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mardi, 01 novembre 2016

L’Odyssée de Clarke ou le mythe de l’altérité cosmique

 

Article initialement publié sur Le Gazettarium

 

De Nietzsche à Parménide, de Baudelaire à Platon, le voyage a longtemps été un enjeu des philosophes mais également un thème littéraire traversant les âges. De L’Odyssée d’Homère à L’Odyssée de l’espace d’Arthur C. Clarke, la filiation est évidente. Qu’il s’agisse de voyager sur la mer pour rejoindre Ithaque ou dans un vaisseau spatial aux confins de l’univers, tout n’est qu’une question de départ et de retour. Clarke fait ainsi de multiples références à l’œuvre d’Homère : le prénom du héros (Bowman, « l’archer »), le cheval de Troie, les sirènes, la perte de membres de l’équipage, etc. Tout comme la navigation sur la mer Égée du temps des dieux grecs, les voyages dans l’espace sont soumis aux aléas dangereux de l’univers : explosions d’étoiles, destructions de planètes, nouvelles formes de vie dans de nouvelles galaxies… Des périls qui entraînent une nouvelle perception de la terre et du cosmos, car la nature est essentiellement fragile et peut disparaître à tout instant. Ajoutons à cela, la conscience de la toute puissance de la science et de la technologie. Clarke fait évoluer ses personnages en lien direct avec les techniques les plus avancées. L’évolution des protagonistes n’est plus seulement interne à eux-mêmes mais dépend, en partie, des transformations extérieures.

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mardi, 29 juillet 2014

Contre Foucault

 

Il fut une période où, lisant à l’université des extraits d’un philosophe considéré comme un génie subversif et novateur, je tombais sous le charme de sa pensée, récitant les antiennes obligatoires à son endroit, le citant sur le blog avec fierté ça et , etc.

 

Des années après, je découvre un ouvrage incongru, provocant, battant en brèche les idées reçus patiemment collectées sur ce « grand » penseur auprès des professeurs, journalistes et autres cultureux officiels. Un livre au titre impertinent : Longévité d’une imposture : Michel Foucault de Jean-Marc Mandosio aux (excellentes) éditions de L’Encyclopédie des Nuisances, suivi de Foucaultphiles et foucaulâtres. Extraits :

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mardi, 13 mai 2014

Coco Di Kawa : une oasis au milieu d’une gare

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À l’heure où toutes les enseignes font main basse sur le petit déjeuner express, un petit café ambulant, tenu par Angèle, 30 ans, résiste à l’envahisseur. Il répond au doux nom de « Coco Di Kawa ». L’idée lui est apparue lors d’un séjour en Afrique. Elle monte donc le sien en 2010. Nous sommes allés l’interroger, entre deux cafés justement.

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mardi, 27 août 2013

Halimi, Lordon et Corcuff contre Michéa : retour sur la controverse


Article initialement paru sur RAGEMAG


Les polémiques enflent dans le microcosme de la philosophie politique. Au cœur du cyclone ? Jean-Claude Michéa, auteur de dix ouvrages en un peu moins de vingt ans. Serge Halimi ouvrit les hostilités estivales, dans un éditorial du Monde diplomatique accusant le penseur montpelliérain de mythifier un prolétariat qui n’existe plus. La Revue des Livres, sous la plume de l’économiste Frédéric Lordon, consacra onze pages à dénoncer « L’impasse Michéa ». Philippe Corcuff envoya la dernière salve, dans les colonnes de Mediapart, et lui reprocha de brouiller les clivages idéologiques… Un point s’impose.


L’affaire n’a rien d’inédit : les penseurs ferraillent depuis que le monde est ce qu’il est. Platon fit savoir qu’il tint à brûler l’œuvre de Démocrite, Voltaire et Rousseau s’écharpèrent par textes interposés, Marx tenta d’esquinter Proudhon au fil des pages de Misère de la philosophie, la tribu des Temps modernes se souleva après la parution de L’Homme révolté d’Albert Camus et l’année 2013 fut témoin d’un vigoureux duel, opposant Slavoj Žižek, philosophe communiste, à Noam Chomsky, linguiste libertaire…

 

Bisbilles de savants ? Chicaneries d’experts ? Empoignades d’intellectuels ? Le monde des livres a, plus souvent qu’à son tour, fait sécession du monde réel : gloses et entre-gloses, commentaires de commentaires, monologues ou débats incestueux — les hommes de pensée se plaisent à penser entre eux, parlant du peuple de leur pupitre… Mais ces joutes, par-delà les conflits de clans, de clochers ou d’égos, en disent parfois plus long qu’il n’y paraît. La querelle qui, pour l’heure, nous intéresse est intestine : Halimi, Lordon, Corcuff et Michéa aspirent tous à briser les reins du calcul égoïste et de la marchandisation, toujours plus grande, des sociétés et des humains qui les peuplent — mais leurs chemins se séparent quant aux voies pour y parvenir… Les hommes ont trop communément le goût du sang et du spectacle : essayons, comme nous le pouvons, de préférer la pensée au pugilat.

 

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Serge Halimi, directeur du Monde diplomatique et auteur de plusieurs essais incontournables, dénonce l’« image superficielle et dépassée de la société » que les ouvrages de Michéa colporteraient. Les classes populaires y seraient peintes en sépia : bérets, baguettes et bras de fer. Prolos du bon vieux temps, des usines et des camarades, du drapeau rouge et des corons, un pied chez Thorez et l’autre au bar-tabac. « Musclé, français, chef de famille », résume Halimi. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois qu’il mentionne le travail de Michéa : une précédente chronique, vieille de dix ans, rendait compte de la lecture qu’il fit de son essai L’Impasse Adam Smith — il le blâmait, en substance, de ne pas prendre toute la mesure des avancées sociétales.

 

Frédéric Lordon, économiste de sensibilité communiste, directeur de recherche au CNRS et contributeur régulier au Monde diplomatique, s’est fendu d’une charge pour le moins cinglante dans ce « magazine bimestriel de critique politique, sociale et culturelle, ancré à gauche ». La polémique est sans contredit l’une des modalités de l’échange intellectuel — Michéa lui-même n’est jamais avare d’un bon mot ou d’une bourrade — mais il est dommageable que l’auteur, pourtant si fin lorsqu’il aborde des questions d’ordre économique, ait privilégié la controverse au débat d’idées… Le chapeau de l’article, rédigé par la rédaction du magazine, s’étonne, au regard de l’accueil favorable que Michéa reçoit parfois à droite, que des sympathisants de gauche puissent apprécier sa pensée. Et Lordon de lui reprocher d’être paradoxalement « prisonnier de la flèche du temps axiologique » puisqu’il resterait « enfermé » dans la problématique de ce Progrès qu’il conteste tant — c’est-à-dire, en langage courant, que le penseur serait dépendant d’une lecture progressiste du monde, même s’il la nie et la dénonce, puisqu’il reconnaît qu’il existe bien un avant. Michéa serait également sourd aux concepts qui, seuls, permettent d’appréhender rationnellement le monde sans céder aux sirènes de « l’intuitionnisme inspiré ». La notion de common decency, que l’on sait chère au philosophe (et qu’il emprunte à George Orwell penseur dont Lordon accable « la faiblesse conceptuelle »), ne résisterait pas à l’analyse : le peuple ne serait pas plus décent que les élites mais il serait, comme elles, capable de tout — preuve en est, précise Lordon, qu’il peut passer des Arabes et des homosexuels à tabac, voler, tricher, être chauvin ou sympathisant nazi. Michéa construirait, de sa tour d’ivoire, une image angélique et désincarnée d’un peuple vertueux et digne par nature (ce qu’il nomme « son anthropologie sélective ») idéalisation d’autant plus délétère qu’elle traduirait un « racisme social ». Après l’avoir invité à sortir de chez lui et à ouvrir les yeux, Lordon l’accuse, à grand renfort de citations de Spinoza, d’entretenir un « fantasme de ré-enchantement » et de n’avoir qu’une idée en tête : remonter le temps, celui, bien sûr béni, des communautés familiales et villageoises qui fleuraient bon la tradition. Et Lordon de se demander ce qu’un Michéa du XIIIe siècle aurait pensé de l’hypothèse de la possession d’une âme par les femmes…

 

Philippe Corcuff, maître de conférences de science politique et militant anarcho-altermondialiste passé par le NPA, fait preuve de plus de nuances. S’il reproche à Michéa d’essentialiser le Bien et le Mal, de nier le rôle émancipateur des Lumières dans le mouvement ouvrier et d’opposer, trop schématiquement, le libéralisme au socialisme, il ne s’aventure toutefois pas sur le terrain de l’excommunication. Michéa se tromperait également de cibles en fustigeant — il est vrai sans jamais se lasser — le libéralisme-libertaire si prisé par la gauche moderne. Il donnerait en sus des armes à l’adversaire en livrant certaines analyses « conservatrices » et « réactionnaires » et en refusant le vocable « gauche » pour fédérer les luttes émancipatrices. « Michéa est aujourd’hui un socialiste libertaire doté de certains penchants conservateurs. C’est un être métis, mais sa philosophie, fascinée par les essences, a du mal à penser le métissage. » Signalons que Corcuff avait écrit en 2009 l’article « Michéa et le libéralisme : hommage critique », dans lequel il exposait notamment son désaccord avec l’idée, michéiste en diable, d’une unité du libéralisme (culturel et économique).

 

Enfin, quelques lignes à propos du libelle « Michéa, c’est tout bête », rédigé par le sociologue Luc Boltanski et paru dans Le Monde des Livres en 2011L’auteur du Nouvel esprit du capitalisme — essai que Michéa avait d’ailleurs salué dans l’un des siens — l’accusait de mener une « véritable entreprise de captation » à l’endroit d’Orwell et insinuait que ses idées pourraient conduire à une « révolution conservatrice » — allusion évidente au mouvement allemand d’avant-guerre, souvent considéré comme précurseur du fascisme…

 

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Signalons néanmoins que le philosophe met en cause « ces nouveaux chiens de garde » et s’étonne d’une telle campagne : « J’ai décidément dû taper dans une sacrée fourmilière pour susciter ainsi une telle levée de boucliers ! On ne compte plus, en effet, les courageux croisés de la sociologie d’État qui ont jugé soudainement indispensable de mettre en garde le bon peuple — il est vrai déjà suffisamment échaudé par l’actuelle politique de la gauche — contre le caractère profondément hérétique et « réactionnaire » de mes analyses philosophiques. »

 

Michéa évoque « les bourdes théoriques les plus invraisemblables » des analyses de Corcuff et affirme que ce dernier a décrit « un auteur fantasmatique dans lequel il [luiest évidemment impossible de [s]e reconnaître ». Il relève les procédés iniques de ses contempteurs (travestissement de citations et mauvaise foi) et s’emploie, textes à l’appui, à contrer les accusations de manichéisme et d’essentialisme. « C’est toi, et toi seul, qui a délibérément inventé toutes ces catégories surréalistes et qui a aussitôt jugé médiatiquement rentable d’en faire le fond réel de ma pensée, quitte à manipuler, pour ce faire, tous les lecteurs de Mediapart. » Il revient enfin sur le principe de common decency et réfute l’idée, qu’on lui prête, que les classes populaires seraient bonnes par nature.


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Max Leroy

lundi, 23 juillet 2012

Onfray, le philosophe au visage sombre

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Vanité au crâne (Bernard Buffet) 

 

Ah ! on a beau jeu de rire de sieur Bernard-Henry Lévy, de rallier ses ouvrages insipides, de moquer son dernier navet cinématographique (Le serment de Tobrouk), d’abhorrer son omniprésence médiatique, de piétiner son courage de pacotille, d’invectiver son ego surdimensionné, de se gausser de ses références à Botul, etc.

On a beau jeu et à juste titre ! La lutte contre l’imposture intellectuelle est sans fin mais indispensable. La chemise blanche qui parle toute seule correspond de fait à ce que Raphaël Enthoven nomme le « philosophe de service » : « celui qu’on regarde sans le voir, qu’on entend sans l’écouter, qu’on invente quand on l’invite, et qui s’éteint quand la lumière s’en va. » Cette créature de l’opinion qui se conforme à l’idée que les autres se font de la philosophie et de la posture du philosophe. Le philosophe de service est donc celui qui, au lieu de faire de la philosophie, fait le philosophe et donne « le point de vue du philosophe » (qui est de la sorte réduit à un "point de vue" au même titre que celui du juriste, du médecin ou du religieux) et « participe sans vergogne à des débats sans queue ni tête où sa parole n’est qu’un bruit de fond ».


Mais BHL est une cible facile, trop facile. Lévy aime donner le bâton pour se faire battre et ainsi passer pour le plus grand paria de la philosophie depuis Socrate. Il semble plus nécessaire de traquer des imposteurs plus tenaces, plus vicieux, moins soupçonnables, jouissant d’une aura et d’un prestige médiatiques sans commune mesure et d’une renommée déconcertante chez les subversifs en herbes.

En effet, d’autres « philosophes de service »  répondent aux critères énoncés plus haut à l’encontre de BHL et méritent de boire la cigüe : Alain Badiou, Slavoj Zizek, Judith Butler, Michel Onfray… Arrêtons-nous un instant sur ce dernier car il est celui qui ressemble le plus à cette fade quenelle de Bernard alors que beaucoup pensent le contraire. (Pour les deux premiers je ne saurais que trop vous conseiller de lire le premier numéro de la revue {L’autre coté} : « La French Theory et ses avatars »).

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vendredi, 22 juillet 2011

Science, fiction & Philosophie

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Le présent ouvrage est un travail collectif cherchant à illustrer les liens, a priori plus indéfectibles que l’on ne pense, entre la science-fiction (SF) et la philosophie. Plus précisément, à esquisser « une réflexion sur le sens et l’intérêt de la science-fiction (littéraire et cinématographique, c’est-à-dire narrative) pour la philosophie ». Le phénomène culturel de la SF étant grandissant, la philosophie, dont l’une des tâches est de nous renseigner sur le monde dans lequel nous vivons à l’aide de concepts rigoureux, ne pouvait pas ne pas s’y intéresser. D’autant que selon B. Turber il y aurait eu un transfert, dès le XIXème siècle, de l’émotion du sublime traditionnel vers les sciences et les techniques, et dont la première expression littéraire de ce nouveau sublime serait le roman de Mary Shelley, Frankenstein ou le Prométhée moderne, en 1818. On peut, par ailleurs, distinguer deux grandes orientations : celle de la SF classique technoscientifique, à travers les thèmes des voyages dans le temps et dans l’espace, ayant un rapport idéaliste et métaphysique à la philosophie, et interrogeant le devenir de l’humanité (destruction totale ou accession à la divinité) ; et celle de la SF politico-sociale, émergeant dans les années soixante, projetant la société dans des futurs proches souvent cauchemardesques, étant en cela, proche des utopies et des contre-utopies technoscientifiques.

 

Cette étude se décline en quatre analyses : celle, générale, de la portée, valeur et signification que la SF peut revêtir pour la philosophie (relation avec les systèmes et pratiques conceptuels des philosophes, liens avec le genre utopique, les courants postmoderne et cyberculturels, rapports avec l’imaginaire mythologique et religieux, etc.) ; l’analyse, à travers des œuvres, d’un thème cher à la SF mettant en évidence sa portée philosophique (les paradoxes temporels, le clonage, les rencontres avec des formes de vie extraterrestre, l’apocalypse, les mutations politiques, etc.) ; l’analyse d’une ou plusieurs œuvres d’un auteur philosophiquement important (Philip K. Dick, Arthur C. Clarke, Aldous Huxley, etc.) ; l’analyse enfin de l’usage fait par certains philosophes d’expériences de pensée de SF (Thomas Nagel, Jean-François Lyotard, Daniel Dennett, Hartmut Engelhardt, etc.)

 

Des analyses auxquelles huit chercheurs apportent leurs contributions éclectiques – et que nous détaillerons tout au long de cet exposé.

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samedi, 18 décembre 2010

Philosopher à 4 ans : et ce n'est qu'un début !

La philosophie à 4 ans : ce n’est qu’un début !

 

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Le film « Ce n’est qu’un début » est sorti au cinéma le 17 novembre, et pourtant je n’en ai entendu parlé que très récemment. Il vous invite à suivre des cours de philosophie à l’école d’application Jacques Prévert de Le Mée-sur- Seine, dans une ZEP de Seine-et-Marne. Rien d’extraordinaire me direz-vous ? Les cours de philosophie on connait et c’est juste rébarbatif. Sauf que ces ateliers à visée philosophique se déroulent en maternelle avec des élèves de 4 ans !




 

Qu’est-ce qu’un enfant de 4 ans sait sur l’amour ? la richesse ? l’intelligence ? La bande annonce nous apporte déjà quelques réponses. « L’amour c’est le code ». « Une fille ça peut pas être amoureuse d’une autre fille ». Les enfants ont-ils réfléchi tous seuls à ces questions ? On en doute. L’influence des parents est bien présente et c’est justement ce que je trouve intéressant dans ce film : comprendre les codes de la société grâce aux enfants, savoir ce que disent les adultes chez eux, loin des conventions.

 

D’ailleurs je me demande bien à quoi ressemblent les parents de cette petite fille qui dit : « Il est en prison Nicolas Sarkozy ».

 

Mais ce film, que je n’ai toujours pas vu bien que je vous en parle, dévoile aussi des fractures plus profondes, comme ce petit garçon qui dit « Moi j’aimerais bien être blanc et pas noir ». Je ne pensais pas entendre un enfant de 4 ans prononcer ces paroles. Existe-t-il une telle fracture entre les blancs et les noirs en France ? Le racisme est-il déjà (omni)présent dans la vie d’un enfant de 4 ans ?

 

Je vous en dirais plus sur ce film quand je l’aurais vu. En tout cas j’espère y trouver une réponse au problème de ma vie : où ranger le nutella ?

GN

(extrait du film)

mardi, 03 août 2010

Le sophisme du rat

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Enoncé simplement, ce sophisme est on ne peut plus enfantin : « Rat » est composé de trois lettres. Le rat mange le fromage. Donc trois lettres mangent le fromage.

 

La forme latine de cette idiotie est plus convaincante car en latin les articles n’existent pas : la confusion entre le mot « rat » et l’animal était donc moins tirée par les cheveux. Evidemment, personne de sensé, semble-t-il, ne se laisserait prendre à un piège aussi grossier. Et pourtant, le sophisme du rat illustre une erreur très commune : la confusion entre l’ordre symbolique des mots et l’ordre réel des êtres et des choses. Exemple très simple : un lecteur de dictionnaire oublie (à condition qu’il l’ait su, ce qui n’a rien d’évident) qu’il lit des définitions, c’est-à-dire des traductions d’un mot en d’autres mots, et croit qu’il a affaire à des présentations de choses. Ce n’est pas l’animal réel qui est défini à l’article « onagre : âne sauvage », mais le mot « onagre » dont on propose l’équivalent lexical « âne sauvage ».

 

Sylvain Métafiot

samedi, 03 juillet 2010

Les petites phrases des philosophes

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Qui n’a jamais essayé de briller en société, que ce soit lors d’un diner, dans un débat, entre amis ou en famille, en citant tel ou tel grand penseur des siècles passés ? Mais avant de citer Pascal, Camus ou Platon, mieux vaut savoir de quoi l’on parle. Ce qui est rarement le cas… Petit panorama des erreurs d’interprétation, contradictions, contre-sens et autre fourvoiements de la pensée de philosophes, dans lesquels la majorité d’entre nous se vautrent, sans parfois sans rendre compte…

 

« Tout ce que je sais, c’est que je ne sais rien » Socrate


Le père des philosophes avouant son ignorance ? En quelque sorte… Avec ironie, il affirme que celui qui dit savoir ignore tandis que celui qui dit ignorer sait, car le premier ne sait même pas qu’il ignore tandis que le second sait au moins cela. Un beau paradoxe et une belle leçon d’humilité.

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jeudi, 01 octobre 2009

De la joie et du réel, et de quelques autres mots

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Etant donné que je suis débordé et que je n'ai rien d'autre à publier pour le moment, je vous propose un (long) entretien entre le philosophe Clément Rosset et le poète, dramaturge et romancier Jean-Louis Maunoury. En espérant que certains soient intéressés par la pensée, méconnue et difficile, de ce philosophe exceptionnel.

 

Jean-Louis Maunoury : Si vous parlez essentiellement de la joie dans votre livre La Force Majeure, vous employez aussi les mots d'allégresse, de gaieté... Quelle différence faites-vous entre ces mots ?

 

La joie et l'allégresse ne dépendent pas de l'occasion


Clément Rosset : Je me demande si vous posez la question au philosophe ou à l'écrivain. En tant que philosophe, je vous avoue que je ne dissocie pas entre allégresse, gaieté, joie et que tous ces mots conviennent à ce dont j'ai voulu parler dans le livre auquel vous faites allusion. Mais un philosophe est aussi un écrivain et du point de vue de l'écriture, je ferais forcément des nuances. Peut-être moins entre allégresse et joie qu'entre allégresse et gaieté. « Gaieté » nous indique des nuances inanalysables, impalpables. Mais de prime abord, « gaieté » me semble impliquer quelque chose de plus soudain, peut-être de plus léger, quelque chose comme du champagne et peut-être plus tributaire de l'humeur, quelque chose qui est changeant comme l'humeur (on est gai ou on n'est pas gai) alors que l'allégresse ou la joie implique quelque chose de plus stable, plus durable même si cela disparaît complètement certaines heures ou certains jours mais quelque chose qui revient toujours comme une basse continue en musique. La gaieté me semble plus tributaire de l'occasion alors que la joie et l'allégresse ne dépendent pas de l'occasion. Et non seulement elles ne dépendent pas de l'occasion mais elles peuvent très bien intervenir contre l'occasion un peu à la manière des leitmotive dans Wagner qui quelquefois contredisent et non pas soulignent ce qu'était en train de dire le chanteur sur la scène. Il arrive souvent qu'on ait des explosions internes de joie, cette joie ou cette allégresse que je dis pérennes alors que l'occasion est absolument mauvaise et semble plutôt devoir incliner à la tristesse ou à la mélancolie. La joie est si souvent peu en accord avec l'occasion que je pourrais avoir comme devise ce que dit Joffre et qui est à peu près : « Ma droite est enfoncée, ma gauche est en déroute, mon centre cède, tout va bien, j'attaque ! »

 

Dans Nietzsche, dans Montaigne, dans Pascal il y a des remarques très pénétrantes sur le fait que la joie est indépendante de toute occasion de réjouissance et je pense à un mot de Pascal où il dit en gros : « J'ai mes brouillards et mon beau temps en dedans de moi. Ma fortune qu'elle soit mauvaise ou qu'elle soit bonne y fait peu. »

 

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