la solution à tous nos problèmes et le progrès technique et individualiste, la seule voie viable. Hollywood distribue l’hégémonie américaine, vendant des iPhone comme arme et le « do it yourself » comme cri de guerre face aux affres de la vie.
Dans Gravity, nous avons tout l’inverse. Une méticuleuse destruction de ce système. Ce film rembobine l’histoire.
14:40 Publié dans Cinéma | Tags : gravity, cuaron, tarkovsky, esprit porté, enfant, vincent froget, cinéma, critique, kubrick, 2001, saint christophe, christ, rennaissance, religion, bouddhiste, mystique, les fils de l'homme, john ford, solaris | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 31 décembre 2012
Cimes cinéphiliques 2012
Un classement complètement subjectif, parfaitement arbitraire et, ma foi, sans grande utilité si ce n’est de jeter furtivement un regard en arrière sur cette année riche en œuvres magnifiques… mais aussi en beaux navets bien frais.
Sachant que je n’ai pas encore vu 4h44 d’Abel Ferrara et, qu’à mon humble avis, il s’immiscerait insidieusement dans cette liste.
Les liens renvoient soit à mes propres articles soit à ceux de bien plus estimables camarades de la Toile. (cliquez sur les affiches pour voir les bandes annonces)
Au sommet cette année
1) Take Shelter de Jeff Nichols : apocalypse anxiogiène et salvatrice
2) I wish d’Hirokazu Kore-Eda : mélancolie estivale
3) Oslo, 31 aout de Joachim Trier : limbes désespérées
4) Holy Motors de Leos Carax : libre !
5) Faust d’Alexandre Sokourov : enfer corporel
6) Le Sommeil d’or de Davy Chou : rêves intemporels
7) Les enfants de Belleville d’Asghar Farhadi : singularitées contre société
8) Moonrise Kingdom de Wes Anderson : amour aventureux
9) Une famille respectable de Massoud Bakhshi : chute de l'empire persan
10) Vous n’avez encore rien vu d’Alain Resnais : magie !
17:34 Publié dans Cinéma | Tags : cimes cinéphiliques 2012, cinéma, top, flop, déceptions, occasions manquées, merveilles des merveilles, sylvain métafiot, critiques, take shelter, i wish, oslo, 31 aout, holy motors, faust, le sommeil d'or, les enfants de belleville, moonrise kingdom, une famille respectable, vous n'avez encore rien vu, amour, the detachment, prometheus, bellflower, de rouille et d'os, shame, chronicle, sherlock holmes, 2 days in new-york, argo, le carosse d'or, sciuscia, les enfants du paradis, le quai des brumes, les misérables, jack torrance, shinning, kubrick, guilty of romance de sono sion, duch, le maître des forges de l’enfer de rithy panh, tabou de miguel gomez, j. edgar de clint eastwood, augustine de alice winocour, les adieux à la reine de benoît jacquot, kill list de ben weathley, killer joe de william friedkin, la vie sans principe de johnnie to, les hauts de hurlevents de andréa arnold, la part des anges de ken loach | Lien permanent | Commentaires (10)