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samedi, 23 mars 2013

L’Autre, ce facho. L'intolérance des tolérants


« Il n’y a que violence dans l’univers ; mais nous sommes gâtés par la philosophie moderne qui nous dit que tout est bien, tandis que le mal a tout souillé, et que, dans un sens très vrai, tout est mal, puisque rien n’est à sa place »

Joseph de Maistre


Ces derniers temps, les débats ont été vifs autour du projet de loi légalisant le mariage hétérosexuel. Tellement vifs que l'insulte et la diffamation ont souvent pris le pas sur l'échange d'arguments raisonnés. De formidables non-débats ont ainsi eu lieu un peu partout consistant à imposer son opinion au lieu d'écouter celle d'autrui. Belle conception de l'Autre et de la démocratie s'il en est. Analyse d'un certain dogmatisme cool et branché, qui dépasse le cas du mariage homosexuel, en compagnie, notamment, de quelque uns de ses plus grands pourfendeurs : Philippe Muray, Marcel Gauchet et Pierre-André Taguieff.

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jeudi, 28 février 2013

Cinéma : paye ta place à 15 euros, sale pauvre !


 

Article initialement paru sur RAGEMAG

 

L’info est passée relativement inaperçue et, pourtant, symptôme parmi d’autres d’une putasserie capitaliste, elle mérite qu’on s’y arrête : le Pathé Wepler, à Paris, inaugure le ciné à deux vitesses en proposant des billets premium pour 2 euros de plus. En gros, si après une journée de boulot tu décides d’emmener Cynthia, la nouvelle stagiaire, se faire une toile et que t’aimerais être bien posé (c’est-à-dire au centre de la rangée principale), eh ben il faudra raquer 2 euros en rab. Sinon ? Tu seras relégué aux tréfonds de la salle comme un vulgaire clodo incontinent.

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mercredi, 27 février 2013

Vice des belles âmes

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« Sur quelque préférence, une estime se fonde,

Et c’est n’estimer rien, qu’estimer tout le monde. »

Alceste, acte I, scène I


C’est une légèreté grave qui parcourt Alceste à Bicyclette de Philippe Le Guay. Une comédie dramatique qui alterne les émotions comme les deux acteurs alternent les rôles d’Alceste et de Philinte. Une mise en abyme aussi drôle que mélancolique, taillé sur mesure pour un Fabrice Luchini ivre du texte classique, malicieux et d’une profonde tristesse résignée. Ainsi, Gauthier Valence (Lambert Wilson), acteur star d’un téléfilm ringard, se rend à l’île de Ré pour proposer à son vieil ami Serge Tanneur (Luchini), ancienne gloire du cinéma, de monter Le Misanthrope de Molière. Alternant les deux rôles principaux, les deux acteurs répètent pendant une semaine avant que Serge, hésitant, prenne sa décision.

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mardi, 19 février 2013

Ennui sans fin

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Jean Dujardin est en forme ces derniers temps. Après son affligeante émission « comique » sur Canal+ où, avec l'aide de sa bande de potes, il nous a gratifié du pire sketch au monde (« l'ours »), l'acteur JT-able par excellence récidive en jouant un espion russe portant un nom juif traquant une trader américaine à Monaco dans le navet d'Eric Rochant, Möbius. Pour être plus clair, Grégory Lioubov (Dujardin donc), un officier des services secrets russes est envoyé à  Monaco afin de  surveiller les agissements d'un puissant homme d'affaires, Rotovski (Tim Roth). Dans le cadre de cette mission, son équipe  recrute Alice (Cécile de France),  une surdouée de la finance. Soupçonnant sa trahison, Grégory va rompre  la règle d'or et entrer en contact avec Alice, son agent infiltré. Naît  entre eux une passion impossible qui va inexorablement précipiter leur chute.

 

Disons-le d'entrée de jeu, ce film est nul, plat, laid et prévisible. À l'instar du ruban qui inspire le titre, l'intrigue tourne en rond, se perdant en d'interminables va-et-vient entre des personnages aussi charismatiques que des endives au jambon. Autant Dujardin endosse à merveille le costume de cet espion tellement français qu'est OSS 117, autant les rôles dits « sérieux » où il campe des personnages torturés ne convainc absolument pas. Désolé, mais son rôle de Grégory Liubov, espion beauf tatoué au Club Med, on n'y croit pas une seconde. C'est surfait, surjoué, surinterprété, super chiant ! Lorsque Dujardin, fixe la caméra de son regard triste et anxieux on s'attend à ce qu'il nous sorte une vanne assortie d'une grimace afin de se dépêtrer de cette mare de sérieux dans laquelle il patauge, mais non ! Rien à faire, la mayonnaise ne prend pas. Son personnage est, par ailleurs, encore plus stupide que son équipe de bras cassés qu'il dénigre à tout bout de champ. Chapeau l'artiste !


Et que dire de sa partenaire Cécile de France, aussi mauvaise actrice derrière un ordinateur qu'en amazone sur le corps poilu de Moïse ? Rarement une scène de cul n'aura été si ridicule et si peu excitante. Il paraît qu'à la fin, Alice devient un légume suite à un empoisonnement : elle échappe à la mort mais ses yeux de veau reflètent une absence de conscience manifeste. Je dis « paraît » parce que je n'ai guère vu de différences avec son jeu durant tout le film.

 

Selon des sources inconnues, Émilie Dequenne jouerait également un rôle dans ce naufrage mais je n'en ai aucun souvenir. Quant à Tim Roth, outre le fait qu'on se demande ce qu'il vient faire là avec son ridicule accent russe, on sent vraiment qu'il s'emmerde à mourir, ne forçant absolument pas son jeu une moindre seconde. Je viens, je joue, je prends mon chèque, je me casse. Attitude la plus lucide à adopter sur ce tournage.


Ce film se prend tellement au sérieux qu'il est plus lourd qu'une bille sur une étoile à neutron. Et nous ne nous attarderons pas sur la référence, bâclée et insistante, à l'actualité politico-économique quant aux malversations des marchés financiers. Le pseudo message d'indigné du dimanche fait clairement déborder la coupe de l'exaspération.


Non vraiment, si vous voulez du bon Moebius, plongez-vous dans les superbes bandes-dessinées de Jean Giraud et rayez ce film de votre mémoire.


Une seule chose m'a mis du baume au cœur lors de cette éprouvante séance : ne pas avoir payé ma place.

 

Sylvain Métafiot

 

(cliquez sur l'image pour voir la bande-annonce)

mercredi, 06 février 2013

Sans prendre de gants

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N’en déplaise au père Spielberg mais son dernier film, Lincoln, sonne creux comme une poupée de porcelaine.

 

Trop hagiographique, trop lisse, trop désincarné, trop morne, trop long, trop de barbes touffues, trop trop !

Abraham Lincoln est représenté tel un héros sacrificiel se salissant les mains dans la fange et la corruption politicienne pour le bien de tous en faisant voter le XIIIe amendement interdisant l'esclavage. Mais si Daniel Day-Lewis assure une composition sans fard, l’intrigue n’est pourtant guère palpitante et manque singulièrement d’épaisseur politique. Plonger dans les méandres complexes de l’univers législatif américain, avec tout ce que cela comporte de technicité juridique et de stratégie politique, c’est ce qu’à réussit la série The West Wing de manière autrement plus passionnante (même s’il est difficile de comparer les 2h30 du film aux 110h cumulées de la série).

 

Un (petit) point positif tout de même : Lincoln aura eu au moins le mérite de briser la représentation manichéenne que l’on peut avoir sur le spectre politique aux Etats-Unis en rappelant, pour ceux qui l’ignorait, qu’au XIXème siècle le parti démocrate était esclavagiste. Le même parti qui fera élire Barack Obama deux siècles plus tard… Le film fait néanmoins l'impasse sur l'influence du socialisme utopique envers le seizième Président américain.

 

L’œuvre se veut donc plus pédagogique que filmique au sens où plutôt que de raconter des personnages, Spielberg donne à voir des symboles fédérateurs. Soit l’Histoire filmée à la manière d’un livre d’école par un élève trop bien appliqué. À l’instar de son héros, Spielberg aurait dû ôter ses gants, prendre plus de risques et moins de précautions.

 

Une bonne chose pour l’éducation historique. Moins pour le cinéma.

 

Sylvain Métafiot


(cliquez sur l'image pour visionner la bande-annonce)

lundi, 04 février 2013

Orwell sur pellicule


 

Article initialement paru sur RAGEMAG

 

Œuvre contre-utopique par excellence, 1984 de George Orwell a depuis longtemps connue une prospérité indéniable dans les salles obscures. Pas tant en termes d'adaptation qu'en celui d'influence. D'Alphaville de Jean-Luc Godard à Matrix des frérots Wachowski, en passant par Brazil de Terry Gilliam et Equilibrium de Kurt Wimmer, petite virée dans le cauchemar orwellien sur grand écran. Mais pas que...

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samedi, 26 janvier 2013

En chute libre

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« À condition de se poster aux bons endroits, le touriste est plus facile à exterminer que la vipère »

Jonathan Swift

 

Quel animal plus pernicieux et répugnant que celui de touriste ? Cet être vulgaire et cuistre ayant comme unique but de comparer les merveilles qu’il visite au guide de voyage qu’il trimbale partout, au lieu de les contempler. Ce lourdaud pathétique s’extasiant devant les devantures en toc des magasins censés reproduire la « culture d’origine » du pays qu’il visite. Ce beauf fatiguant, trépignant d’inquiétude s’il ne retrouve pas son McDo et son feuilleton préféré à l’autre bout du monde ; parce que le pauvre bichon est perdu sans les repères qui servent de boussoles à sa vacuité existentielle. Bref, cette part honteuse de l’être humain dont il serait bien prétentieux de s’exclure.

 

Ben Wheatley semble partager cette opinion puisqu’il nous gratifie, après le terrifiant Kill List, d’une savoureuse comédie, noire comme la gueule d’un mineur d’un film de Ken Loach, drôle comme un sketch de Benny Hill sous acide et méchant comme une rombière un samedi de soldes : le bien nommé Touristes.

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mercredi, 23 janvier 2013

Débarquement de galériens


 

Putain, ils l'ont fait ! Ils ont réussis le tour de force d'être encore plus affligeants qu'Anne Roumanoff et Dany Boon réunis. Qui ? Mais la joyeuse bande du « Grand Débarquement » (Jean Dujardin, Guillaume Canet, Gilles Lellouche et Marion Cotillard), la nouvelle émission de Canal+, avec le sketch le plus lolilesque du monde : « L'ours ».

L'humour made in Canal + débarque ? Accueillons-le à la Maschinengewehr 42 !

 

(Ecoute ça pendant ta lecture, ça met dans l’ambiance.)

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vendredi, 18 janvier 2013

Interview de Keny Arkana: questions après son passage à la ZAD

Après avoir donné la parole à un membre du collectif de résistance de NDDL, il est l'heure aujourd'hui de donner la parole à Keny Arkana herself, interviewé par " Camille" (Ndlr : le prénom unisexe qui permet à tout le monde de conserver à la fois l'anonymat mais aussi de pouvoir s'exprimer au nom du collectif entier).


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1)  Comment décrirais-tu les conditions de vie à la ZAD ?

Bon, je n'ai pas eu la chance d'aller voir tout les lieux de vie qui existe à la ZAD… Et en même temps deux jours ne sont pas suffisants pour donner un avis pertinent… Mais je dirais qu'en général pour faire vivre un lieu et/ou campement de résistance, cela demande déjà énormément de courage et de motivation surtout quand le climat y est plutôt hostile et que la police use de toutes ces ruses et de toute sa violence pour détruire et évacuer les lieux-dits… ça demande aussi énormément de solidarité entre les gens et une certaine forme de transparence afin de rester unis… Ces lieux renferment bien souvent de belles aventures humaines… J'ai été pour ma part heureuse de rencontrer plein de frangins et frangines avec qui il y a eu de vrais échanges…

 

2) Sur quoi ton regard et ton cœur se sont le plus portés ?
Je dirais déjà sur les gens et sur le bel éventail de style, d'âges et d'espoir qui se rassemblent autour de cette lutte… Puis le champs des possibles, 2000 ha c'est pas rien pour construire un tas de projet alternatifs…

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jeudi, 17 janvier 2013

La ZAD accueille Keny Camille Arkana : retour sur deux jours plein de rebondissements

Edito : " Keny Arkana artiste supra engagée, a participé au Festizad de la Résistance anti- aéroport à Notre-Dame-des-Landes. Nous avons le privilège d'avoir le récit de son aventure qui a été un événement majeur dans la lutte pour un autre Monde !

Nous sommes fiers de contribuer nous aussi à la diffusion de ces informations, et de pouvoir vous montrer ce festival différemment des autres médias.

MaPauseCafé poursuit ainsi son chemin et vous convie aujourd'hui à la découverte de celles et de ceux qui changent les règles du jeu, ça tombe bien car jouer, nous, on adore ça ! ;) "


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AFP  |  16.01.2013

Les 4, 5 et 6 janvier 2013 le Festizad de la résistance se déroulait sur la ZAD (Zone À Défendre) à Notre-Dame-des-Landes. À l’origine de ces trois jours festifs : quelques artistes engagés, comme Keny Arkana, avaient exprimé leur désir de mettre leur voix et leur créativité contestataire au service de la lutte anti-aéroport. Au hasard des rencontres placées sous les nécessités de la lutte, quelques potes zadistes s’activèrent pour accoucher de cet immense évènement qui attira sur trois jours quelques 30.000 participants.


L’idée collective évoluant tranquillement, c’est une grande famille qui s’est affairée à créer les conditions d’un succès : monter les chapiteaux, prévoir la nourriture, accueillir les groupes, assurer la sécurité, s’occuper du son et donner à voir l’« art de rue ». Chacun a pris sa place et assuré ses responsabilités afin que ce moment soit une réussite. De nombreux artistes ont répondu à cet appel. Pour ma part, j’ai eu la chance d’accompagner Keny Arkana et son équipe pendant deux jours épiques sur la ZAD.

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Le vendredi 4 janvier en début d’après-midi, la ZAD était en pleine effervescence quand sont arrivées Keny et trois sisters bien motivées. La voiture a passé les barrages policiers sans trop de souci pour rejoindre « la Sècherie », dernier lieu de vie en dur à la ZAD. Ce corps de ferme, situé entre la Paquelais et les Ardillères, a été partiellement détruit le 26 octobre, et est désormais en cours de reconstruction de son extension avec pneus et palettes. L’endroit qui abrite entre vingt et trente  personnes est toujours en sursis par un avis d’expulsion du 27 décembre.

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