vendredi, 15 août 2008
P'tit bilan politique de Sarko & Co
- POLICE La Commission nationale de la déontologie et de la sécurité (CNDS) dénonce les dérives de la police nationale : menottages abusifs, fouilles au corps injustifiées, banalisation et extension de la garde à vue. L’autorité administrative indépendante accuse également les représentants des forces de l’ordre de se livrer de plus en plus souvent à des manœuvres judiciaires visant à discréditer les plaintes dont ils font l’objet.

- PRISON La surpopulation carcérale connaît un nouveau pic historique : 64 250 détenus pour environ 51 500 places disponibles. Soit un taux d’occupation moyen de plus de 126 % avec 7 % des établissements dépassant les 200 %. Ainsi, régulièrement 3 à 4 détenus se partagent une cellule de 9 mètres carrés. Et 1700 matelas à même le sol, selon le principal syndicat des surveillants.
- JUSTICE Depuis le 10 août 2007, la loi instaure des peines planchers pour les délinquants récidivistes, et la suspension de l’excuse de minorité pour les mineurs de plus de 16 ans. La loi du 26 février dernier prévoit, de son coté, la création de « centres de rétention de sûreté », dans lesquels les criminels « dangereux », condamnés à des peines de plus de quinze ans, pourront être de nouveau enfermés à leur sortie de prison. Rétention autorisée ad vitam aeternam, si nécessaire.
- IMMIGRATION Contrôles au faciès, convocation pièges en préfecture, interpellations à la sortie des écoles… En 2007, plus de 35 000 étrangers, dont 242 enfants, ont transité dans les 27 sites de rétention administratifs (CRA). Soit 4000 de plus qu’en 2006. Les quotas d’expulsions sont à la hausse : 25 000 en 2007, 26 000 en 2008. Avec des drames à la clé : une Chinoise s’est mortellement défenestrée à Paris en septembre, un jeune Kényan s’est pendu en février et un Malien s’est noyé en avril. Dans les CRA, les tentatives de suicide, d’automutilations, grèves de la faim, incendies et révoltes sont devenus quasi quotidiens.
- CONTROLE Depuis le 1er juillet 2008, toute personne « qui joue un rôle institutionnel, économique, social ou religieux significatif » pourra être fiché par les RG, y compris les mineurs « susceptibles de porter atteinte à l’ordre public », à partir de l’âge de 13 ans. Caractéristiques recensées : état civil, photographie, fréquentations, comportements, déplacements, appartenance ethnique, vie sexuelle, opinions politiques, philosophiques, religieuses, appartenance à des syndicats ou
associations…
- SYNDICATS La loi du 21 août 2007 instaure le service minimum en cas de grève. La loi votée le 23 juillet, dite de « modernisation du marché du travail », impose un temps de travail négocié par entreprise plutôt que par branche.
- MEDIAS Ingérence dans le recrutement des rédacteurs en chef (Les Echos) et des journalistes (Europe 1)… ainsi que dans leur éviction (Alain Genestar de Paris Match). Conflit ouvert avec l’AFP, accusée d’être à la solde de l’opposition. Suppression de la publicité de France Télévisions : joli cadeau à l’ami Bouygues. Fin de la protection des sources avec la nouvelle loi, adoptée par l’Assemblée le 15 mai dernier, qui donne les moyens aux juges d’obliger les journalistes à révéler leurs sources « lorsqu’un impératif prépondérant d’intérêt public le justifie ». Autant dire, le plus souvent possible.
Après ces réjouissances, viendra un bilan économique du gouvernement qui est, vous vous en doutez, loin d’être glorieux…
Sylvain Métafiot
Source : Charlie Hebdo (13/08/2008)
15:17 Publié dans Actualité | Tags : sarlozy, gouvernement, médias, journalistes, justice, prisons, bilan désatreux | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 13 août 2008
Super, Facebook m'a présenté ma mère !
Voici un article d’Alain Monnier déniché sur Marianne2.fr
"Fer de lance des nouveaux « réseaux sociaux » d' Internet, Facebook offre une nouvelle manière de vivre ensemble. Assez peu réjouissante.
Peut-être n'avez-vous point encore entendu parler de la dernière trouvaille du marketing informatique qui hante les Marchés ? Je veux parler des réseaux sociaux, et de son fer de lance le plus médiatisé Facebook. Ne vous réjouissez pas, ça ne saurait tarder. La preuve ici même, mais pour la bonne cause, celle du sens commun à toujours conforter.
A l'origine du réseau social
Les réseaux sociaux, ça sonne si bien qu'on n'ose même pas demander ce qui se cache là-dessous. Point de fausse honte, il ne faut jamais rougir devant les suffisants qui vous snobent à coup de concepts aussi creux qu'arrogants ! Les réseaux sociaux sont cet ensemble de relations qui sont tissées autour de chacun de vous, ces échanges courants entre vos amis, vos parents, vos voisins, vos collègues… ces échanges gratuits, généreux, parfois névrotiques ou amoureux, les petits services, les coups de mains, les coups à boire… Bref tout ce qui fait qu'on se sent de manière évidente, sans avoir à se le dire chaque matin, homme parmi les hommes ou parité oblige, femme parmi les femmes. Ce n'est rien de vraiment intellectuel, c'est le quartier, trois phrases dans un bus, une confidence plus intime, l'heure à laquelle je rentre, les amis qui viennent manger demain, les courses de la voisine malade, des nouvelles de votre meilleur pote… Bref toutes ces choses qui échappent au nouvel ordre marchand et procédurier du monde. Toutes ces choses que le libéralisme combat de manière insidieuse, puisqu'il a été décrété une fois pour toute que l'individu prime sur tout le reste et que l'égoïsme féroce est seul apte à rendre compte du monde. C'est ainsi qu'au nom de la sacro-sainte liberté individuelle et de la régulation des sociétés par l'ordre marchand auront été dynamités la famille (qui tente vainement de se recomposer), les quartiers populaires des centres villes, les bistrots systématiquement remplacés par des opticiens et des banques… la liste est longue. Tu veux être mon facebook friend ? 
Mais il ne faut pas désespérer, car les penseurs du Net ont repéré, - sont-ils futés les bougres ! -, l'importance de ces petits riens, de ces liens qui tissent la société, et ils se font forts de les recréer grâce au prodige des nouvelles technologies de l'information. Et vous voilà donc, à vous connecter chaque jour, que dis-je à chaque heure, sur une plate-forme telle Facebook, où vous retrouvez tous les gens que vous connaissez, où vous découvrez tout ce qu'ils font, leurs nouveaux amis qui peuvent aussitôt être vos amis (c'est pas beau la vie ?), leur emploi du temps, leurs états d'âme du moment… Et tout ça, miracle des miracles, sans les avoir en face. Mais comment ça marche ? Là on atteint la force du concept : vous donnez à Facebook tous les noms et adresses de vos relations. Facebook les enregistre et recherche ceux qui, parmi eux, sont déjà inscrits dans Facebook, et…il vous les présente. Si par exemple vous lui donnez le nom et les coordonnées de votre mère et que celle-ci par chance soit inscrite sur Facebook, il vous présente votre propre mère et vous propose d'établir un lien avec elle, ce qui est n'en doutons pas une force de la modernité ambiante.
Une communauté de 40 millions d'amis !
Evidemment Facebook conserve toutes les adresses et s'enrichit au fur et à mesure des nouveaux arrivants pour former aujourd'hui une communauté de 40 millions de personnes. C'est impressionnant, et en plus c'est gratuit… dès lors que vous vous infusez toute la publicité que l'on déverse sur vous, tels des tombereaux de purin, à longueur de connexion. Eh quoi, le gratuit doit se financer, le gratuit ne peut pas être gratuit ! De temps en temps, la communauté s'en émeut. Elle en devient touchante. Voilà des gens qui confient sans la moindre retenue leurs goûts, leurs projets, le nom de leurs relations à des entreprises de marketing…et qui s'offusquent que l'on puisse s'en servir ! Passons.
Avoir son réseau social sur Internet évite de se coltiner ses relations tout en étant systématiquement avec elles. Que c'est bon de vivre ensemble ! De toute façon les trois quarts ont mauvaise haleine, les deux tiers sont des radins, les trois huitièmes mettent leur doigt dans le nez, il y aurait bien cette jolie petite Mina (ou ce beau Jules, parité oblige) qu'on regrette de ne pas voir pour de vrai et pour de près, mais bon, la technologie va bien trouver une solution pour qu'on se touche ou qu'on se caresse à distance sans vraiment être là ! Attention c'est un tuyau que je vous passe : la caresse à distance pèsera lourd, très lourd, à la Bourse de New York, n'hésitez pas à investir ! "
Sylvain Métafiot
Un p'tit lien pour se marrer en anglais : http://www.youtube.com/watch?v=t_ax0e7RXj8&feature=re...
02:05 Publié dans Economie | Tags : web 2.0, réseaux sociaux, facebook, my space, internet | Lien permanent | Commentaires (2)
dimanche, 10 août 2008
Coldplay Viva La Vida
I used to rule the world
Seas would rise when I gave the word
Now in the morning I sleep alone
Sweep the streets I used to own
I used to roll the dice
Feel the fear in my enemy's eyes
Listen as the crowd would sing:
Now the old king is dead! Long live the king!
One minute I held the key
Next the walls were closed on me
And I discovered that my castles stand
Upon pillars of salt and pillars of sand
I hear Jerusalem bells a ringing
Roman Cavalry choirs are singing
Be my mirror my sword and shield
My missionaries in a foreign field
For some reason I can't explain
Once you go there was never, never an honest word
That was when I ruled the world
(Ohhh)
It was the wicked and wild wind
Blew down the doors to let me in.
Shattered windows and the sound of drums
People couldn't believe what I'd become
Revolutionaries wait
For my head on a silver plate
Just a puppet on a lonely string
oh who could ever want to be king
I hear Jerusalem bells a ringing
Roman Cavalry choirs are singing
Be my mirror my sword and shield
My missionaries in a foreign field
For some reason I can't explain
I know Saint Peter will call my name
Never an honest word
But that was when I ruled the world
(Ohhhhh Ohhh Ohhh)
I hear Jerusalem bells a ringing
Roman Cavalry choirs are singing
Be my mirror my sword and shield
My missionaries in a foreign field
For some reason I can't explain
I know Saint Peter will call my name
Never an honest word
But that was when I ruled the world
Oooooh Oooooh Oooooh
12:54 Publié dans Musique | Tags : coldplay, viva la vida, tube, anglais | Lien permanent | Commentaires (0)
Le pouvoir d'achat
12:51 Publié dans Musique | Tags : pouvoir, d'achat, donnez moi, sarkozy, supermarché, la chanson du dimanche | Lien permanent | Commentaires (1)
samedi, 09 août 2008
Les JO accentuent les atteintes aux droits de l'homme !
Désolé de casser l’ambiance en cette période des Jeux Olympiques où tout -monde-il-est-beau-tout-le-monde-il-est-gentil mais, contrairement à ce que croyaient les gogos en tout genre, les promesses des autorités chinoises d’améliorer les Droits humains n’ont pas été tenues. Bien au contraire, selon Amnesty International, « La vague de répression actuelle intervient en grande partie à cause des JO ! ». Ainsi, plus précisément, « Les autorités chinoises ont placé en détention des personnes qui avaient écrit au C.I.O pour demander une amélioration de la situation des Droits de l’homme, protesté contre les expulsions forcées, ou manifesté contre la violation du droit au logement.

Le gouvernement chinois avait promis de n’imposer aucune restriction au travail et au mouvement des journalistes, avant et pendant les jeux, déclarant : « Les médias disposeront d’une liberté d’information totale quand ils viendront en Chine… [Mais oui mon bichon…]. Pourtant, les autorités ont interdit aux journalistes étrangers l’accès au Tibet et aux régions limitrophes. Beaucoup continuent d’être harcelés et mêmes détenus s’ils cherchent à travailler hors de Pékin. Des journalistes continuent d’être menacés, et des publications ont dû s’interrompre suite à des articles politiquement sensibles. La police de l’Internet forte de 30 000 personnes, exerce une surveillance permanente sur les sites et les messageries. De nombreux internautes ont été arrêtés.
L’utilisation persistante de la « rééducation par le travail » permettant d’emprisonner quelqu’un jusqu’à 4 ans sur simple décision de la police, découle de la nécessité ressentie par les autorités de chasser les « indésirables » des rues de la capitale, dans le cadre du « nettoyage » [quel terme charmant…] de la ville.
Au 2nd degré, la question des droits de l’homme n’échappe pas au regard ironique du journaliste Gérard Biard : « La Charte olympique précise que « la pratique du sport est un droit de l’homme » [pincez-moi !]. C’est le seul droit fondamental qu’elle mentionne explicitement – ce qui, au passage, en fait la charte éthique la plus proche de la Constitution chinoise. Qui osera prétendre que le gouvernement chinois empêche le peuple de faire du sport, lui qui sélectionne ses athlètes dès l’âge de 6 ans et leur fait faire au moins 12 heures d’exercice par jour ? […] Grâce à l’armée, depuis des années, n’importe quel manifestant est en mesure de courir le 100 mètres en moins de 7 secondes.
Quand aux semi-esclaves qui auraient travaillé pour des clopinettes à l’édification des sites de Pékin, rappelons que le bénévolat est également une valeur olympique. Ne soyons pas injuste et rétablissons la vérité, cette vérité que les droits-de-l’hommistes-germanopratins-ex-soixante-huitards voudraient cacher [bouh les méchants !] : la Chine peut se revendiquer fièrement des valeurs de l’olympisme. Elle ne doit pas avoir honte d’écraser les opposants, de censurer les médias, d’enfermer à tour de bras, d’empiler les condamnés à mort, de mettre des chars dans la rue dès qu’une banderole de protestation apparaît. Etre une dictature ne constitue pas, loin s’en faut, une entorse aux valeurs chères à Coubertin [admirateur d’Hitler]. Et ce n’est pas le marquis Juan Antonio Samaranch, qui fut ministre de Franco avant de prendre la tête du CIO de 1980 à 2001, qui dira le contraire. Quand au sport en général, qui serait aujourd’hui le nouveau symbole du « peace and love », à part le fait que les sportifs sont encore plus drogués que les hippies, on ne voit pas le rapport. »

Bref, comme je l’avais déjà dit je ne m’abruti pas devant le sport à la télé ; les JO ne font pas exception et le fait que cela se passe dans la plus grande dictature du monde n’arrange pas mon dégoût. Avis aux amateurs : hypnotisez-vous devant ce ramassis de dopés ingénus ou stupides pendant que persistent les atteintes aux droits de l’homme telles que la peine de mort, les arrestations arbitraires, les répressions contre les minorités tibétaines, ouïghours, mongols…
Sylvain Métafiot
10:16 Publié dans Actualité | Tags : chine, jeux olympiques, atteinte aux droits de l'homme, dictature, journalistes emprisonnés, amnesty international, jo | Lien permanent | Commentaires (2)
jeudi, 07 août 2008
WALL-E
Enfin il est là, le nouveau film sorti des studios Pixar et Walt Disney, le film qui fait tant parler de lui déjà Wall E... Notre équipe c'est rendu au ciné pour vous livrer ses impressions.
Noté 4 étoiles spectateurs et 4 étoiles critiques sur Allo Cine ( les plus hautes notes), nous avons Sylvain et moi, trouvé que ce film n'en valait pas autant.
Fable futuriste sur un monde déserté par les humains car trop pollué et laissé à des robots du Nom de Wall E afin de nettoyer et ranger notre planète, l'intrigue ne s'arrétait bien sur pas là.
Ce robot allait être en contact avec un autre robot d'une autre Espèce (Eve) envoyé régulièrement sur Terre pour rechercher une trace végétale de la vie...
Alors l'histoire d'amours entre deux robots sur une planète déserte est vraiment mignonne et vaut son coup d'oeil, on les croirait humains les voix ne le sont pas mais ont un charme et une caractèristique spéciale.
Quant aux humains me direz vous, où sont ils allés ? Quelque part dans l'espace à des millions d'années lumières ce qui ne rend pas le scénario crédible puisque entre le départ des humains et l'histoire d'amour des robots il ne s'est écoulé que 700 ans aux deux endroits...
Mais pour faire bref, ils sont sur une station spatiale, fleuron de BNL (une entreprise énorme) est paradis du commerce, des achats, de la bouffe grasse, de la fainéantise... ils sont au bout de 700 ans incapables de se mouvoir et ne se déplacent plus que sur des sofa automatisés.
Enfin ils n'ont même pas conscience d'être là puisque omnibulé par leur écran qui leur sert de téléphone, guidon, serveur etc... et des robots se pressent pour être utile et serviable.
Bref une vie monotone, coupée du monde, et sans aucun intéret à part les parties de golf virtuelles et les repas...
Wall E est un peu un prolongement des humains, il sert à ranger notre monde, et collecte parfois des objets qui lui paraissent bien, ainsi, il est le dernier survivant des robots nettoyeurs, (du moins on n'en voit pas d'autres) et il s'est crée un petit monde bien à lui, un hangar maison, un animal domestique attachant et résistant, et des objets de toutes sortes... tels un rubiscube, des restes d'autres robots, une fameuse plante, des chaussures, des lampes, un lecteur MP3 dernière génération ( vous savez avec une grosse pomme dessus) qui lui sert de télé, et d'ailleurs il est fan d'un film où les humains dansent...
Bref il aime sa vie qui ne lui parait pas monotone, vu sa curisioté et sa personnalité exceptionnelle, il fait son petit boulot tranquillement, jusqu'au jour, où il rencontre l'amour...
Ces deux personnages nous apparaissent très attachant dans une société ou le romantisme, la générosité et le sacrifice de sa personne n'existe plus...
Peu de dialogues dans ce film ( ndlr jusqu'à la 27è minute aucun) mais une belle histoire où encore une fois l'amour, les humains et l'écologie (élément nouveau dans un dessin animé) feront de votre séance cinéma un beau moment...
Ca sera un peu votre pause cinéma dans mapausecafe... en tout cas, même si il semble trop bien noté à mes yeux, (il ne vaut ni un shrek ni un age de glace) je vous encourage à aller le voir, cela reste un film événement, et les graphismes sont d'une beauté extrême, c'est à se demander si ce fameux Wall E n'existe pas réellement...
A méditer donc, faites nous part de vos impressions...
00:45 Publié dans Cinéma | Tags : wall e; eve ;walle; pixar, créateurs ratatouille, walt disney, dessin animé, écologie, robot | Lien permanent | Commentaires (1)
mardi, 05 août 2008
Sartre et le garçon de café
Allez, zou, un peu de philo.
Les philosophes, pour présenter leurs théories aiment se servir d'exemples. Dans L'Etre et le Néant Sartre choisit un garçon de café pour illustrer sa définition très personnelle de la mauvaise foi.

Après s'être attablé à un café du quartier latin Sartre, derrière le verre épais de ses lunettes, considère le garçon de café de la façon suivante : "Il a le geste vif et appuyé, un peu trop précis, un peu trop rapide, il vient vers les consommateurs d'un pas un peu trop vif, il s'incline avec un peu trop d'empressement, sa voix, ses yeux expriment un intérêt un peu trop plein de sollicitude pour la commande du client, enfin le voila qui revient, en essayant d'imiter dans sa démarche la rigueur inflexible d'on ne sait quel automate, tout en portant son plateau avec une sorte de témérité de funambule [...]. Toute sa conduite nous semble un jeu [...]. Il joue, il s'amuse. Mais à quoi joue-t-il ? Il ne faut pas l'observer longtemps pour s'en rendre compte : il joue à être garçon de café." On l'aura compris : ce bonhomme en fait trop, il "en rajoute". Il cherche à se persuader lui-même qu'il se confond si parfaitement avec sa fonction qu'il est sa fonction. Or il n'est pas, par essence, garçon de café. En fait, son essence lui échappe. Il ne peut avoir conscience que de son existence, ce surgissement contingent et aléatoire dans le monde des vivants. En revanche, le plateau que porte si lestement notre serveur est, lui, bel et bien un plateau, un être-en-soi (c’est l’essence même d’une chose). Sa réalité est massive, univoque, incontestable, sans intériorité ni devenir. Il est fermé sur lui-même ; sa forme et sa fonction sont déterminées. Ce plateau est en lui-même ce qu’il est, rien que ce qu’il est et tout ce qu’il est. Si le plateau est, le serveur, lui, existe. Il est un être-pour-soi (c’est la capacité à se connaître soi-même. Les objets n’ont pas d’être-pour-soi. Dans le cas d’un homme, c’est sa conscience de lui-même), une conscience. La conscience n’a ni forme, ni contenu, ni fonction : elle est pur néant et pure liberté. Une ouverture béante sur le monde, un gouffre vertigineux et angoissant. L’Homme, parce qu’il est un être conscient, n’a donc pas d’essence, pas de stabilité, pas de pérennité. Il est condamné à n’être jamais ce qu’il est. Mais qui peut se résigner à n’être rien ?
Le rêve de toute conscience est de coïncider avec elle-même, de se donner la consistance indubitable d’une chose et d’abolir ainsi son angoissante liberté. C’est ce que Sartre appelle la mauvaise foi (pour lui c’est le propre de l’homme que d’être capable de mauvaise foi, c’est-à-dire de se mentir à lui-même sur ce qu’il est vraiment. La conscience peut être en décalage avec l’essence). Par sa conduite exagérément stéréotypée, le serveur veut s’arroger une essence pour échapper à son propre néant. Il « se la joue » garçon de café, comme d’autre jouent au policier irréprochable ou à l’employé modèle, pour se consoler du sentiment de leur propre vacuité.
Mais voila que Jean-Paul se lève pour saluer Simone. Ensemble, ils vont jouer à être Sartre et Beauvoir au Flore ou à la Coupole.
Ça va ? Pas trop la tête en surchauffe ? Tiens, au fait, vous avez remarqué : être ou ne pas être ?/ Naitre (n’être) ou ne pas naitre (n’être)? La naissance est la négation de l’être… à méditer.
Sylvain Métafiot
Source : Article intégrale d’Olivia Gazalé Philosophie magazine n°1 avril-mai 2006
13:41 Publié dans Littérature | Tags : sartre, philosophie, idées, garçon de café, exemple philosophique, beauvoir | Lien permanent | Commentaires (8)
lundi, 28 juillet 2008
Voir Rio et Mourir
Sorti mercredi dernier, La cité des hommesest la meilleure raison actuelle de se rendre au cinéma.

Pourquoi ? Parce que Paulo Morelli, le réalisateur, clôt la série télévisée éponyme entamée il y a cinq ans par un film dont la puissance est héréditaire à la Cité de Dieu.
La cité de Dieu…rappelez-vous de ce chef d’œuvre brulant sorti en 2002 et réalisé par Fernando Mereilles (The Constant Gardener c’est lui) : le quotidien sordide des adolescents des favelas (bidonvilles brésiliens) de Rio de Janeiro y était relaté d’une façon réaliste, désespérante et surtout ultraviolente. En effet, malgré une interdiction aux moins de 16 ans, le film fit sensation et devint rapidement la référence du genre (on se souvient du plus ancien Pixote). Moins violent que son ainé, La cité des hommes n’en demeure pas moins captivant, sanglant, triste et surtout étouffant. C’est dans l’enfer aride d’une favela que nous suivons deux amis d’enfance, Laranjinha et Acerola, alors qu’ils viennent de fêter leurs 18 ans. Tous les deux sans pères, ils cherchent à combler leur vie tant bien que mal (élever un enfant quasiment seul, chercher un père disparu, vivre un amour impossible, etc.) en évitant la guerre des gangs qui ravage la cité. Ce ne sera pas facile sachant que l’un est le cousin d’un parrain et l’autre amoureux de la sœur du parrain rival…entre autres…car les difficultés dans ces enfers labyrinthiques que sont les favelas ne sont pas un moindre mot, mais le quotidien des habitants. Qui dévie des codes et normes de (sur)vie dans la cité oppressante s’expose à la mort.
Morelli film de façon nerveuse, caméra à l’épaule, avec des acteurs non professionnels, tant et si bien que, par moments, on pense à un documentaire qui aurait mal tourné (sans mauvais jeu de mot…). Néanmoins la mise en scène fait la part belle aux couleurs délavées et jaunies, aux flash-back incessants, aux couchers de soleil sensuels sur la baie et aux flingues rutilants. Plus porté sur l’affect des deux héros que sur les luttes intestines des bandes rivales, les séquences de gun fight relèvent néanmoins d’un chaos frénétique et d’un stress sauvage vraiment sublimes. On a toujours du mal à respirer… L’un des rares moments de détente se trouvant au début du film lorsque les gangsters en herbe (on tue souvent très jeune) se détendent en allant piquer une tête au bord des plages paradisiaques de Rio (cliché touristique avec le carnaval). Le calme avant la tempête… Comme le dit Jean-Baptiste Thoret « à force d’essayer de survivre à la misère, certains préfèrent devenir rois d’une colline plutôt qu’esclaves du monde ». Une allégorie désespérante de tous les pauvres ?
Sylvain Métafiot
15:25 Publié dans Cinéma | Tags : cité des hommes, cité de dieu, favelas, gangsters, gangs, bandes, guns | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 24 juillet 2008
Danger nucléaire : une réalité

Après les fuites radioactives dans les centrales nucléaires de Romans-sur-Isère et du Tricastin, le gouvernement assure que tout risque est écarté et se fait le chantre de la transparence. Seulement, on se souvient des essais d’explosions atomiques au Sahara et du nuage de Tchernobyl qui s’arrêta à la frontière. Ces jeux d’acteurs auraient mérités des oscars.
Aujourd’hui, le directeur de la filiale d’Areva au Tricastin vient d’être viré, et Jean-Louis Borloo veut contrôler les nappes phréatiques autour de toutes les centrales. Bien, bien, bien… Ce même Jean-Louis, ainsi que le reste des autorités, nous ont assurés que cet incident (74 kg d’uranium relâchés dans la nature tout de même) était de niveau 1 et qu’il ne fallait pas s’inquiéter outre mesure. En effet, l’ASN (l’autorité de sûreté nucléaire) classe les évènements nucléaires par ordre de gravité selon l’échelle internationale Ines, qui va de 0 à 7. Des « anomalies » de niveau 1, il y en aurait des centaines par an en France. Le journaliste du Canard Enchaîné, Jean-Luc Porquet, a ainsi recensé 896 « anomalies » (dont 86 cette année). Petit échantillon :
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" Le 6 mai dernier, à la centrale nucléaire de Dampierre, un bouchon de protection saute, 35 mètres cubes d’eau « faiblement contaminée » se déversent, mais sont récupérés. "
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" Le 17 avril à la Hague, deux techniciens, après avoir changé un filtre usagé, ôtent leurs masques, hop, les voila contaminés. "
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" Le 5 novembre dernier, la centrale de Civaux envoie par la poste un colis contenant quatre détecteurs ioniques de fumée possédant chacun une source radioactive "
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"Le 20 octobre 2006, à la Hague, deux opérateurs, ayant chacun plus de 20 ans d’expérience, font sauter, sur ordre, un cadenas au coupe-boulons. Lequel avait été posé 10 ans plus tôt lors d’un incident… Catastrophe : le tuyau est en surpression, des poussières radioactives leurs sautent au visage, l’un deux est aujourd’hui en dépression ; tous deux cherchent à accéder à leur dossier médical, ce qu’on leur refuse. "
De son coté, Antonio Fischetti, journaliste scientifique à Charlie Hebdo, s’interroge : « s’il n’y a aucun problème avec l’atome, pourquoi coller en garde en vue les militants de « Sortir du nucléaire » qui rendent publiques des informations auxquelles tout citoyen devrait avoir accès ? Pourquoi le sale boulot dans les centrales est-il effectué par des intérimaires qui se font contaminer à la place des salariés ? Pourquoi attendre des heures ou même des jours avant d’informer la population d’un incident ? Et encore, tout ça n’est rien à coté d’une future (et certaine) fuite radioactive dans l’une de ces belles démocraties, tels que la Libye, la Chine ou les Emirats arabes unis, que Sarkozy est en train d’arroser de centrales.
Si les apôtres du nucléaire ont gagné des points en parant cette énergie d’une étiquette écolo grâce à l’absence de gaz à effet de serre, ils ont encore bien du boulot pour nous prouver qu’elle est démocratique »
Et vous ? Etes-vous favorable à l’énergie nucléaire ? Aux énergies renouvelables ? Ou a un « compromis » des deux ?
Sylvain Métafiot
16:40 Publié dans Actualité | Tags : danger nucléaire, bombe atomique, atome, fuite uranium, énergie renouvelable, déchets nucléaires, gouvernement | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 18 juillet 2008
Les tabous de l'esclavage
Je viens de visionner une théma sur Arte (diffusée il y a plus d’un mois) de l’excellent Daniel Leconte. Le thème : l’esclavage ou plutôt les tabous de l’esclavage.
La théma est composée de deux documentaires et d’un débat entre deux historiens africains. Le premier doc, intitulé « Chasseurs d’esclaves » de Sophie Jeaneau et Anna Kwak, nous rappelle que l’esclavage est malheureusement encore pratiqué dans de nombreux pays d’Afrique, tel que la Mauritanie. On suit une équipe composée d’un membre de la commission nationale des Droits de l’homme, une militante de SOS Esclaves et Bilal, un esclave évadé qui veut délivrer sa sœur, retenue sous une tente par un maître qui lui a fait deux enfants, sans même subvenir à leurs besoins. En effet, à Nouakchott, le gouvernement a beau avoir voté des lois contre l’esclavage, les vieilles traditions archaïques et barbares (n’ayons pas peur des mots, l’esclavage est une barbarie quelque soit le maître ou l’esclave !) perdurent. Ce pays musulman avait pourtant aboli trois fois cette pratique honteuse par le passé : en 1905, du temps des Français, en 1960, lors de l’indépendance, et en 1980 par le pouvoir militaire. Pourtant, dans la brousse, on plonge dans un autre siècle : tout ce qui naît avec une peau claire descend des Maures razzieurs d’autrefois et fait automatiquement partie des maîtres. Ceux qui ont une peau foncé sont esclaves.
Comme le dit le journaliste Bernard Thomas « le chemin vers la démocratie est évidemment escarpé, ardu, très difficile ».
Le second doc, intitulé « Esclaves oubliés » d’Antoine Vitkine, retrace les différentes traites esclavagistes à travers l’histoire. Et, c’est là le plus important, on apprend que l’Occident chrétien n’occupe que la troisième place du podium de l’esclavage. Les européens se sont effectivement comportés comme d’immondes salopards dans cette histoire, cela est entendu et répété à juste titre : entre le XVème siècle et le XIXème siècle 12 millions d’êtres humains ont ainsi été déportés vers les Caraïbes et les Amériques.
Mais les autres ont fait pires.
Sur la deuxième marche du podium, on trouve…les noirs eux-mêmes ! Ce trafic interne de Noirs contre Noirs a produit une traite ignoble de 14 millions d’individus.

Enfin, the last but not least, la première place de ce macabre podium est occupée par les Arabes. Ils se sont attelés à la « tâche » dès l’apparition de l’Islam au VIIème siècle, jusqu’au XXème siècle. Le nombre d’esclaves déportés s’élève à 17 millions ! Ils ne s’en vantent pas. Au Caire existait même depuis le moyen-âge un syndicat des négriers, chargés de planifier les commandes des Etats musulmans. : car le Coran n’encourage pas l’esclavage. Mais il l’autorise et légifère sur sa pratique. A condition qu’il s’agisse de non-musulmans (des roumis par exemple). Des razzias furent opérées par les nomades au sud du Sahara qui ramenèrent 7 millions d’individus vers le Nord ainsi qu’un fructueux va-et-vient à travers la mer Rouge en direction du Caire, de Bagdad, de La Mecque, d’Istanbul, dont Zanzibar demeure le plus fastueux témoin.
Le problème, rappelle Tidiane N’Diaye, économiste à l’Insee, est, que, maintenant, « on s’entend bien avec les Arabes. Alors on préfère ne pas rouvrir avec eux des pages douloureuses ». L’UNESCO se comporte avec la plus grande hypocrisie en occultant la traite arabe et noire en se concentrant uniquement sur la traite atlantique (qu’il ne faut jamais oublier bien sûr) lors des commémorations de l’esclavage. Un des historiens africain présent lors du débat de fin d’émission a même subi les foudres, lors d’une conférence internationale, de représentants noirs et arabes lorsqu’il a évoqué la diversité et la complexité de l’esclavage au fil des siècles. Dans ce domaine la vérité dérange. Les historiens arabes, africains ou occidentaux désireux de faire scrupuleusement toute la lumière sur cette tragique et lamentable page de l’histoire de l’humanité ne sont pas entendus.

Ces films font partie de ceux qui devraient être obligatoires dans les écoles, afin notamment d’ouvrir les yeux aux dangereux manichéens de tout poil qui ne voient la vie qu’en noir ou blanc, qui se bornent à essentialiser certains crimes ou pratiques (si il a commis ceci c’est parce qu’il est Noir ou s’il a fait cela c’est parce qu’il est Blanc, etc.). Il n’y a vraiment que les faibles d’esprit ou de pauvres naïf pour croire que le racisme et l’esclavage est seulement l’apanage de « méchants blancs » envers de « gentils noirs ». Tous le monde a fait du business criminel. Message à tous les crétins simplificateurs : la haine et la bonté n’ont pas de couleur.
Sylvain Métafiot
18:51 Publié dans Littérature | Tags : esclavage, traite, arabes, blancs, noirs, africains, esclaves | Lien permanent | Commentaires (0)










